Genre : fantastique, aventure
Année : 1951
Durée : 1h23
Synopsis : Le Major Joe Nolan mène une expédition dans le Pacifique sud afin de retrouver un missile atomique égaré. L'équipe est victime d'un accident d’avion et se retrouve sur une île mystérieuse qui semble être peuplée d’animaux préhistoriques.
La critique :
En 1925, Harry O. Hoyt réalise un film qui va devenir un classique incontournable du film d'aventure fantastique. Son nom ? Le Monde Perdu. Le long-métrage est évidemment l'adaptation d'un célèbre roman écrit par Arthur Conan Doyle, soit le futur "papa" (si j'ose dire) de Sherlock Holmes. Pour la première fois au cinéma, un film exhume les dinosaures de leurs origines reptiliennes.
Des tyrannosaures, des stégosaures, des brontosaures et autres diplodocus surgissent à l'écran, au grand dam des spectateurs, qui poussent des cris d'orfraie et s'évanouissent dans les salles. Le film est un immense succès. Chaque mouvement des animaux préhistoriques nécessite des heures de travail et plusieurs centaines d'images de projection. La technique de la stop-motion est née et assurée par les soins de Willis O'Brien.
Certes, aujourd'hui, cette technique d'image par image peut paraît rudimentaire et obsolète. Elle sera pourtant utilisée pendant plusieurs décennies. Ainsi, Le Monde Perdu devient l'ancêtre non seulement de King Kong (Ernest B. Schoedsack, 1933), mais aussi de Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993). Le film d'Harry O. Hoyt inspire de nombreux succédanés ainsi que plusieurs versions du célèbre roman de Conan Doyle. En hommage au film de 1925, Steven Spielberg réalisera même Le monde perdu : Jurassic Park (1997), soit la suite de son auguste prédécesseur.
L'opuscule du cacographe se voit décliner sous plusieurs productions aux ambitions variées, entre autres, Le Monde Perdu (Irwin Allen, 1960), une autre version homonyme de 1998 (Bob Keen) et Les Aventuriers du Monde Perdu (Stuart Orme, 2001), pour ne citer que ces exemples.
Vient également s'ajouter Lost Continent, réalisé par Sam Newfield en 1951. Cette version reste assez méconnue et n'a pas spécialement marqué les érudits du Septième Art. Toutefois, le film se veut être le digne épigone de la version de 1925, dont il reprend le même schéma narratif, à quelques nuances près. En effet, le début des années 1950 marque les prémisses de la Guerre Froide.
Autrement dit, l'histoire reste peu ou prou identique, à la seule différence que Sam Newfield vient ajouter la menace nucléaire et radioactive. Cependant, le cinéaste élude prestemment ce contexte de belligérances pour se focaliser sur son île chaotique et en déshérence. Attention, SPOILERS ! Le major Nolan et son équipage sont envoyés en expédition dans le Pacifique, afin de récupérer un missile nucléaire. Ils arrivent sur une île perdue, et se retrouvent face à des monstrueux dinosaures.
Le schéma narratif de cette version de 1951 est donc de facture classique et laconique. Il se résume en quelques mots : l'organisation de l'expédition, un équipage qui échoue sur une terre inconnue et énigmatique, puis l'arrivée impromptue de dinosaures particulièrement voraces. Bref, rien de transcendant pour ce qui est du scénario. En outre, Sam Newfield s'inspire également de l'univers de Jules Verne, avec cette petite production impécunière, qui vient aussi renifler chez Voyage au centre de la Terre.
Cependant, le film de Sam Newfield a bien souffert du poids des années. Certes, Sam Newfield compte plus de deux cents films à son actif. Pourtant, on ne relève aucun chef d'oeuvre notoire chez ce cinéaste prolifique et condamné à tourner des séries B (voire Z) de seconde zone.
Premier défaut, et pas des moindres, Lost Continent est plutôt volubile, un peu trop peut-être. Aussi faudra-t-il s'armer de patience avant d'apercevoir furtivement la tête oblongue d'un lézard aux incroyables rotondités. Avant cela, pas grand chose à signaler, si ce n'est les longues conversations oiseuses entre le major Nolan et son équipage. Une fois débarqués sur cette nouvelle terre, l'aventurier et ses prosélythes sont accueillis par des indigènes.
Faute de budget, ces derniers se comptent sur les doigts d'une main atrophiée. Ils ne sont que deux : une mère et son fils. Presque aussitôt, nos deux comparses sont évincés par toute une série d'escalades sur des parois rocheuses. Puis, après une petite heure de film, les dinosaures apparaissent enfin à l'écran ! Il était temps...
Cette fois-ci, Sam Newfield se montre beaucoup moins avaricieux et assure largement le spectacle. Dans un premier temps, c'est un diplodocus au cou longiligne qui assaille notre petite escouade. Plus de 25 ans après la sortie du chef d'oeuvre d'Harry Hoyt, les effets spéciaux sont toujours aussi saccadés et timorés. Pis, Sam Newfield et ses techniciens se montrent assez laborieux dans l'utilisation de la stop-motion. Faute de tyranosaure, seulement présent sur l'affiche du film, il faudra se contenter d'un combat assez minable entre deux stégosaures. Néanmoins, en matière d'effets spéciaux, Lost Continent se révèle plutôt correct dans l'ensemble, à condition de faire abstraction de King Kong (1933), et évidemment de la toute première version du Monde Perdu.
On en revient toujours au même. En l'occurrence, Lost Continent navigue plutôt du côté de chez Ed Wood en dégageant, cependant, un grand capital sympathie. De surcroît, difficile de parler d'un nanar, même si on s'en rapproche sérieusement. Bref, on tient là une série B un peu potache malgré elle, mais tout à fait recommandable pour les grands amoureux du genre. Ma note finale pourra donc paraître assez clémente...
Note : 10/20
Alice In Oliver
Chronique du film également disponible sur E-Pôle-Art : http://epoleart.canalblog.com/archives/2016/02/19/33125218.html