Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.
Puissant, dérangeant, envoûtant, subversif… comme toujours, Paul Verhoeven sait provoquer malaise et fascination. Un talent qu’il met au service d’Elle, l’adaptation du roman non moins sulfureux Oh… de Philippe Djian, prix Interallié en 2012 qui fut matière à controverse.
Dans ce thriller passionnant, le cinéaste frôle habilement le malsain, pratique l’art de la provocation, et questionne les limites de la transgression. Un scénario finement ciselé, une mise en scène savamment maîtrisée, un suspense redoutable, des dialogues cinglants, une écriture jubilatoire, et surtout une interprète magistrale. Car qui d’autre qu’Isabelle Huppert pouvait incarner l’ambiguïté et donner à vie à ce personnage de papier, glaçant, mystérieux, implacable ?
Entourée d’un casting sans fausse note, la grande Huppert est parfaite en dominatrice-dominée qui distribue les cartes d’une main de fer au petit monde qui l’entoure.
Et bien qu’il en soit reparti bredouille, Elle est l’un des rares films à avoir eu toute sa place en compétition du dernier festival de Cannes. Un film déroutant dont on ressort avec un plaisir coupable.
Interdit aux moins de 12 ans
Sortie le 25 mai 2016.