Elle de Paul Verhoeven : Entre drôlerie et malaise

Par Kinocinéblog @amauryfoucart
Après dix ans d'absence, Paul Verhoeven, auquel nous devons des films cultes comme Total Recall, Basic Instinct ou Starship Troopers, surprend tout le monde en choisissant d'adapter en français un roman de Philippe Djian joliment intitulé « Oh... ». Acclamé par la critique lors de sa présentation au Festival de Cannes, le long-métrage est à l'image du cinéaste hollandais, grinçant et provocateur !

Date de sortie : 25 mai 2016Réalisation, scénario : Paul VerhoevenGenre : Drame, thrillerNationalité : Français, allemand
Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

Isabelle Huppert


Si aux premiers abords, Elle semble réunir tous les archétypes du cinéma d'auteur français, de sa mise en scène sobre jusqu'à ses personnages un poil caricaturaux, en passant par le jeu très particulier de ses comédiens, le film nous réserve cependant bien des surprises, à commencer par un ton humoristique extrêmement corrosif et en profond décalage avec la lourdeur de son sujet (il est quand même question de viols, de manipulations, de frustrations sexuelles...). Une nouvelle fois, Paul Verhoeven s'empare d'un genre et, pour notre plus grand plaisir, le teinte d'une ironie ravageuse.
Néanmoins, j'apporterais un léger bémol quant à l'extrême prévisibilité du scénario. On ne va pas se mentir, on voit arriver certains retournements à des kilomètres et l’identité du violeur s'avère tout de même très facile à deviner. Mais ce n'est pas bien grave, car Verhoeven  parvient malgré tout à nous surprendre par le biais de quelques scènes étonnantes, tantôt hilarantes, tantôt troublantes, ou les deux à la fois par moments. Doit-on rire ou hurler ? Est-ce une comédie subversive ou un thriller érotique ? Là aussi, nous sommes tentés de mélanger les deux.
Isabelle Huppert incarne à la perfection cette ambiguïté perverse, l'état de détachement et les névroses psychologiques de son personnage fascinent constamment, elle est tout simplement formidable dans ce rôle ! En somme, voilà une oeuvre aussi dérangeante que jubilatoire, qui marque une entrée fracassante de Paul Verhoeven dans le cinéma français et dont il serait regrettable de passer à côté.
Note: