WARCRAFT : LE COMMENCEMENT vaut-il le coût en 3D ?

Par Le Cinéphile Anonyme @CinephilAnonyme

Devez-vous voir Warcraft : Le Commencement en relief ?

Orc venant de finir la lecture du scénario du film.

Blizzard et la 3D, c’est pas nouveau. Le studio de jeux vidéo nous a gratifié ces dernières années de bandes-annonces pour ses extensions de World of Warcraft en relief, parfois même diffusées au cinéma. C’était une 3D bien maîtrisée, autant dans la profondeur que sur le jaillissement. On ne pouvait donc que se réjouir d’enfiler nos lunettes pour une version de deux heures. A l’heure du bilan, la 3D de Warcraft : Le Commencement est-elle une valeur ajoutée?

Une conversion en profondeur.

Warcraft est une conversion : tourné en 2D, il a été numériquement « gonflé » pour une exploitation en relief. Si cela peut souvent être synonyme de 3D bâclée, ce n’est pas le cas du film de Duncan Jones, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le film est un hybride d’images de synthèse (pour les décors en extérieur, et la plupart des personnages) et d’acteurs humains en chair et en os avec des intérieurs réels. Les images générées par ordinateur (aussi appelées CGI) ne bénéficient pas d’une conversion, il « suffit » à l’animateur de créer une seconde caméra virtuelle et l’effet se crée tout naturellement.

C’est pour cela que les séquences entièrement réalisées en CGI constituent ni plus ni moins que tout ce que l’on attend d’une 3D réussie, surtout au niveau de la profondeur. La scène d’introduction, par exemple, propose un effet vertigineux, avec des panoramas profonds et une clarté dans l’image sur tous les plans. Aucun flou d’arrière-plan ne vient gâcher l’expérience et l’oeil peut se balader dans toute l’image avec un confort naturel.

La 3D est aussi utilisée pour de bonnes idées de mise en scène : elle accentue l’importance des lieux ou des intervenants. Gul’dan, le grand méchant, est présenté pour la première fois en contre-plongée, afin d’appuyer sa prestance. Duncan Jones fait le choix d’exagérer l’intensité de la profondeur à ce moment là, ce qui caractérise Gul’dan comme un personnage écrasant et menaçant. Cette séquence est donc un excellent exemple d’utilisation du relief pour faire passer des émotions via la mise en scène. La même astuce est utilisée pour nous présenter la tour immense du Gardien.

Le reste du film, la profondeur est presque tout le temps optimale, même si l’on regrettera de légers flous d’arrière-plan lors de scènes de discussions entre des acteurs réels. En revanche, pour la profondeur du scénario, ils n’ont rien pu faire.

La profondeur est parfaite sur cette séquence.

Des jaillissements malheureusement en retrait.

Avec une profondeur aussi bonne, des flous d’arrière-plan presque inexistants, il ne manquait que de bons jaillissements pour compléter le tableau. Comme vous vous en doutez, c’est une énorme déception de ce côté là. Alors que le film offre à de multiples reprises l’occasion de sortir le bout du nez de l’écran de projection, il ne le fera qu’en de trop rares occasions.

Ce ne sont pourtant pas les scènes impressionnantes qui manquent. Comme tout blockbuster, le film nous gratifie de scènes d’actions premium et choisit de ne pas utiliser de caméra à l’épaule, ce qui est parfaitement compatible avec le relief. Pourtant, rien ou presque ne nous arrivera à la figure. On notera le canon d’une arme directement pointé vers le spectateur pendant plusieurs secondes en début de film, suivi d’un plan à l’intérieur du canon, qui mêle jaillissement et bonne profondeur. C’est l’effet le plus impressionnant du film en relief, et c’est aussi (à ma connaissance) une première en 3D. On notera aussi des plans au ras du sol, qui viendra s’étendre assez près du spectateur pendant le dernier affrontement. Le spectateur averti remarquera de très légers effets de particules en faible jaillissement, de même pour les débris de bois ou de terre pendant les scènes d’action, mais rien d’impressionnant.

Les sous-titres ont aussi été intégrés pour ne pas gêner le relief : lorsque certains orcs parlent leur langue maternelle, les sous-titres français se placent de manière à ne pas entrer en conflit avec les personnages au premier plan. Nos yeux vous remercient.

Mais ne vous en faites pas, au lieu de jaillissement, le film prend le soin de vous balancer des incohérences à la figure, c’est toujours ça de pris. (smiley dépressif).

Un des rares effets de jaillissement réussis. – A l’arrière plan, une démonstration de charisme.

Alors, on fait WOW ?

Avec une profondeur parfaite et des jaillissements timides, difficile de porter un jugement objectif sur le relief que nous propose Warcraft : Le Commencement. Tout dépendra de ce que le spectateur attend de la 3D.

D’un côté, le cruel manque de jaillissement donnera le sentiment au spectateur de ne pas avoir « vu » la 3D, et en ressortira avec un avis plutôt défavorable. D’un autre côté, l’immersion procurée par la profondeur est indéniable, et elle sert aussi la mise en scène, donc dans l’absolu, difficile de déconseiller le visionnage du film en relief.

Ne serait-ce que pour rendre hommage au travail colossal des équipes d’animateurs, et des artistes qui ont composé chaque plan pour donner vie à cet univers dense qu’est celui de Warcraft, voir le film en 3D est conseillé. De toute façon, seules les images vous laisseront un bon souvenir…

Réalisé par Duncan Jones, avec Travis Fummel, Paula Patton, Ben Foster…

Sortie le 25 mai 2016.

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