[CRITIQUE] – The Last Face (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Sean Penn


Avec :
Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos


Sortie :
Prochainement


Durée:
2h11min


Distributeur :
Mars Films

Synopsis : « Au Libéria, ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon, médecin humanitaire et le docteur Wren Petersen, directrice d’une ONG, tombent passionnément amoureux l’un de l’autre. S’ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n’en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage. Ils devront surmonter leurs clivages et le chaos qui menace d’emporter le pays tout entier – sous peine de voir leur amour voler en éclats ; »

3/5

Il est le film le plus critiqué de ce 69e Festival de Cannes. Hué sans gêne de la part des journalistes s’en donnant à cœur joie, The Last Face est la réalisation la plus mal notée depuis ces treize dernières années sur la Croisette. Un véritable échec pour Sean Penn, pourtant habitué au succès avec des films tels que Into the Wild ou Crossing Guard, ou encore comme acteur dans L’Impasse ou La Dernière Marche. A priori, notre équipe fait partie des seuls à avoir bien aimé The Last Face. (Et Luc Besson aussi ! On est donc au moins deux.)

Alors disons-le tout de suite, oui, il y a des passages absolument ridicules dans le dernier Sean Penn. Là-dessus, Pulp Movies (coucou c’est nous) est d’accord avec l’avis général. La première phrase du film, l’entrée en scène, est presque digne d’une comédie. Ceci dit, loin d’atteindre l’effet désiré par le réalisateur, on peut au moins dire que le public est détendu après cette mise en route si risible. Des citations d’amour trouvées sur Google seraient parfois même moins absurdes et ringardes. Ce genre d’erreur grotesque et presque honteuse se déroule plusieurs fois pendant le film. Si on accepte d’en rire plutôt qu’en pleurer, ces pitreries involontaires sont vite oubliées.

The Last Face suit le parcours d’une fraîche idylle se développant dans un cadre de guerre. Le film a deux facettes. Elles ne sont pas toujours compatibles. Parfois, au contraire, le résultat est bon. C’est du tout ou rien. Le cadre dans lequel évolue les deux personnages principaux, joués par Javier Bardem et Charlize Theron est très intéressant. Il est assez saisissant de voir de quelle manière les ONG progressent dans des milieux en conflit. Les films sur la guerre se concentrent souvent sur les militaires eux-mêmes. Il est bon de traiter ces belligérances avec un nouveau point de vue, en suivant un autre genre de personnel présent sur les terres en lutte. Les séquences d’action sur le terrain, lors des interventions de ces ONG sont plutôt bien rythmées et bien montées. De plus, la musique donne une atmosphère très tendue dans laquelle le public sait que chaque minute, chaque geste des médecins des ONG compte. La bande originale du film, point positif de The Last Face, est en fait dirigée par le grand Hans Zimmer. Ceci explique cela. La musique mêlée à cette cadence enragée donnent à ces scènes une puissance toute particulière dans lesquelles sont rappelés les enjeux humains et surtout humanitaires en temps de conflit. Il est même possible d’en oublier le côté romanesque et mielleux de l’histoire d’amour initiale. Sean Penn aurait gagné son temps à se concentrer uniquement sur l’aspect humanitaire en temps de guerre. Il aurait encore mieux pu exposer le travail difficile mené par les ONG ainsi que les barrières auxquelles ces organisations sont souvent confrontées malgré leurs actions pacifiques. Il valait mieux développer tous ces sujets plutôt que d’aller se perdre dans une romance dont clairement, on se fiche dans un cadre si conflictuel et incontrôlable. Pourtant, cette love story, racontée hors des conflits, dans un autre cadre ou tout simplement dans un film qui lui serait uniquement dédié, aurait pu être poignante. Cet amour est bien narré au spectateur.

On se prend à croire en l’avenir de ce couple. « La vie est dure, il faut la partager avec quelqu’un » nous dit-on dans The Last Face. Cette citation résume assez bien la sensation de soutien moral qu’apporte chacun des deux personnages à l’autre dans cette romance. Ils ont l’air fusionnels très rapidement malgré les difficultés de ce qui peut les entourer. Si on se laisse prendre, on est pris. Malheureusement, certaines séquences entre les deux protagonistes sont interminables. Les voir se dévorer des yeux en devient presque gênant, notamment lorsque ces instants n’ont absolument aucune utilité pour le spectateur.

De plus, les intentions du réalisateur ne sont pas claires quant aux choix de certaines techniques utilisées pendant le film. C’est le cas de transitions souvent mal placées, de passages de l’idylle à la guerre souvent trop rude, mais surtout de pas mal de flous complètement injustifiés. En plus de pouvoir perturber le public, ces choix cinématographiques peuvent être déstabilisant d’un point de vue chronologique. Le mélange des deux histoires est parfois mal soudé, mal raccordé. Au lieu de captiver l’attention, c’est lourd. La fluidité globale de The Last Face est parfois presque cassée.

Sean Penn s’en sort globalement bien. Les conditions des ONG en zone de conflit est saisissante. L’histoire d’amour est plutôt réussie. La combinaison des deux reste imparfaite.