Avec : Raphael Personnaz, Evgueni Sidikhine
Sortie : 15 juin 2016
Durée: 1h45min
Budget:
Distributeur : Paname Distribution et Other Angle Pictures
Synopsis : « Pour assouvir un besoin de liberté, Teddy décide de partir loin du bruit du monde, et s’installe seul dans une cabane, sur les rives gelées du lac Baïkal. Une nuit, perdu dans le blizzard, il est secouru par Aleksei, un Russe en cavale qui vit caché dans la forêt sibérienne depuis des années. Entre ces deux hommes que tout oppose, l’amitié va naître aussi soudaine qu’essentielle. »
3.5/5
(Entretien avec S.Nebbou et R.Personnaz à lire ici)
Il semblerait qu’un vent nouveau souffle sur le cinéma actuel, plus revigorant et invitant au voyage que jamais. Résultat d’un contexte géo-politique triste (?), Dans les forêts de Sibérie est une bourrasque rafraîchissante. Et pour cause, le film suit un personnage qui, fatigué de notre société, plaque tout pour vivre … en Sibérie ! Esseulé au bord d’un lac glacé de 800km, Teddy se plaît à se re-découvrir, observant dans la solitude de ce paysage, une nouvelle facette de lui-même.
Si le film de Safy Nebbou (Le coup de la girafe) est adapté du roman auto-biographique de Sylvain Tesson, il se permet quelques modifications riches de sens. Est ainsi ajouté le personnage de Aleksei (Evgueni Sidikhine), ermite russe secourant notre héros d’une tempête de neige. Chaque modification par rapport au magnifique roman d’origine est là pour sublimer encore plus ce récit poignant d’aventure. Raphael Personnaz incarne cet homme en quête de ressource et livre une performance touchante dans ce désert de glace.
Un désert de glace qui prend toute son importance, tant on vient à se demander si le personnage principal du film n’est pas la beauté sauvage de la Sibérie. La mise en scène appuie la force de ce paysage, et nous invite plus que jamais à, nous même, voyager. Les vues aériennes, la géométrie de ce lac, tout aussi mystérieux qu’effrayant, ces forêts de Sibérie. On pourrait cependant reprocher l’efficacité de certains plans, dû entre autre à l’utilisation d’un drone (apportant des incohérences de mise en scène, dans l’utilisation des focales notamment). Erreurs rapidement pardonnées vu le petit budget qu’avait le film.
Personnaz semble ici tout autant perdu qu’amoureux de cette Sibérie désertique, comme il nous l’expliquait lors de notre entretient avec lui (à lire ici). Il faut dire qu’il retrouve David Oelhoffen, le scénariste de l’Affaire SK1 dans lequel Personnaz habitait déjà son personnage, un flic totalement perdu dans une terrible enquête. Mais c’est plus le film Loin des Hommes qui nous évoque Dans les forêts de Sibérie. Là où Oelhoffen adaptait une nouvelle de Camus dans le premier, il adapte ici un roman auto-biographique. Il réussit à ressortir du matériaux original un amour de l’homme et de la nature très profond. Désert du Sahara où Viggo Mortensen et Reda Kateb fuient la guerre, ou désert Sibérien où Raphael Personnaz fuit la société humaine, les enjeux sont les mêmes.
Mention spéciale, aussi, à la sublime musique composée par Ibrahim Maalouf, le génie de la trompette. En bref, Dans les forêts de Sibérie est une superbe adaptation d’un très beau livre. Personnaz livre une performance très juste, dans un film émouvant et nous invitant au voyage !
Habité par des images majestueuses et une BO sublime, Dans les forêts de Sibérie nous invite plus que jamais à l’aventure et au voyage !
A lire : notre entretien avec Safy Nebbou et Raphaël Personnaz