Cette semaine ressort dans nos salles un film culte du cinéma d'animation japonais : " Belladonna of Sadness " d' Eiichi Yamamoto. Après " Léo, roi de la jungle ", oeuvre la plus connu du réalisateur dans le monde entier, l'auteur change radicalement de public avec cette tragédie érotique sur la libération des moeurs et du féminisme.
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l'espoir d'obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna..." Belladonna " ne laisse pas dans un état indifférent. Eiichi Yamamoto réalise, avec ce projet complètement barré, un film d'animation impressionnant. Le trip psychédélique proposé alimente parfaitement le conte raconté où la libération sexuelle transmise se transmet par des changements radicaux de styles, où les traits de dessins s'animent et explosent de partout en nous retournant la tête dans touts les sens.
On vit une incroyable expérience sensorielle, où la bande-son de Masahiko Soto aux airs 70's offrent de véritables moments de grâce au film comme cette scène de métamorphose où Jeanne se mue en véritable sorcière aux sorts libérateurs, véritable tournant dans l'histoire, qui pourrait rappeler des films du même registre comme " Fritz The Cat " de Ralph Bakshi ( 1972) ou l'explosion imaginée avec le mythique son de Pink Floyd dans la conclusion de " Zabriskie Point " d' Antonioni.
Mais " Belladonna " n'est pas seulement une prouesse technique, c'est aussi une magnifique ode au féminisme et à la libération des moeurs. Se situant dans la France du moyen-âge où l'ordre religieux dominait le peuple, la révolte de l'héroïne en quête d'aider son prochain et de vengeance traverse tout un pan dans la subversion en montrant sans tabou avec fantastique des véritables scènes à caractères érotiques.
Se concluant de manière tragique avec une once d'optimisme sur les conséquences de cette révolution sexuelle, " Belladonna " est une oeuvre intemporelle paraissant encore aujourd'hui comme un exemple de modernité et de subversion. Définitivement un " must-see " de l'été et du cinéma d'animation.
Victor Van De Kadsye