Megan Is Missing ("My child is missing")

Par Olivier Walmacq

Genre : horreur, drame (interdit aux - 16 ans)
Année : 2011
Durée : 1h25

Synopsis : Megan Stewart, une jeune adolescente de 14 ans, se fait kidnapper par un homme du nom de Josh après avoir discuté avec celui-ci sur Internet. Dés lors, la vie de sa meilleure amie, Amy Herman, est en grand danger.  

La critique :

Evidemment, la pédophilie reste toujours un sujet à la fois sensible, douloureux et spinescent. Régulièrement, les journaux relatent des affaires sordides d'abus sexuels perpétrés sur des enfants et des adolescents. C'est même (plus ou moins) devenu l'apanage des médias. En l'espace d'une vingtaine d'années, nos sociétés consuméristes ont littéralement sacralisé et déifié nos jeunes bambins au statut de super consommateurs. Ces derniers tiennent désormais une place prépondérante dans les sphères médiatiques, scolaires et sociétales.
Or, la pédophilie a toujours (et hélas) existé... Mais par le passé, elle était occultée, vouée à l'opprobre et aux gémonies. Désormais, elle est exposée et diffusée à satiété, comme l'atteste l'Affaire Outreau avec ses écueils et ses corollaires.

Par ailleurs, ce sinistre fait divers a inspiré le noble Septième Art avec Présumé Coupable (Vincent Garenq, 2011) et Outreau, l'autre vérité (Serge Garde, 2013). D'autres films ont également pointé ce genre de perversion et d'atrocités à l'écran, notamment Sleepers (Barry Levinson, 1996), Festen (Thomas Vinterberg, 1998), Doute (John Patrick Shanley, 2008) ou encore Hard Candy (David Slade, 2006), avec plus ou moins de réussite.
Vient également s'ajouter Megan Is Missing, réalisé par Michael Goi en 2011. Inutile de mentionner les acteurs, à moins que vous connaissiez les noms d'Amber Perkins, Rachel Quinn, Dean Waite et April Stewart, mais j'en doute. 
Le long-métrage n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. C'est surtout par l'intermédiaire de la Toile et du buzz généré par les fans du cinéma trash que le film va asseoir sa notoriété. 

En outre, le scénario est plutôt laconique et se résume en deux petites lignes. Attention, SPOILERS ! Megan Stewart, une jeune adolescente de 14 ans, se fait kidnapper par un homme du nom de Josh après avoir discuté avec celui-ci sur Internet. Dès lors, la vie de sa meilleure amie, Amy Herman, est en grand danger. Conçu comme un formidable outil de prévention contre la nocuité de certains prédateurs sexuels qui sévissent sur les réseaux sociaux, Megan Is Missing est réalisé comme une sorte de docu-fiction à caractère pédagogique. A l'origine, le film s'inspire d'un fait divers relaté et largement diffusé par les médias. Visiblement, le but de Michael Goi est de marquer les esprits et de frapper là où ça fait mal, quitte à employer des méthodes assez contestables.
Le cinéaste a le souci du réalisme et opte pour un montage minimal.

Finalement, de par sa mise en scène, Megan Is Missing s'apparente à un huis clos version "Web" se déroulant essentiellement dans la chambre d'Anna, une adolescente de 15 ans. Ainsi, le film se divise en deux parties bien distinctes. Dans la première, le long-métrage se centre sur la vie quotidienne, les années insouciantes et les dilections amoureuses de ces deux jeunes jouvencelles.
Anna et Megan sont les deux meilleures amies du monde. Pourtant, tout semble les opposer. Alors que Megan est considérée comme la star de son bahut, suscitant par ailleurs les satyriasis de certains adolescents un peu trop téméraires ; Anna à l'inverse, est régulièrement tancée et répudiée par ses camarades de classe. 
Certes, ces deux portraits dichotomiques auront le mérite de parler à tout le monde. 

Chaque adolescent se reconnaîtra un peu en Anna et/ou en Megan, même si les deux principaux protagonistes n'échappent pas aux stéréotypes habituels. A l'image de cette soirée lycéenne qui nous convie en pleine beuverie impubère. Au détour de quelques images furtives, le spectateur assiste béat à quelques séquences impudiques. Hébétée, Anna surprend sa meilleure amie lécher langoureusement le sexe ithyphallique d'un adolescent impudent.
Puis, lors d'une longue homélie, Megan, pourtant adulée pour son assurance et sa vénusté, révèle un viol et même un inceste sur sa propre personne. Dès lors, difficile de ne pas éprouver une certaine bienveillance vis-à-vis de nos deux jeunes héroïnes. Parallèlement, Michael Goi nous convie en plein trip "réseau social" où chaque communicant se réfugie derrière un écran, laissant place aux fantasmes et aux paralogismes.

Ainsi, le réalisateur nous invite à sonder un monde virtuel au caractère fallacieux, où ne règnent que la véhémence, l'apparence et diverses futilités adolescentes, soit les apanages du super consommateur en puissance. Ce petit monde fictif est donc le lieu idéal pour le guetteur de proie, pour le psychopathe ou encore pour le pédophile. C'est la seconde partie du film. A partir de là, la tension s'accélère. Megan disparaît sans laisser de traces. Mais depuis quelques temps, la jouvencelle s'entretenait régulièrement (via le Tchat) avec un certain Josh.
Ce dernier est évidemment suspecté par la police en dépit d'informations élusives données par Anna. Qu'à cela ne tienne, cette dernière est à son tour tarabustée par le sociopathe. 
Michael Goi s'empare de l'affaire et médiatise les débats par de nombreux bulletins d'émissions tout aussi pernicieux.

"My child is missing", tel est l'intitulé d'un programme vaniteux, la séquence du kidnapping étant retranscrite à satiété et même reconstituée. Ou lorsqu'un fait de kidnapping devient la nouvelle égérie de campagnes stériles et mercantiles. Telle est la cible principale (et privilégiée) du film. Mais après la disparition de Megan, la tension s'accentue encore, jusque l'inexorable. Anna est à son tour kidnappée et donc entre les mains d'un psychopathe azimuté. Mutin, Michael Goi élude tout effet sanguinaire et barbare, laissant le soin au spectateur d'imaginer le supplice de la victime.
Si l'uppercut est bel et bien au rendez-vous, le cinéaste utilise paradoxalement les mêmes techniques que celles qu'il fustige, à savoir cette approche en immersion, un montage simpliste et laconique s'abreuvant lui-même des méthodes (celles des réseaux sociaux) qu'il critique. Un oxymore qui fonctionne pourtant sur la durée (plutôt courte) de cette pellicule.

Note : 14.5/20

 Alice In Oliver

Chronique du film disponible aussi sur : https://gossipcoco.wordpress.com/2016/05/27/chronique-film-megan-is-missing/