The Neon Demon : Vous reprendrez bien un peu de mannequin ?

Par Kinocinéblog @amauryfoucart
Reparti bredouille du dernier festival de Cannes mais attendu par de nombreux cinéphiles, le dernier long-métrage de Nicolas Winding Refn (cinéaste visionnaire auquel nous devons entre autres Drive et la trilogie Pusher) déchaîne les passions depuis sa sortie, certains criant au génie pendant que d'autres crient au foutage de gueule. En effet, The Neon Demon un film, on ne va pas se mentir, plein de défauts, mais indéniablement fascinant !

Date de sortie : 8 juin 2016Réalisation : Nicolas Winding RefnGenre : Thriller, horreurNationalité : Américain, danois, français
Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d'autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.

Elle Fanning


N'y allons pas par quatre chemins, Nicolas Winding Refn est un plasticien de génie et ce film est un immense choc pour nos yeux et nos oreilles. La lumière, les cadrages, les travellings, les costumes, le sang, la musique électrisante de Cliff Martinez... Tout est beau dans The Neon Demon et lorsque la mise en scène tend vers l'abstraction pour nous offrir de véritables trips expérimentaux, c'est l'extase ! Le réalisateur parvient à créer des images étonnantes, sans doute les plus dingues qu'on aura vu cette année.
Les mauvaises langues dénoncerons la vacuité d'une œuvre privilégiant la forme au fond et dont la trame scénaristique est réduite au minimum (ils n'ont pas complètement tord sur ce point), mais n'est-ce pas là une manière tout à fait correcte de dépeindre une industrie de la beauté où, justement, tout n'est qu'apparence et faux-semblants ? Car en effet, The Neon Demon développe, non sans ironie, une réflexion inquiétante sur le monde de la mode et ses dérives, notamment par le biais d'omniprésentes métaphores toutes plus gonflées les unes que les autres (on pense notamment à la question du cannibalisme).

Bella Heathcote et Abbey Lee


C'est donc dans cette ambiance à la fois cauchemardesque et envoûtante que nous suivons le parcours d'une héroïne virginale, évidemment très enviée, semblant incarner la beauté dans ce qu'elle a de plus pure, mais qui sera ensuite progressivement pervertie par la décadence du milieu qu'elle fréquente. Malheureusement, cette prometteuse montée en tension débouche sur un climax, très sanglant certes, mais assez peu satisfaisant par rapport à ce qui semblait s'annoncer. Bien sûr, on ne boudera pas notre plaisir devant la folie décomplexée de certaines scènes (mention spéciale au vomis final), mais on aurait préféré que Refn exploite davantage potentiel horrifique de son histoire. 
On regrette également que le film, avare de péripéties, se traîne autant en longueurs et en silences gênants, le montage aurait probablement gagné à être un peu plus découpé, plus rythmé... Car si vous ne vous laissez pas immédiatement emporter par l'atmosphère lancinante du Neon Demon, il est fort probable que vous trouviez l'expérience assez rebutante (la fameuse impression « c'est beau, mais c'est long, mais c'est beau, mais c'est long... »).

Elle Fanning


Ces quelques lacunes sont cependant pleinement comblées par les qualités plastiques et sensorielles du film, nous en avons bien assez parlé, mais aussi par la présence d'actrices de talent comme Jena Malone (Hunger Games, Donnie Darko...), Abbey Lee (Mad Max: Fury Road) et évidemment Elle Fanning (révélée dans Somewhere et Super 8), d'une blancheur angélique, tenant ici parfaitement le rôle titre en faisant preuve d'une ambiguïté fascisante. Enfin, dans une plus brève apparition, Keanu Reeves (parce qu'il y a aussi quelques acteurs parfois) amuse autant qu'il fait froid dans le dos.
Alors au final, faut-il aller voir The Neon Demon ? J'aurais plutôt tendance à répondre oui, car même s'il ne fait pas l’unanimité, c'est un film qui ne laisse pas indifférent, qui vous hante plusieurs jours après sa projection. Voilà une œuvre qui assume ses parti pris jusqu'au bout et qui, au même titre que Mulholland Drive de David Lynch (dont l'influence se ressent clairement chez Refn), fait débat et peut cacher mille interprétations passionnantes. De telles propositions de cinéma, on en croise finalement assez peu et c'est pour cette raison que je vous encourage sincèrement à vous faire votre propre avis en salles.
Amaury Foucart
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