Les Héritiers du Dr Mengele (Guerre bactériologique et psychologique)

Par Olivier Walmacq

Genre : documentaire 
Année : 2010
Durée : 1h30

Synopsis : Camps, cobayes humains, expériences médicales : Josef Mengele, médecin tortionnaire surnommé "l'ange de la mort", qui sévit notamment à Auschwitz et ne fut jamais puni pour ses crimes, a fait des émules moins célèbres que lui. 

La critique :

Joseph Mengele, un autre nom tristement célèbre du régime nazi. Officier allemand, il travaille comme médecin dans le camp de concentration d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre Mondiale. Joseph Mengele se livre alors à plusieurs expérimentations médicales, entre autres génétiques et anthropologiques, sur des Juifs souffrant de nanisme et présentant certaines particularités physiologiques (notamment des sujets atteints d'hétérochromie). Avec l'aide et la participation de plusieurs médicastres, Joseph Mengele pratique surtout des dissections et des vivisections.
Une autre façon de mener la guerre, celle qui doit réduire l'individu à quia, donc à l'état de cobaye et d'animalcule. Après la défaite d'Hitler, Joseph Mengele fuit l'Allemagne pour finalement se réfugier (sous une fausse identité) en Argentine, puis au Paraguay et finalement au Brésil.
Certes, l'ancien tortionnaire est activement recherché par les services secrets. Mais Joseph Mengele échappe à la sentence de la justice. 
Il meurt en 1979. Il est même enterré sous un faux nom. Il faudra attendre 1985 pour que sa dépouille soit enfin exhumée et identifiée. Evidemment, les travaux menés par Joseph Mengele interrogent sur les notions d'éthique et de morale, surtout dans les pratiques médicales. Surtout, ses expérimentations inspirent de nouveaux médicastres, fans du scalpel, de la dissection, de la torture et de la création de nouvelles armes de destruction massive.
Tel est le sujet de ce documentaire choc, justement intitulé Les Héritiers du Dr Mengele, réalisé par Dick Pohlmann en 2010. 
Déjà, quelques années après la Première Guerre Mondiale, un lieutenant Japonais, Shiro Ishii, crée une unité militaire de recherche bactériologique. Son nom ? L'Unité 731 ou le Camp 731. 

Le Japon doit lui aussi se pourvoir de la science moderne, celle qui va permettre l'avènement de la bombe H, avec ses écueils et ses corollaires. L'Unité 731 est essentiellement composée de scientifiques, de médecins, d'infirmières et surtout de prisonniers russes et chinois. Dans ce camp de la mort, on pratique des expérimentations essentiellement bactériologiques avec la propagation du typhus, de la peste et du choléra sur des cobayes humains.
Le but ? Attaquer les Etats-Unis avec une guerre d'un genre nouveau : la guerre virale, celle qui doit éteindre et annihiler une civilisation. Mais au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le gouvernement américain a écho de ses expériences. En 1945, les villes d'Hiroshimo et Nagasaki subissent plusieurs bombardements atomiques.

Le Camp 731 devient alors un sujet tabou. L'existence de cette Unité est curieusement éludée par le gouvernement japonais. Shiro Ishii, pourtant coupable de crimes contre l'Humanité, continue pourtant de gloser et de pérorer sur ses expériences de dissection lors de conférences médicales. Certes, la Seconde Guerre Mondiale s'achève par la victoire des Alliés sur le IIIe Reich. 
Mais la Guerre Froide a déjà débuté en coulisses. Dès lors, certains anciens médecins du régime nazi sont protégés et nullement inquiétés par la Justice. Au contraire. Dans ce contexte de conflit et de belligérance, une nouvelle guerre est analysée et décortiquée par les services secrets, notamment russes et américains. Ce sera la guerre psychologique. Ainsi, de nombreux chercheurs s'attellent à la création de psychothropes. 

Pis, durant la Guerre du Vietnam, le gouvernement américain est nûment accusé d'avoir pratiqué des expériences médicales sur plusieurs escadrons de soldats. Hélas, les dossiers restent "top secret" et condamnés à la confidentialité. Néanmoins, les rumeurs sont de plus en plus prégnantes. C'est par exemple la thèse du film L'Echelle de Jacob (Adrian Lyne, 1990).
La Tchécoslovaquie devient à tour un pays "d'accueil" (si j'ose dire) de ces nouveaux tortionnaires de la science moderne. Le but ? Toujours la même antienne. Jouer à Dieu, atteindre le Complexe d'Icare afin d'assouvir la soif de conquête du monde de certains dictateurs fallacieux. Paradoxalement, la parole commence (tout doucement) à se libérer. Certains praticiens sombrent dans la dépression et la neurasthénie mentale.

Des médecins ayant participé aux exactions menées dans les camps de la mort (goulag, l'Unité 731 et les camps de concentration nazis) témoignent et attestent l'existence de pratiques barbares et sauvages, notamment la réduction crânienne. Aujourd'hui, les soupçons se portent sur la Corée du Nord. Le pays totalitaire serait lui aussi doté de goulags et de camps de la mort.
En revanche, peu voire aucune information ne filtre de ce pays autarcique. Toutefois, le documentaire relate quelques témoignages assez élusifs. Certes, d'anciens prisonniers évoquent la pratique de la torture (entre autres psychologique), mais par l'existence d'expérimentations. Alors, fantasme ou réalité ? Difficile de répondre. 
En l'état, depuis l'apogée de la science moderne et des progrès médicaux, certaines nations despotiques continuent d'exercer des pratiques illicites.
Même les pays soi-disant républicains et/ou démocratiques se livrent dans le plus grand secret à des tortures et à des expériences séditieuses. Dernier exemple en date : le camp de Guantanemo. Bref, on tient donc là un documentaire polémique, plutôt intéressant d'un point de vue historique.

Note : 15/20

 Alice In Oliver