De Jonás Cuarón
Avec Gael García Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo
Avis : Chasse à l’homme haletante et anxiogène, Desierto est à la fois absolument cinématographique et indéniablement politique. En filmant la traque de migrants mexicains tentant de rejoindre la frontière américaine et pris pour cible par Sam, un redneck, s’improvisant sniper, Jonás Cuarón (fils de) impose un style fort, sec et aride tout en trouvant un écho aux discours un peu nauséabond qui circulent en ce moment (Trumpmania aux USA, crise des migrants en Europe).
Sa caméra cerne habilement la fragilité de leur condition, en rendant tout d’abord compte de la morbidité écrasante du désert lui-même par des plans larges puis du jeu de massacre sadique auquel se prête Sam sur les clandestins.
Sa première apparition pleine d’aplomb et de détermination est terrifiante et il ne se départira jamais de son effroyable violence ni de la haine qui l’habite. Un beau gros salaud de cinéma incarné magistralement par Jeffrey Dean Morgan. Au-delà de la terreur qu’il inspire, on devine tout un tas de traumas, d’aigreurs et de frustrations derrière ses agissements meurtriers xénophobes.
Desierto est un pur fil de genre, un survival moderne teinté de politique, baignant dans une lumière aveuglante et dont la tension va crescendo, admirablement porté par les tambours de l’imposant score de Woodkid (superbe).
Un exercice de style brillamment exécuté.
Synopsis : Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l’immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un