[CRITIQUE] – Black (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Adil El Arbi et Bilall Fallah

Avec :
Martha Canga Antonio, Aboubakr Bensaihi, Emmanuel Tahon


Sortie :
24 juin 2016


Durée:
1h35min

Distributeur :
Disponible en VOD


3D:
Oui – Non

Synopsis : Deux gangs des banlieues bruxelloises, les Black Bronx et les 1080, se mènent une lutte sans merci. Mavela, s’éprend de Marwan, membre du gang rival. Les deux amants s’enlisent alors dans une intense passion interdite et dangereuse.

4/5

Les sorties VOD se multiplient encore et encore. Des films comme Black devraient sortir au cinéma. Le format de cette réalisation de Adil El Arbi et Bilall Fallah est absolument adapté pour du grand écran. Puis, la qualité du film devrait être exploitée dans les salles obscures pour toucher un public plus large. Black en vaut le coup. Enfin nous n’allons pas révolutionner cela. C’est juste plus que dommage.

Quand le synopsis nous parle de conflits de gangs en banlieue bruxelloise, rien de très glamour. Pire que cela, on appréhende un faux reportage involontairement drôle sur des malfaiteurs belges. Mêlez à cela une promesse d’amour à la Roméo et Juliette. L’anxiété pré-visionnage est bien là. Les préjugés déjà tout faits aussi. Pourtant, dès les premières secondes, ces appréhensions sont complètement cassées et le spectateur est directement plongé dans un monde très sombre, plein de douleurs et d’hyperviolence. Le public comprend alors, ce que montre Black est très sérieux. Dès lors, chaque séquence devient absolument palpitante à vivre.

Les passages de bagarres et de simples menaces sont spectaculairement bien menés par Adil El Arbi et Bilall Fallah. Le spectateur a de quoi se sentir mal à l’aise, sans que cela soit insupportable. Jeu de main, jeu de vilain. La violence entre les gangs (mais aussi au sein d’un même groupe) est assez montrée à l’écran pour qu’il soit possible de se rendre compte de la souffrance endurée, sans tomber dans du gore. On ne tourne pas son regard. Le spectateur est accroché. Il regarde chaque coup de poing comme un passant impuissant mais dont la passivité est finalement utilisée comme sécurité.

Black n’est pas seulement de la violence. C’est avant tout une belle histoire d’amour. Si les scènes de violences sont nombreuses, les scènes d’amour le sont tout autant. Déjà, par nos Roméo et Juliette. Issus de gangs adverses, les deux protagonistes centraux du film se rencontrent … au commissariat. Niveau de romantisme : 0. Et pourtant, même leurs premiers mots rendent cette idylle tout de suite crédible. A la fois timides et maladroits, les deux jeunes utilisent leur franc-parler pour se montrer à l’aise et plus fort que l’autre. Malgré tout, on voit en eux un jeu de séduction véritable et sincère dès les premiers instants. Pleins de fierté, ils se laissent finalement aller au jeu dangereux de l’amour. Dangereux, le mot est léger pour des « cœurs nés sous des étoiles contraires » (merci Shakespeare !). Dans les gangs, aimer dans le camp adverse est une faute grave. S’éprendre d’un ennemi peut être mortel. Le spectateur suit alors ces jeunes amoureux dans leur parcours pour la survie. Comment s’aimer et survivre ? La question est très vite instaurée dans Black et elle mène le film d’un bout à l’autre d’une façon juste, pragmatique et très travaillée.

Black souligne également beaucoup d’autres réalités. On assiste par exemple au poids du passé pour la bande des « Black Bronx ». Le public assiste à l’envie de vengeance de ce clan par rapport à leur ancien vécu, un passé raciste. Le film expose aussi l’influence d’un clan sur un des membres poussés par l’envie de changer de voie et de réussir. Tous ces sujets éclairent de façon extrêmement crédibles une réalité beaucoup trop cachée.

Black dénonce puissamment un fait sociétal peu exposé à travers une histoire d’amour inévitable. Une tragédie actuelle plus que réussie.