[CRITIQUE] Juste la fin du monde (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Xavier Dolan


Avec :
Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux


Sortie : 
21 septembre 2016 


Durée:
 1h35


Budget: /


Distributeur : 
Diaphana Distribution


3D:
Oui
Non

Synopsis : « Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, le film raconte l’après-midi en famille d’un jeune auteur qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine; « 

2.5/5

Le dernier passage de Xavier Dolan à Cannes avait laissé des traces dans tous les esprits. Le fabuleux Mommy avait été acclamé, applaudi, et le réalisateur venait certainement de connaitre sa plus grande heure de gloire. Retour aux sources, puisque en cette année 2016, il revient au Festival avec Juste la fin du monde. Ce dernier fait partie des films les plus attendus sur la Croisette. Après plusieurs heures d’attentes et une projection ajoutée à la dernière minute dans une petite salle du Grand Palais de Cannes, nos rédacteurs peuvent désormais se prononcer sur ce qui devait être une des claques du Festival de Cannes. Finalement, à la première projection, le film sera hué. Réaction excessive de la part de la presse face à ce nouveau film de Xavier Dolan.

Tout d’abord, il est absolument nécessaire de savoir que les textes du film sont tout droit tirés de la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, éponyme au titre de Dolan. Grâce à cela, on peut se dire que le réalisateur se retire déjà une belle épine du pied. Sauf que le texte choisi est on ne peut plus difficile à adapter à l’écran. Que cela soit au théâtre comme au cinéma, les dialogues et les monologues sont particuliers dans leur style et exigent des prestations de haut niveau pour ne pas passer à côté de l’intention voulue par Jean-Luc Lagarce. Sans cesse, les mots se croient, les phrases sont hésitantes. On les commence, on les arrête, puis on les recommence pour mieux formuler. Un brouhaha de lettres qu’il faut remettre dans l’ordre pour pouvoir en apprécier chaque valeur. Pari tenu pour Xavier Dolan ! Il se lance le défi, qui plus est sur un laps de temps de tournage très court.

En quelques mois, le réalisateur annonce, tourne, et sort son film. Hop hop hop, n’est-ce pas un tout petit peu rapide ? « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! ». La réalisation de Juste la fin du monde relativement simple. Des gros plans, toujours des gros plans. Mais c’est un parti prix dont le réalisateur est fier. Grâce à cette facilité technique, le spectateur oublie l’environnement des personnages pour mieux se concentrer sur leur personnalité. Ces gros plans sont un moyen très efficace de se focaliser sur l’identité très particulière de chacun des protagonistes. Il est important tout au long du film de connaitre ces caractères très particuliers. Tous plus ou moins volubiles, plus ou moins hystériques, ils sont le cœur de la pièce.

Les mots de Jean-Luc Lagarce prononcés par chacun des personnages n’ont grossièrement aucun intérêt en soi. Ce qui importe dans Juste la fin du monde, c’est ce qui n’est pas dit. Ce que les protagonistes veulent dire, par leur silence, par leur hésitation, par leur manière de s’exprimer. Ainsi, la manière de Dolan pour filmer ces acteurs est tout à fait justifier pour mettre cela à l’écran. Comme le dit le réalisateur lui-même à la conférence de presse tenue à Cannes « C’est une histoire qui passe par l’humain ». Il est assez intéressant du point de vue du spectateur d’assister à ce défilé de visage plein écran. Perturbant mais captivant. Le montage est souvent rapide, variant d’un personnage un autre, tenant un rythme concentré et dynamique. Mais la chute est d’autant plus rude lorsqu’un monologue se met en place. La longueur s’installe d’un coup et prend une place considérable. Du Lagarce cash, ça endort. Et chaque protagoniste à sa part du gâteau. Les longueurs se multiplient, pour du rien, pour des mots face auxquels on perd complètement le fil.

Finalement, Juste la fin du monde est passable. Il faut oublier Mommy, ou tout du moins écarter sa quasi-perfection pour apprécier cette adaptation du texte de Jean-Luc Lagarde. Dans les couloirs du Festival de Cannes, tout se dit. Certains préfèrent Tom à la ferme à Juste la fin du monde (qui était déjà une adaptation de pièce de théâtre), pour d’autres, c’est l’inverse. Encore un film qui divise la Croisette ! Cela est dû à une réalisation simple, mais assumée ainsi. À un texte indélicat dont il faut saisir la nuance pour en apprécier la globalité. Et à un casting survolté, hystérique. Soit on accroche, soit on lâche prise face à ces dialogues sourds mais gueulards. Juste la fin du monde n’est ni très bon, ni très mauvais. On manque clairement d’empathie pour les personnages. Le spectateur n’a pas de quoi être subjugué par la mise en scène, mais il n’y a pas de quoi la détester. Le film est inégal sur ces différents points.

Juste la fin du monde est correct. Intense mais sans grande ambition, il n’entache en tout cas pas le joli palmarès de Xavier Dolan.