Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2009
Durée : 1h25
Synopsis : Dans un monde où un terrible virus a contaminé la population, un couple en fuite tente de trouver une zone où se réfugier. Pris au piège par des créatures sanguinaires, Marco et Sonia vont devoir lutter pour leur survie.
La critique :
Evidemment, le grand retour du cinéma d'horreur dans les années 2000 avec sa pléthore de remakes et de tortures porn inspire notre cinéma hexagonal. Alexandre Aja, le film d'Alexandre Arcady, est le premier à exploiter le filon avec Haute Tension en 2003. Surprise, le long-métrage est presque unanimement plébiscité par les critiques et les fans du cinéma gore. Clairement, le film n'a pas à rougir de la comparaison avec certaines productions horrifiques américaines.
D'ailleurs, Alexandre Arcady est même repéré par ce petit univers hollywoodien. Il s'ingéniera lui aussi dans la mode des remakes, notamment avec Piranha 3-D (2010), avant de se confire dans les productions impubères (Horns, 2013). Parallèlement, d'autres réalisateurs tentent eux aussi de se démarquer dans le cinéma d'horreur français.
Pari réussi pour Pascal Laugier et son Martyrs (2009) qui provoque le scandale et les quolibets. A l'inverse, d'autres cinéastes se confinent dans les productions ubuesques et racoleuses, à l'image de La Horde (Yannick Dahan, 2009), La Meute (Franck Richard, 2009), ou encore Humains (Jean-Pierre Thévenin, 2008). Leurs références ? Toujours la même antienne. Principalement Massacre à la Tronçonneuse (le remake de Marcus Nispel), La Colline A Des Yeux (toujours le remake... par ailleurs réalisé par Alexandre Aja) et The Descent (Neil Marchall, 2006).
David Morley vient donc s'ajouter aux inimitiés avec Mutants, sorti en 2009. L'affiche du film martèle péremptoire : "Un mélange entre 28 jours plus tard et La Mouche", soit deux longs-métrages diamétralement opposés.
Autant le dire tout de suite : Mutants ne trompe pas son public sur sa marchandise. Mutants est bien un mélange (assez fuligineux) entre le film de Danny Boyle et celui de David Cronenberg. Visiblement biberonné (si j'ose dire) aux classiques du genre horrifique, David Morley possède d'autres (solides) références, notamment The Thing (John Carpenter, 1982). Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là. Néanmoins, le film se révèle moins décevant que La Horde, La Meute et Humains, précédemment cités.
En résumé, bien qu'il soit très différent dans sa tonalité, Mutants se rapproche davantage de Vertige, un autre film d'horreur français réalisé par Abel Ferry en 2009.
Certes, les deux films ne jouent pas dans la même cour que les grosses productions hollywoodiennes.
Hélas, malgré une certaine ambition, les deux longs-métrages ne parviennent jamais (ou trop rarement) à susciter l'adhésion. Dans le cas de Mutants, David Morley se contente de citer ses illustres références. Guère plus. Certes, il s'agit du tout premier long-métrage du réalisateur. Toutefois, on ne retiendra pas grand-chose de cette petite production impécunière. La distribution du film réunit Hélène de Fougerolles, Francis Renaud, Dida Diafat, Marie Sohnat-Condé et Nicolas Briançon.
Faute de moyens, David Morley doit composer et bricoler avec un casting réduit à quia et à une petite poignée de protagonistes. Attention, SPOILERS ! Un virus d'origine inconnue a décimé la quasi totalité de la population mondiale. Seuls quelques survivants subsistent. Marc et Sonia ont réchappé miraculeusement à l'épidémie.
Par chance, Sonia est même immunisée. Les deux tourteraux apprennent l'existence d'une base militaire. Leur seule chance de survie. Poursuivis par des créatures, Sonia et Marc trouvent refuge dans un hôpital abandonné. Hélas, Marc est mordu par une sorte de zombie complètement dégénéré. Très vite, le trentenaire se transmute en une abominable créature. Présenté au Festival de Gerardmer en 2009, Mutants n'a pas spécialement provoqué l'enthousiasme des spectateurs.
Pourtant, les vingt premières minutes du film font vaguement illusion. David Morley nous entraîne dans une sorte de road movie oppressif. Un virus, un trio de survivants, puis l'un d'entre eux qui meurt sous les crocs acérés d'un mort-vivant... Visiblement, David Morley a de la suite dans les idées. Surtout, il montre une certaine maîtrise et technicité derrière la caméra.
Puis, une fois passées les hostilités, Mutants perd promptement de sa puissance frénétique. Le long-métrage se transmute en huis clos anxiogène. David Morley nous parle alors de mutation et de ses corollaires, dans la grande tradition de La Mouche. Hélas, David Morley n'est pas David Cronenberg. Toute cette partie claustrophobique devient vite superflue. Surtout, le scénario reste beaucoup trop prévisible. Ensuite, on se fout royalement du couple formé par Francis Renaud et Hélène de Fougerolles. Si l'acteur s'en tire avec les honneurs, sa partenaire se révèle beaucoup moins éloquente.
Puis, alors que le film s'enlise dans une certaine redondance, David Morley relance les inimitiés par toute une série d'attaques sanglantes. Sur ce dernier point, Mutants se montre plutôt généreux. Curieux que le long-métrage soit seulement interdit aux moins de 12 ans. Toutefois, rien de bien choquant non plus. Trop classique dans sa narration, trop timoré dans son interprétation (à l'exception de Francis Renaud), Mutants se contente uniquement de citer ses références.
Il manque à cette production hexagonale une petite touche personnelle. A aucun moment, le film ne parvient à transcender son sujet ni son scénario, encore une fois famélique. Bref, Mutants est le digne représentant d'un cinéma français moribond. Pas forcément nul, plutôt correct par ailleurs, mais sans réel intérêt. Que dire de plus ???
Note : 09/20