The Human Centipede 2 - Full Séquence (Chenille transgressive)

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année : 2011
Durée : 1h31

L'histoire : Martin est un quarantenaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film "The Human Centipede". Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heiter dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l'anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde.

La critique :

En l'espace de quelques années, Tom Six est devenu le nouveau trublion du cinéma horrifique. En 2009, il réalise The Human Centipede : First Sequence, qui fait l'effet d'une bombe dans le cinéma gore et extrême. Les fans glosent et jubilent. Ils tiennent la nouvelle référence trash à travers cette histoire pittoresque d'une chenille humaine, composée d'un homme et de deux femmes, reliés les uns les autres de la bouche à l'anus. Cette nouvelle curiosité scientifique est le fruit des expérimentations du Docteur Heiter.
Ce scientifique des temps modernes vient de créer un seul et même tube digestif à partir de trois cobayes humains. The Human Centipede provoque nûment les foudres et les avanies de la critique et de la presse cinéma. Tom Six s'esclaffe. Lui qui a toujours louangé le cinéma de Pier Paolo Pasolini, en particulier Salo ou les 120 Journées de Sodome, vient de rejoindre son modèle parmi les réalisateurs polémiques.

Hélas, la comparaison avec Pasolini s'arrête bien là. Tom Six a d'ores et déjà annoncé une trilogie. En 2011, il réalise un second chapitre, The Human Centipede 2 : Full Sequence. A nouveau, le long-métrage suscite les anathèmes et les quolibets. Pis, le film écope d'une interdiction aux moins de 18 ans et est même banni au Royaume-Uni. Tom Six se gausse de ses contempteurs.
A l'instar du premier épisode, The Human Centipede 2 recueille des critiques unanimement négatives. Or, ce second opus est conçu par le cinéaste comme une vaste gaudriole. Selon les propres mots de Tom Six, le long-métrage est la réponse au buzz provoqué par le premier film. Par conséquent, le scénario est volontairement pittoresque. Attention, SPOILERS ! Martin est un quarantenaire handicapé mental fasciné et obsédé par le film "The Human Centipede".

Il cherche à créer à sa manière le fruit de la création entrepris par le Docteur Heiter dans le film original. Son objectif est de faire un mille-pattes avec douze personnes, toutes reliées de la tête à l'anus pour ainsi créer le plus long tube digestif au monde. Alors, The Human Centipede 2 est-il la catastrophe annoncée ? La réponse est hélas positive. Certes, Tom Six a le mérite de réaliser une suite très différente de son prédécesseur. Là où le premier chapitre s'apparentait à une sorte de variation du nazisme, avec ce médicastre digne héritier du Docteur Mengele, The Human Centipede 2 est conçu comme une pellicule volontairement transgressive.
Une sorte de diatribe goguenarde contre les critiques, l'univers hollywoodien et une presse infatuée. Dès lors, difficile de prendre ce second volet au sérieux.

A l'image de sa star principale, un certain Laurence R. Harvey, qui interprète Martin, un homme ventripotent et de petite taille, régulièrement gourmandé et rudoyé par son proche entourage. Ainsi, la première partie de The Human Centipede 2 se concentre sur le quotidien de ce quidam aux incroyables rotondités. L'homme mène une vie fastidieuse mais voue une véritable fascination pour le film "The Human Centipede" (je renvoie au synopsis). Pis, Martin se masturbe régulièrement devant la chenille humaine du film. Hormis ses activités onaniques, il caresse l'espoir de créer à son tour une créature du même acabit, cette fois-ci composée d'une douzaine de personnes.
C'est la seconde partie du long-métrage. Martin assaille à la fois des hommes et des femmes. 

Par la même occasion, il se venge de ceux et de celles qui l'ont semoncé par le passé. Enfermées dans une sorte de hangard en déshérence, les victimes gémissent et dépérissent. Dès lors, le long-métrage accumule les séquences les plus outrancières. A l'image de cette parturiente qui décède sous les coups de son agresseur. Puis, c'est au tour d'un couple d'être assailli par Martin sous les yeux ébaubis de leur jeune progéniture. Clairement, Tom Six ne nous épargne rien.
Au passage, on se demande aussi pourquoi le réalisateur a décidé de tourner en noir et blanc, sans doute pour conférer une imagerie vespérale à ce second chapitre. Puis, dans sa troisième et dernière partie, The Human Centipede 2 sombre définitivement dans une ambiance graveleuse et licencieuse.

Gavée par son nouveau maître despotique, la chenille émet tout un fatras de pestilences. A nouveau excité, Martin copule carrément avec l'animal humain. Derechef, Tom Six poursuit ses insanités avec toute une série d'éviscérations, d'hurlements, de tintinnabulations et de séquences peu ragoûtantes. Finalement, la première partie du film, assez longuette et emphatique par ailleurs, demeure la plus intéressante. Dès l'apparition de sa chenille humaine, le film accumule les maladresses et les scènes les plus outrancières.
A tel point que l'on se demande quel est le véritable intérêt de ce second opus, si ce n'est de poindre ce doigt d'honneur dressé par un Tom Six revanchard contre ses contempteurs. Visiblement, le cinéaste a des comptes à régler avec la presse. Mais pourquoi diable le faire à travers un film, qui plus est, un second épisode abscons, prosaïque et amphigourique ?
Telle est la question qui se pose en filigrane lors du générique de fin. Que les critiques se rassurent. Tom Six se dévoiera à nouveau avec The Human Centipede 3 (Final Sequence) en 2015.

Côte : Navet

 Alice In Oliver