En tablant sur un véritable phénomène de notre temps, Eric Lavaine avait de quoi dire, beaucoup et bien, sur le retour de ces (grands) enfants chez leurs parents, après un coup plus dur que les autres: divorce, licenciement, invalidité... Si Alexandra Lamy opère ce retour chez sa mère, c'est parce que son cabinet d'architecte a coulé. Elle passe alors d'un train de vie ultra confortable au difficile statut de demandeur d'emploi sans le sou (et sans allocs !) à la vitesse de la lumière... une déchéance illustrée un peu maladroitement dans le générique d'intro par l'abandon d'une belle voiture de location au profit d'un plus raisonnable trajet en bus. Les clichés s'annoncent sitôt le titre dévoilé mais, après tout, un cliché ça se détourne. Ou pas. En même temps, quand on se remet en mémoire la filmo du réal ( Incognito, Protéger et Servir, Bienvenue à Bord ...) on se dit que ça part un peu mal, sur le papier. La scène au Pôle Emploi revêtait pourtant un bien beau potentiel pour entraîner la suite du film dans son sillage mais... non. Clairement, ce qui nuit le plus à ce long-métrage, ça n'est pas tant sa réalisation plan-plan, ultra mou du genou, digne d'un épisode de Joséphine ange gardien, mais son scénario sans surprise, sans magie, sans rien de vraiment transcendant. Le gars peine tout bonnement à raconter son histoire.
On ne sait plus bien si on parle du naufrage professionnel de Stéphanie ( Alexandra Lamy), de la vie post-deuil de Jacqueline ( Josiane Balasko), ou des rivalités fraternelles obscures opposant Steph, Caroline ( Mathilde Seigner) et Nicolas ( Philippe Lefebvre) tandis qu'au beau milieu de tout ça, le malheureux Alain ( Jérôme Commandeur) fait la cinquième roue du carrosse. Les fils parallèles, perpendiculaires, qui se croisent, se décroisent, c'est chouette, ça fait même souvent une belle géométrie. Mais pas là. Là, on est un peu perdus, baladés, désarçonnés devant ce manque de liant, de tenant. En-dehors de quelques scènes clés, les dialogues pèchent franchement par manque de causticité. Tout ça tombe un peu beaucoup à plat, à l'image d'un épilogue franchement ridicule, qui se moque du principe même de son topic de base.
Et pourtant, pourtant... tout n'est pas à jeter, loin de là ! D'abord parce que, même s'il le fait maladroitement, Eric Lavaine a su insuffler beaucoup de tendresse dans ce retour au bercail. En esquisse, le rapprochement des générations, les inquiétudes naturelles d'enfants aux parents vieillissants, l'insouciance insoupçonnée de parents qui ne pensent pas à vieillir. Et puis, superbe plante au milieu des plates-bandes, Josiane Balasko, qui porte à bout de bras ce film qui ne parle, finalement, que de son personnage, splendide mamina attachante, pétillante. On retrouve à travers elle la douceur d'une (vraie) maman, authentique dans ces petites incompréhensions intergénérationnelles qui nous séparent d'abord pour mieux nous rapprocher. Elle est véritablement confondante, très touchante, et le plaisir de la retrouver sur grand écran est sans mélange. En comparaison, ses acolytes font assez pâle figure, Jérôme Commandeur mis à part. Mathilde Seigner fait du Mathilde Seigner, Alexandra Lamy semble forcer à mort... Il n'empêche qu'on aura tout de même droit à deux séquences absolument exquises, à voir même en-dehors du film, tant elles sont réussies. Celle de la création d'adresse mail, vue et re(re-re-re-re-re)revue grâce à la bande-annonce ciné. Et celle, magistrale, du dîner en famille, absolument priceless, parce qu'elle n'a pas été écrite QUE pour faire rire. Et c'est, assez logiquement finalement, quand il explore les relations profondes entre ses personnages que le réal scénariste s'en sort le mieux parce qu'il y trouve et puise, enfin, matière à en faire quelque chose de vraiment consistant. Une inspiration trop sporadique pour un film entier, hélas, qui demeure très attachant malgré ses trop nombreux défauts.
Titre Original: RETOUR CHEZ MA MÈRE
Réalisé par: Eric Lavaine
Genre: Comédie
Sortie le: 1er juin 2016
Distribué par: Pathé Distribution
MOYEN
Catégories : Critiques Cinéma
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