the Witch, critique

Par Fredp @FredMyscreens

La sensation horrifique de Sundance arrive enfin dans les salles françaises. The Witch est-elle à la hauteur de sa maléfique réputation ? Voilà en tout cas un premier film d’épouvante beaucoup plus intéressant par ce qu’il raconte que par ses effets.

Nouvelle Angleterre, XVIIe siècle, une période de puritanisme aiguë qui aboutira quelques années plus tard par le procès des sorcières des Salem. Une famille beaucoup trop croyante est exilée de son village et va s’installer à la lisière d’une sombre forêt encore inexplorée et commence à vivre en autarcie. Le jour le bébé disparaît, les membres de la famille se dressent les uns contre les autres.Qu’on le dise tout de suite, pour son premier film, le réalisateur Robert Eggers prend un parti pris fort, faisant de son petit film un huis clos avec une présence surnaturelle qui n’est prétexte à son propos. Car the Witch n’est pas un film d’horreur qui va chercher à faire des effets. Il ne cherche jamais le jump scare ni l’effet horrifique gratuit. Non, ici tout est question d’ambiance et surtout d’interprétation. Que ceux qui recherchent du surnaturel et quelques effets choc soient rassurés, il y a bien l’apparition étrange, révulsante ou séduisante, de sorcières, de phénomènes inexplicables et quelques pointes de violence, mais ce n’est pas forcément le sujet du film.Avec une ambiance oppressante qui tient pendant les 90 minutes de film avec une photo sombre à tomber et une musique qui pose autant de questions qu’elle suscite l’effroi, on ne peut pas décrocher de the Witch. Ici le récit prend son temps pour poser ses questions avant d’y répondre enfin avec une violence sourde et une dimension maléfique. Et cette ambiance porte à merveille les sujets du film qui nous font découvrir un contexte d’époque encore plus paranoïaque que ce que l’on pouvait attendre et surtout une étude la famille et de l’éveil sexuel inédite.The Witch nous montre clairement où peut mener l’extrémisme religieux d’une famille qui va s’entre-déchirer, où chaque événement sera interprété de manière morbide et maléfique jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de lien possible entre ses membres qui vont se séparer violemment. La cellule familiale dirigée par une mère paranoiaque et un père déchiré entre sa famille et sa fille explose violemment à cause de cette religion castratrice. Et la première à en souffrir est l’aînée interprétée toute en retenue par la remarquable Anya Taylor Joy, jeune fille en fleur qui commence forcément à connaitre ses premières pulsions sexuelles qu’elle devra bien assouvir en échappant d’une manière ou d’une autre au cocon familial oppressant.Avec sa fin aux multiples interprétation, the Witch cultive ainsi son image de film fascinant et sans concession qui pourra en désorienter certains s’attendant à un pur film d’horreur, et ravir ceux qui cherchaient un peu plus que des effets de suspense gratuits. A découvrir.