Réalisé par : Andrew Stanton, Angus MacLane
Voix VF : Céline Monsarrat, Franck Dubosc, Mathilde Seigner
Sortie : 22 juin 2016
Durée: 1h35min
Distributeur : The Walt Disney Company France
3D: Oui – Non
Synopsis : Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?
3/5
Si vous n’avez jamais vu Le Monde de Nemo, d’abord, honte à vous, mais vous en avez au moins déjà entendu parler. Sorti en 2003 (ah, le bon temps !), on y suivait l’histoire de Marin, un papa poisson-clown, à la recherche de son fils, Nemo. Il partageait ce périple avec Dory, un poisson appelé « Chirurgien Bleu » grâce à sa couleur. Dory avait particulièrement attiré l’attention du public puisqu’elle était LE personnage drôle du film. Cet été, elle revient, avec son film à elle : Le Monde de Dory.
Les années passent et les techniques d’animation se perfectionnent. Le Monde de Dory en est le parfait exemple. Ici, le numérique donne un rendu stupéfiant. Rien n’est laissé au hasard, la moindre algue danse merveilleusement bien au rythme de l’eau tandis que les récifs possèdent une minutie impressionnante. Rien à redire sur les techniques d’animation pour ce tant attendu Monde de Dory. Cependant, cela ne veut pas dire que toutes les images sont fondamentalement belles. Parfois, les couleurs choisies nous emmènent dans les entrailles de l’océan, avec une jolie luminosité, des intensités vives et une colorimétrie clinquante. C’est tout simplement beau. Cela rappelle Le Monde de Nemo, ça met la pêche et les yeux du public sont comblés !
Et puis parfois, les images sont ternes, tristes, moins jolies (attention, cela ne baisse pas la qualité de l’animation en elle-même). Alors oui, il se peut très fortement que ces baisses de couleurs éclatantes soient justement utilisées pour souligner les traits psychologiques de Dory. Atteinte d’une forme d’Alzeihmer, notre poisson est parfois pleine de joie et de folie. Puis, lorsqu’elle se rappelle que sa vie n’est pas simple, qu’elle a été moquée, elle est parfois frappée de coup de blues. Cette psychologie instable est illustrée par les couleurs des images. Mais disons-le-nous, parfois, les images sombres, ce n’est pas beau. Même si elles ont un sens et qu’elles sont utilisées à bon escient, le spectateur préfère quand même une animation colorée, pleine de punch et de dynamisme.
En plus de cela, le début du Monde de Dory est tout simplement long. Du comique de répétition, oui ! Mais vous savez ce qu’on dit, trop de running gag, tue le running gag. Le Monde de Nemo appuyait déjà beaucoup sur la mémoire à court terme de Dory. Mais dans ce nouveau film, c’est l’apogée. Les minutes passent et les situations dans lesquelles Dory oublie ce qu’elle vient de dire, de faire, s’accumulent. Une fois, deux fois, dix fois … Toujours la même blague, seuls les interlocuteurs du poisson et les lieux changent. C’est interminable. Mais dans ces interactions avec les autres habitants des fonds marins, plusieurs points sont intéressants. Tout d’abord, la manière dont Dory est perçue par ceux qu’elle croise. Malade, elle passe souvent pour l’idiote. Gentiment ou méchamment, la pauvre Dory est souvent moquée.
Le film pose alors une grosse problématique : la persécution. A petite mesure, évidement, puisqu’il s’agit ici d’une animation censée faire rire et divertir. Mais le public perçoit clairement que Dory souffre de sa différence à cause de ces moqueries et de leurs réactions, de ce qu’ils font. Malgré les campagnes préventives, la persécution fait toujours ravage dans les sociétés du monde entier. La pointer délicatement du doigt une nouvelle fois n’est pas une mince affaire. Notamment quand le public est jeune. La sensibilisation sur ce sujet est un aspect très fort du monde de Dory.
Mais le revers de la médaille est bel et bien présent. Au fur et à mesure du film, Dory fait de nombreux efforts. Cela la rend plus crédible auprès des animaux avec qui elle interagit. En contrepartie, ces interlocuteurs sont beaucoup plus indulgents avec elle. Ils comprennent son handicap, ils l’acceptent. Certains vont jusqu’à l’aider pour faciliter son parcours. Le message de tolérance est plutôt bien traité dans Le Monde de Dory mais il aurait pu être poussé encore un peu plus pour ne pas patauger dans la niaiserie.
D’autres sujets auraient également pu être mieux traités. Dory veut retrouver sa famille. Celle-ci est retenue dans un parc aquatique. Aurait-il été de trop de parler des conditions de vie des êtres marins dans ces zones à touristes ? Le film évoque ce thème très brièvement, beaucoup trop brièvement, à l’heure où l’écologie et l’écosystème sont au cœur des débats et campagnes politiques à travers les continents.
Finalement, Le Monde de Dory est un bon divertissement. Il est drôle malgré un début très long. Les spectateurs retrouvent avec le plus grand plaisir le duo Marin/Nemo, toujours aussi pétillant et attachant. Cette nouvelle réalisation de Andrew Stanton et Angus MacLanepar des studios Disney Pixar offre un superbe panel de personnages secondaires, tous sympathiques, parfois même hilarants. Mais l’histoire ne reste qu’un parcours initiatique basique.
On en attendait plus pour le retour de la fameuse Dory. Le public passe néanmoins un très bon moment.