Genre : épouvante, horreur
Année : 1974
Durée : 1h49
Synopsis : Quelque part dans le désert, un archéologue découvre une statuette satanique. Parallèlement, à Istanbul, Gül, 12 ans, est atteinte d'un mal incurable. Les médecins sont impuissants. La mère de Gül fait appel à un écrivain spécialisé sur la question. Celui-ci demande alors l'aide d'un prêtre exorciste.
La critique :
On oublie souvent de le dire et de le préciser. Mais avec Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959), Turkish Star Wars (Cetin Inanç, 1982) reste le plus grand nanar science-fictionnel jamais réalisé. Inénarrable, totalement extravagant et fantasque, cette production iconoclaste est évidemment une parodie de Star Wars : La Guerre des Etoiles, mais pas seulement...
Cetin Inanç s'approprie le film de George Lucas et signe un long-métrage furibond, étrange et cacophonique, à l'image de sa bande son dissonante, qui reprend sans vergogne la musique originale de Star Wars, ainsi que celle d'Indiana Jones. Bienvenue dans le nanar à la sauce kebab ! Ce n'est pas la première fois que le cinéma turc reprend... Pardon.. photocopie... encore pardon... plagie les grands succès hollywoodiens.
Que ce soit Rambo, Rocky, Star Trek, Spider-Man ou encore Bruce Lee, tous ces films et/ou toutes ces icônes connaîtront leur avatar turc. Vient également s'ajouter Turkish Exorcist, plus connu (enfin... connu...) sous le nom de Seytan, et réalisé par Metin Erksan en 1974. Comme l'indique le titre de cette production amphigourique, le long-métrage est évidemment le remake turc de L'Exorciste, sorti en 1973.
Rappelons brièvement les faits. Au moment de sa sortie, le film de William Friedkin rompt littéralement avec les productions de la Hammer. Dracula, la momie, le loup-garou et Frankenstein sont évincés par une nouvelle figure machiavélique : le mal en personne vient désormais s'immiscer dans le corps de Regan, une fillette âgée de 12 ans. Immense succès au moment de sa sortie, L'Exorciste reste un classique incontournable du genre horrifique.
Un an plus tard, Metin Erksan, probablement traumatisé par ce classique du Septième Art, décide de s'approprier ce chef d'oeuvre de l'épouvante. Inutile de mentionner les acteurs, à moins que vous connaissiez les noms de Canan Perver, Cinan Ünal, Meral Taygun, Agah Ühn, Erol Amaç et Ekrem Gökkaya, mais j'en doute... Evidemment, les noms des personnages ont changé.
La petite Regan s'est transmutée en Gul. Le père Karras est devenu Tugrul Bilge. Et le chef de la police est resté... le chef de la police. Il n'a pas d'identité dans le film. En tout cas, elle n'est pas mentionnée. Quant au scénario, peu ou prou de surprises. Il reprend les grandes lignes du film original, néanmoins avec quelques petites subtilités. En outre, Damien Karras est ici remplacé par un vulgaire cacographe, auteur d'un roman sur les pratiques sataniques et les rituels liés à l'exorcisme.
Attention, SPOILERS ! Quelque part dans le désert, un archéologue découvre une statuette satanique. Parallèlement, à Istanbul, Gül, 12 ans, est atteinte d'un mal incurable. Les médecins sont impuissants. La mère de Gül fait appel à un écrivain spécialisé sur la question. Celui-ci demande alors l'aide d'un prêtre exorciste. Autant le dire tout de suite. On tient ici un nanar de haute volée !
En l'occurrence, le fameux exorciste est ringardisé dans cette production impécunière. Metin Erksan reprend donc le même schéma narratif (et quasi plan pour plan), le pognon, l'imagination et la talent en moins. L'introduction de Turkish Exorcist se déroule également dans le désert. Un prête et archéologue à ses heures perdues se retrouve face à une statue conçue en papier mâché.
Seule différence, et pas des moindres, Metin Erksan élude toute réflexion sur cette lutte entre le bien et le mal, ainsi que cette question de la science moderne face à la foi religieuse. De facto, Seytan est dénué de toute tension et de toute logique narrative. Ainsi, les situations les plus rocambolesques s'enchaînent sans la moindre cohérence. De surcroît, le long-métrage s'approprie aussi la musique originale de L'Exorciste premier du nom. Mal joué, mal réalisé, musique inaudible et cacophonique, le film multiplie les erreurs de montage. Conscient du faible potentiel de son remake, Metin Erksan va directement à l'essentiel.
Après quinze petites minutes de bobine, la petite Regan... Pardon... La petite Gul subit déjà les foudres d'un démon incube. Dès lors, le cinéaste nous dresse la photocopie avariée de son auguste modèle : les longues séances d'examens médicaux, des spécialistes sans réponse, une partie de ouija qui semble être à l'origine de cette possession méphistophélique, un écrivain qui étudie la question et qui assiste béat au décès de sa maternelle...
Puis, vient la séance d'exorcisme. Oui, les meubles se déplacent tous seuls. Enfin, ils essaient... à l'aide de filons disposés dans la chambre et maladroitement agencés par les techniciens. Fous rires garantis ! La jeune Regan... Désolé... La jeune Gul se retrouve elle aussi en état de lévitation. Atteinte de myoclonies, la jeune éphèbe morigène et vocifère contre sa marâtre dans un dialecte incompréhensible.
Elle urine une curieuse substance verte. Probablement du guacamole, une mixture également utilisée pour ses jets de vomi verdâtres, sûrement pour faire un maximum d'économie. Hélas, côté effets spéciaux, le long-métrage ne se montre guère éloquent (pour être gentil...). Toutefois, aux côtés de Turkish Star Wars et de ses nombreux succédanés, Turkish Exorcist - Seytan se montre un peu plus sobre qu'à l'accoutumée. Ici, point de mannequins en mousse ni de sauts périlleux à l'aide de trampolines. Clairement, Seytan n'atteint jamais la folie jubilatoire et apocalyptique d'un Turkish Star Wars.
Pourtant, on tient là un vrai gros nanar, celui qui ringardise le classique de William Friedkin. Curieusement, malgré ses innombrables défauts, Seytan reste toujours plus consommable (et surtout plus drôle) que L'Exorciste 2 : l'Hérétique.
Côte : Nanar
Alice In Oliver