Avec Elle Fanning, Jena Malone, Bella Heathcote
Chronique : Après l’incompris et controversé Only God Forgives, fulgurant drame œdipien sur le désir, la frustration et l’impuissance, Nicolas Winind Refn poursuit sa filmographie dans une veine ultra-esthétique avec Neon Demon, un conte macabre sur le pouvoir de la beauté et la quête de la perfection. Toujours aussi habile dans sa façon d’interroger notre société moderne, sa caméra utilise les codes des clips et de la publicité pour les produits de luxe pour attaquer la dictature de l’apparence, l’emprise du paraître et mettre à jour les sentiments malsains qu’ils entretiennent, comme la jalousie, l’envie ou l’aigreur.
Refn développe une imagerie fascinante, colorée et électrique, jamais très loin d’un kitch chic. Glamour même dans ce qu’elle a de plus violente, sa mise en scène stroboscopique a quelque chose d’unique. Très riche, poseuse parfois, on peut y être réfractaire mais pas nier sa singularité et sa beauté. La sophistication à l’extrême de certains plans va au-delà de l’œuvre cinématographique et semble rechercher une validation du côté des arts plastiques. On observe d’ailleurs que le réalisateur créée souvent lui-même ses espaces, se défait de la contraintes des murs pour définir lui-même son terrain de jeu. Un terrain du jeu sur lequel s’épanouit la beauté diaphane de Elle Fanning.
Comme à chacune des réalisations de Refn, le musique electro envoutante et entêtante de Cliff Martinez est un pilier essentiel de The Neon Demon, une sorte de signature.
On regrette d’autant plus que le film se termine par une divagation vaguement horrifico-fantastique qui n’était pas nécessaire, la suggestion des 90 premières minutes se suffisant largement à elle-même. Le malentendu autour de la projection cannoise vient d’ailleurs peut-être de là, la communication autour du film portant largement sur un film de vampires érotisé.
Malgré les scories du scénario, il reste indéniable que le cinéma de Refn, ne serait-ce que dans son exigence esthétique et la précision de sa mise en scène, est une proposition à chaque fois extrêmement enthousiasmante, qu’il est toujours passionnant de découvrir. The Neon Demon ne déroge pas à la règle.
Synopsis : Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s’inclinent devant elle, d’autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.