De: Nat Fixon et Jim Rash.
Avec: Liam James ( 2012, Killing), Sam Rockwell ( Moon, Choke), Toni Colette ( Muriel, Little Miss Sunshine), Steve Carell ( Little Miss Sunshine, Foxcatcher), Allison Janney ( A la maison blanche, Moon).
Synopsis Allociné: Pour Duncan, jeune garçon renfermé et mal dans sa peau, l’été ne s’annonçait pas terrible, coincé entre sa mère, Pam, le compagnon très autoritaire de celle-ci, Trent, et sa fille Steph. Mais heureusement, il y a aussi Owen, le directeur du parc de loisirs Water Wizz. Grâce à son amitié pleine de surprises et de spontanéité, Duncan va peu à peu s’ouvrir aux autres. Cet été-là, Duncan ne l’oubliera jamais…
* * *
Au détour d’une conversation sur Sam Rockwell sur Sens Critique , un internaute m’avait conseillé en autre chose The way way back. Film indépendant dans la lignée de Little Miss Sunshine et Juno ( produit par ces derniers) et réalisé par les scénaristes du touchant The Descendants ( dont je vous conseille le roman dont le film est tiré).
The way way back a connu un joli succès aux États-Unis rentrant dans ses frais dès la première semaine d’exploitation. Il s’est fait aussi connaitre dans les festivals dont le très célèbre festival de Sundance où encore une fois il fut remarqué. Malheureusement, en France le film fut boudé sans doute dû au fait qu’il était peu ou/et mal distribué dans nos salles. Ce qui excessivement dommage tant le film est excellent et tant c’est le genre de cinéma qu’il faut encourager, valoriser.
Je ne compte plus les films que j’ai ratés comme ça car ils étaient prétendument no bankable. Quand on voit la salve de remakes, de préquels je trouve cela particulièrement ironique. Heureusement qu’il y a des festivals comme celui de Sundance ou de Toronto qui permet de faire connaitre des « petits » films comme celui-ci. Sans oublier des acteurs et des actrices qui s’engagent aussi à leurs façons pour faire connaitre un autre cinéma, un cinéma moins hollywoodien. Steve Carell, Toni Colette et Sam Rockwell en connaissent un rayon tant ils sont habitués du genre.
Je me suis rendue compte depuis quelques temps déjà que le cinéma connaissait une baisse de qualité. Manque d’originalité, papier glacé, clichés et caricatures à gogo. Il y a une certaine volonté aussi de mettre en avant des actrices et des acteurs toujours plus jeunes alors qu’ils sont censés incarner des personnes de 40 ans. Et, je ne vous parle même pas d’un autre genre d’effets spéciaux tant c’est l’overdose. Difficile dans ces conditions de se sentir proche et conquis par ce genre d’histoire.
The way way back fait partie de ses trop rares exceptions où je retrouve l’essence même du cinéma. Celui qui me touche, qui me fait rire et qui m’émeut à l’instar de Laggies. Les » petits » combats intérieurs menés par l’ensemble des personnages ont trouvé écho en moi. Je me suis souvent dit ceci: » Ça pourrait être moi » ou dans une autre mesure » C’était moi ». Surtout Duncan, le héros mal dans sa peau. Un héros en quête de sens, de foyer et d’amour. Il veut trouver sa place mais difficile auprès d’un beau-père autoritaire qui ne semble pas retenir les leçons du passé.
Il faut dire que si le film traite de la crise d’adolescence il parle aussi de la difficulté d’être adulte, d’être parent. Ces derniers comme le dit AnnaSophia Robb ( génial de la revoir) se permettent le temps d’un été un véritable spring break où tous les excès et les espoirs sont permis. Comme si chacun d’entre eux avait envie de rattraper les années perdues, de réécrire l’histoire d’en inventer une autre le temps d’un été où il n’y aurait ni divorce ni amertume ni solitude. Juste de l’alcool, des joints, une bande d’amis et un bon feu de camps.
On a souvent l’impression d’ailleurs que les rôles sont inversés. Quand les enfants auraient besoin d’être rassurés, les adultes sont en pleine crise existentielles. Eux-mêmes incapables de faire face à leurs responsabilités; aveugles à la propre souffrance de leurs enfants. La maman de Duncan en est l’exemple parfait. Sa peur de se retrouver une nouvelle fois seule prime sur le bien-être de son fils et sur le sien. Et que dire, de la foldingue de voisine incarnée par Allison Janney qui boit toute la journée et parle sans discontinuer sans doute pour oublier que son mari l’a quitté pour un homme.
Et, il y a Owen le grand enfant porté à l’écran par le génialissime Sam Rockwell. Ce dernier est employé dans un parc aquatique durant tout l’été. Adulescent par excellence, l’homme ne semble pas presser de grandir ni à faire face à certaines responsabilités. Pourtant, c’est lui qui va prendre sous son aile le jeune Duncan. Owen va offrir à ce dernier une parenthèse enchantée , un bulle où on se sent aimé et protégé. Un endroit où la porte sera toujours ouverte à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Ensemble et puis c’est tout !
Je disais plus haut que les adultes étaient particulièrement à côté de la plaque; et donc, les enfants matures avant l’heure. C’est aussi peut-être un constat de notre société actuelle, ses conséquences. Nos grands-parents n’ont pas eu la même vie que nos parents et nous ne connaitrons pas celle qu’on connu nos parents. Le contexte social économique tendu a des incidences sur la vie familiale; les mariages durent moins qu’avant. On n’hésite plus à divorcer enfant ou pas, les couples sont moins enclins à faire des concessions sur le long terme. Il y a aussi cette volonté de se détacher de l’éducation de ses parents, de vouloir autre chose pour ses propres enfants. On veut mieux pour eux mais la réalité peut parfois nous rattraper même si nous sommes habités par les meilleures intentions.
The way way back est donc un réflexion sur les rapports que nous entretenons avec nos enfants et nos parents. Sur la difficulté de ses rapports, et leur incidence sur notre parcours de vie. Avec un souci de réalisme étonnant dont une caméra qui ne pardonne pas notamment les rides des uns et des autres, les mines harassés et tourmentés d’adultes et d’adolescents qui comme nous rêvent et ont rêvé d’un été qui pourrait tout changer.