D’après les nouvelles d’Alice MunroeJulieta a la cinquantaine. Elle s’apprête à quitter Madrid quand la rencontre avec Béa, l’amie d’enfance de sa fille la fait renoncer.Elle entame un long retour en arrière jusqu’avant la naissance d’Antia, sa fille.Tout d’abord, il y a la langue, l’espagnol, expansif, langoureux et savoureux. Ici, filmées au plus près, les femmes de cet Almodovar sont loin des exubérantes de Talons aiguilles, pour ne citer qu’elles. Douloureux souvenirs incompréhensibles pour une mère séparée de sa fille.Tout est soigné ici, les vêtements d’Emma Suarez, fluides et longs et ceux, plus serrés de la jeune Julieta, Adriana Ugarte.Deux actrices pour un rôle qu’Almodovar substitue habilement.Avant tout, c’est bien entendu une histoire de femmes. L’homme est celui qu’on aime, qui blesse, charmeur et qui reste en dehors du chagrin.Julieta, femme centrale, est celle autour de laquelle les autres tournent, à commencer par sa fille, Antia, l’amie de cette dernière, Béa, la sculptrice, Ava et la sombre Marian aux buts obscurs avec la toujours surprenante Rossy de Palma.La souffrance, l’héritage, la transmission mais aussi l’absence, la culpabilité et la rédemption sont au cœur de ce film qui, une fois de plus, met la femme au centre de la vie, magnifiée par Almodovar.Tout y est, des plans soignés par un cadrage étudiés dans des décors choisis avec soin, où l’éclairage rend compte de l’humeur de Julieta jusqu'aux dialogues, au plus justes.Comme on est presque en huis-clos comme souvent chez Almodovar, je n’ai pas ressenti l’oppression qu’il y a d’ordinaire dans ce cas. Huis-clos, conscience de Julieta où sont emprisonnés ses secrets et sa culpabilité. Grâce aux flash-back habilement mêlés, l’histoire coule et roule sans que je vois le temps passer jusqu’à la fin.Un Almodovar réussi !