Réalisé par : Michael Dudok de Wit
Avec : /
Sortie : 20 juillet 2016
Durée: 1h10min
Distributeur : Wild Bunch Distribution
3D: Oui – Non
Synopsis : « Les grandes étapes de la vie d’un être humain à travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux. «
4/5
Comment dire autant, avec si peu ? Sans dialogue, avec une animation extrêmement épurée, La Tortue Rouge transmet des dizaines de bonnes choses à son spectateur. Du message engagé à la simple proposition d’amour, ce nouveau film de Michael Dudok de Wit, des Studios Ghibli est une pure merveille. Au sens propre du terme. La Tortue Rouge vous emmènera sur son dos à travers 1h10 de poésie et de bonheur.
Le point de départ n’est pourtant pas palpitant. Un naufragé, une plage et … une tortue ? On a vu plus excitant pour rameuter vos petites jambes dans les salles obscures. Mais La Tortue Rouge n’a pas l’intention de s’arrêter à ce simple scénario. A travers ce nouveau film, le spectateur entre dans un véritable monde du rêve et de l’imaginaire. Laissez vos problèmes d’adulte aux guichets du cinéma. Il est temps de venir profiter et de se laisser entrainer dans les courants d’un océan mené avec passion par Michael Dudok de Wit.
La Tortue Rouge regorge de tendresse et de douceur. Souvenirs de Marnie avait cette beauté, tout comme Le Château dans le Ciel. Mais la simplicité de la réalisation de Michael Dudok de Wit apporte une légèreté qui fait littéralement du bien à l’esprit. Fermer les yeux et écouter un de vos poèmes préférés pourrait être l’image la plus parlante pour décrire la proposition faite par La Tortue Rouge. Les muscles se décontractent, le public plane, il rêve.
Les images sont de simples étendues de couleurs, mélodieuses et accueillantes, comme si la nature n’était que pureté. Du bleu pour l’eau et le ciel, du jaune pour le sable. Par-dessus, un personnage, tout aussi fasciné que nous par ce qu’il voit. Comme pour lui, les paysages nous semblent démesurés et d’une beauté époustouflante. Il est aussi difficile de s’empêcher de penser Au Petit Prince de Mark Osborne également découvert lors de la 68ème édition du Festival de Cannes. L’effet « papier » crée un aspect un peu vieillot, authentique, qui donne un charme fou à cette réalisation. Chaque élément de la nature est exposé dans sa plus grande simplicité et sa plus belle élévation. Le soleil rayonne. Combinée à l’eau, la grosse boule de feu acquière un aspect divin. Lorsque le protagoniste est dans l’eau, accompagné ou non du fameux animal à carapace, il est semblable à un ange. On le voit nager, presque naturellement, comme un oiseau qui aurait toujours volé. L’eau. Dans La Tortue Rouge, cet élément est personnifié avec la plus belle des élégances. Quasiment toujours en mouvement, l’eau ressemble à une danseuse. Porté par ses mouvements, le public se laisse saisir et la regarde avec amour et fascination. Lorsqu’elle ne possède pas la place de séductrice, l’eau est dévastatrice. Pluie et orage, elle impose parfois sa loi face à ce naufragé. Même dans ces instants, elle reste belle et telle une grande dame, il ne conviendrait que de s’incliner devant elle.
Certaines scènes sont à la limite d’être magiques. En tout cas, elles sont ensorcelantes. On assiste à la cohabitation entre un homme et une nature plus vivante que jamais. Sans aucune parole, les messages entre les différents personnages sont très clairs y compris pour le public. La force de la nature est transcendante. Michael Dudok de Wit met beaucoup d’émotions pour la rendre aussi touchante et évocatrice qu’un protagoniste physique. La réussite est absolue.
Vous rappelez-vous de L’Odyssée de Pi, film proposé par Ang Lee ? Il est inévitable de devoir faire une comparaison entre cette parfaite réalisation et La Tortue Rouge au niveau des couleurs utilisées par les réalisateurs respectifs. Les pigments sont purs, doux et parfois clinquants comme pour mettre en avant la supériorité originelle des éléments naturels.
La Tortue Rouge est une douce claque visuelle et poétique. De l’animation comme on en voit désormais rarement.