Rocky ("Gonna fly now")

Genre : action, boxe 
Année : 1976
Durée : 1h59

Synopsis : Dans les quartiers populaires de Philadelphie, Rocky Balboa collecte des dettes non payées pour Tony Gazzo, un usurier, et dispute de temps à autre, pour quelques dizaines de dollars, des combats de boxe sous l'appellation de "l'étalon italien". Cependant, Mickey, son vieil entraîneur, le laisse tomber. Son ami Paulie, qui travaille dans un entrepôt frigorifique, encourage Rocky à sortir avec sa soeur Adrian, une jeune vendeuse réservée d'un magasin d'animaux domestiques. Pendant ce temps, Apollo Creed, le champion du monde de boxe catégorie poids lourd, recherche un nouvel adversaire pour remettre son titre en jeu. Son choix se portera sur Rocky

La critique :

On oublie souvent de le dire et de le préciser. Mais avant de devenir célèbre, Sylvester Stallone a étudié l'art dramatique à Miami. A l'époque, le jeune comédien caresse l'espoir d'accéder à la gloire et à la notoriété. Hélas, les prémisses de sa carrière sont pour le moins chaotiques et difficiles. Sans argent et sans domicile fixe, Sylvester Stallone devient la vedette (si j'ose dire...) d'une film érotique. 
Ce sera L'étalon italien (Morton Lewis, 1970). A l'époque, Stallone l'ignore encore mais "l'étalon italien" va devenir le surnom de Rocky Balboa, son personnage fétiche. Parallèlement, l'acteur enchaîne les petits rôles, notamment dans Bananas (Woody Allen, 1971) et Klute (Alan J. Pakula, 1971). Il obtient son premier grand rôle dans Rebel (Robert Allen Schnitzer), une production méconnue et vouée aux gémonies.

Entre le début et le milieu des années 1970, Sylvester Stallone accumule les rôles de petit loubard au cinéma. Impression confirmée dans Capone (Steve Carver, 1975) et La Course à la Mort de l'An 2000 (Paul Bartel, 1975). C'est durant cette période que Stallone écrit le scénario de Rocky. Le long-métrage s'inspire du combat entre Mohamed Ali et Chuck Wepner.
Le film retranscrit le mythe de David contre Goliath, donc de cette fameuse dialectique, avec d'un côté un champion du monde adulé par le public, et de l'autre un boxeur minable condamné à perdre dès la deuxième ou troisième reprise. Stallone propose alors son scénario aux productions Chartoff-Winkler. Les deux capitalistes vénaux et mercantiles sont intéressés par le script et décident de financer le film.

En échange, Sylvester Stallone doit renoncer à jouer le rôle principal. Dans un premier temps, Chartoff et Winckler approchent plusieurs acteurs notoires, notamment Robert Redford, Burt Lancaster, James Caan et même Ryan O'Neal. Mais Stallone s'ingénie et se regimbe contre les producteurs. Puis, après divers entretiens avec l'acteur, Chartoff et Winckler acceptent d'engager Stallone pour interpréter Rocky Balboa. Viennent également s'ajouter Talia Shire, Carl Weathers, Burt Young, Burgess Meredith, Thayer David et Joe Spinell. Rocky premier du nom est finalement réalisé par John G. Avildsen en 1976.
Au moment de sa sortie, le film obtient un immense succès, non seulement dans les salles, mais également auprès de la presse et de la critique cinéma. Rocky s'octroie même les faveurs des Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur montage).

Le long-métrage revisite à sa manière le mythe du rêve américain. Stallone vient de décrocher le rôle de sa carrière. L'acteur va bientôt transcender son personnage fétiche en une véritable saga déclinée sur sept épisodes. Plus que jamais, ce boxeur minable, bientôt transfiguré en star par les médias et le grand public, lui ressemble. Lui qui a connu la misère, la disette et un parcours erratique, se retrouve désormais au sommet de l'affiche. Tel est le scénario de Rocky.
Attention, SPOILERS ! Dans les quartiers populaires de Philadelphie, Rocky Balboa collecte des dettes non payées pour Tony Gazzo, un usurier, et dispute de temps à autre, pour quelques dizaines de dollars, des combats de boxe sous l'appellation de "l'étalon italien". Cependant, Mickey, son vieil entraîneur, le laisse tomber. Son ami Paulie, qui travaille dans un entrepôt frigorifique, encourage Rocky à sortir avec sa soeur Adrian, une jeune vendeuse réservée d'un magasin d'animaux domestiques.

Pendant ce temps, Apollo Creed, le champion du monde de boxe catégorie poids lourd, recherche un nouvel adversaire pour remettre son titre en jeu. Son choix se portera sur Rocky. Quarante ans après sa sortie, Rocky premier du nom reste un classique indémodable. Certes, quelques années plus tard, Sylvester Stallone endossera les oripeaux de John Rambo, un ancien soldat du Vietnam. Le second grand rôle de sa carrière. Pourtant, son personnage de prédilection reste indubitablement Rocky Balboa.
En outre, l'acteur et le boxeur fictif partagent de nombreuses similudes. A l'instar de Rocky Balboa, Stallone connaît lui aussi des débuts cahotants, partagés entre les rôles minables et l'espoir de triompher dans une grosse "écurie" hollywoodienne. Ainsi, le long-métrage se divise en deux parties bien distinctes.

La première s'apparente à une sorte de vue panoramique sur les quartiers pauvres et en déshérence de Philadelphie. Rocky, un boxeur de seconde... Pardon de troisième zone, arpente les rues de la ville et accepte des petits contrats sous l'égide de la mafia locale. Parallèlement, il enchaîne les victoires à quarante dollars contres des boxeurs minables. Rocky a déjà trente piges.
Au grand dam de son entraîneur Mickey, le jeune homme n'a jamais persévéré dans la discipline. Néanmoins, Rocky n'est pas le seul personnage du film à traîner ses guêtres dans une cité en déréliction. Ses proches et ses nouveaux amis (entre autres, Paulie et Adrian) mènent également une existence morose et solitaire. La première partie du film fonctionne comme une sorte de documentaire sur la plèbe et la populace, celle qui caresse l'espoir de triompher de ces temps misérables et d'impécuniosité.

Contre toute attente, Rocky Balboa se voit offrir la chance de sa vie. Appolo Creed, le champion du monde des poids lourds, le choisit et le sélectionne pour un combat réel et surtout pour le titre suprême. C'est la seconde partie du film, beaucoup plus clinquante et moins sombre que la première. Rocky, ce fameux looser en déveine, va devenir le héros d'une soirée. Mais pas seulement.
Le combat peut enfin commencer... Contre toute attente, "David" résiste contre "Goliath" et assène plusieurs uppercuts qui font vaciller le champion en personne. Mais Rocky, ce n'est pas seulement l'histoire d'un boxeur minable qui ferraille avec le champion du monde. Déjà, à l'époque, le film fustige le petit monde étriqué de la boxe, ainsi qu'une Amérique vouée au fric et à la corruption. Tourné pour la modique somme d'un million de dollars, le long-métrage en rapportera 225 millions à ses producteurs.
Un triomphe. En l'espace de quelques semaines (le temps de tournage du film), Stallone vient de passer de la plèbe à ce statut de star louangée par le grand public.

Note : 16.5/20

 Alice In Oliver