Vainqueur du Grand Prix du 23ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer présidé par Claude Lelouch, Bone Tomahawk est une petite pépite, et pourtant malgré cette distinction le film venu tout droit des plaines désertique du grand Ouest américain n'a pas eut le droit à une sortie sur grand écran dans nos contrées.
Pour son tout premier film on peut dire que le réalisateur S. Craig Zahler frappe fort, il surprend tout le monde à commencer par les spectateurs, son long métrage mélange avec habilité de nombreux genres, à commencé par le western qui est l'élément principal de l'oeuvre de Zahler, car même si Bone Tomahawk est un alliage de plusieurs genres, le western reste prédominant et il n'a rien à envier à des films 100% western.
Comme tout western qui se respecte, Bone Tomahawk n'oublie pas les codes du genre, les grands espaces magnifiés sont présents ainsi que des héros ne reculant devant rien pour sauver une demoiselle en détresse, ils possèdent tout l'arsenal du justicier de l'ouest, chapeaux, chevaux et autre revolvers sont de la partie.
Le scénario de Bone Tomahawk écrit par S. Craig Zahler en personne permet de réaliser une histoire héroïque qui symbolise le grand Ouest, ainsi que l’association des genres qui pourrait paraître impossible dans un genre aussi codifié que le western.
S. Craig Zahler propose aux spectateurs une immersion immédiate dans l'histoire, dès la scène d'ouverture on comprend vite que ce western va être âpre et brute de décoffrage dans un endroit ou la violence est légion et ou la loi ne peut s'appliquer.
Durant la fin du XIXe siècle quelque part entre le Texas et le Nouveau Mexique, un groupe d'indiens troglodytes décident de se venger après la violation d'un lieux sacré, ils se rendent dans la petite ville de Bright Hope et kidnappent plusieurs personnes dont l'adjoint du shérif.
Le shérif Franklin Hunt, accompagné de quelques hommes se lance dans une expédition sauvetage semée d’embûches.
L'histoire de Bone Tomahawk est épurée, ni effets spéciaux ni même musique présente, le tout pour laisser place aux dialogues et aux acteurs, en ce qui concerne ces derniers S. Craig Zahler a fait appel à ni plus ni moins que Kurt Russell, avant de commencer le tournage de "Les Huit Salopards" de Quentin Tarantino, Kurt Russell a incarné le shérif Franklin Hunt devant la caméra de Zahler, un rôle qui lui va comme un gant, Kurt Russell est l'un des rares acteurs à posséder une"gueule", il est toujours totalement investi dans ses personnages, que ce soit en pilote d'hélicoptère dans The Thing ou encore en braqueur déguisé en sosie d'Elvis dans Destination : Graceland.
Dans Bone Tomahawk il incarne un shérif vieillissant qui a connu beaucoup trop d'hivers, la nature humaine n'a plus de secret pour lui et pourtant, lui qui veille sur sa petite ville paisible va connaître la plus redoutable des épreuves.
Pour accompagner Kurt Russell dans son expédition on retrouve Richard Jenkins en adjoint de réserve du shérif, Matthew Fox qui incarne John Brooder, un as de la gâchette endimanché et Patrick Wilson qui campe Arthur O’Dwyer, le mari de Samantha O'Dwyer (Lili Simmons).
Une distribution cinq étoiles qui est le noyau du film, toute l'histoire tourne autour de ces quatre personnages, leurs échanges donnent lieu à des répliquent savoureuses dans la plus pur tradition du western qui tissent un lien entre eux et le spectateur.
Bone Tomahawk est une excellente série B qui n'a rien à envier au grand western surtout quand on sait que le budget du film est de seulement 1 800 000 $, une somme dérisoire au vu du casting et de la mise en scène.
A l'heure ou le western tente une timide résurrection, Bone Tomahawk maîtrise non seulement les rouages du western mais également celui de l'horreur, durant les 2h15 du long métrage, les premières 1h30 sont consacrés au western, pose de la situation, mise en place des personnages et des enjeux, les 45 dernières minutes voient le film basculer dans l'horreur brute, en voyage en enfer.
Sans aucun artifices et avec un budget plus que minime, le réalisateur parvient à réaliser un western hybride qui aurait vraiment mérité mieux qu'un direct to dvd tant l’exploit est grand.