Pretty Peaches (Old is but gold is !)

Par Olivier Walmacq

Genre : pornographie, comédie (interdit aux - 18 ans)
Année : 1978
Durée : 1h31

Synopsis : Peaches, une ravissante jeune femme, se rend au remariage de son père. Victime d'un accident de voiture sur le trajet, la malheureuse devient amnésique. Deux lascars qui traînaient dans le coin abusent d'elle puis se proposent de l'amener à San Francisco afin de lui faire retrouver la mémoire. C'est le début d'aventures échevelées à travers l'Ouest américain où l'infortunée Peaches va se retrouver mêlée à des quiproquos tous plus ubuesques les uns que les autres. 

La critique :

Allez, aujourd'hui nous allons laisser de côté les roughies et autres pornos démoniaques dont j'ai longtemps abreuvé le blog. Oui, aujourd'hui place à la bonne humeur avec la cultissime comédie X, Pretty Peaches signé Alex de Renzy. Je vous prierai de noter qu'il ne s'agit là que de la deuxième comédie présentée sur Cinéma Choc depuis sa création. La première, Calmos, était une farce absurde complètement inclassable signée Bertrand Blier. Ici, nous avons à faire à un véritable film comique mais les fesses en l'air ! A la vérité, ce film est tellement désopilant que l'on aurait (presque) tendance à occulter les passages coquins pour ne retenir que les moments drôles. Et Dieu sait s'il y en a !
On ne présente plus Alex de Renzy, véritable "hit maker" de la pornographie américaine. S'il évolua jusqu'à sa mort en 2001 dans le milieu du X, son "art" périclita peu à peu pour sombrer dans d'indigestes navets, tous plus affligeants les uns que les autres. Incontestablement, ses meilleurs films resteront ceux réalisés durant la décennie hippie : Lady Freaks (1973), Femmes de Sade (1976) ou encore Baby Face (1977) ; autant de classiques vintage qui ont fait la légende du hard américain. 
Quand les films pornographiques représentaient autre chose qu'un vulgaire et commercial étalage de chairs. 

Le point culminant de la carrière du réalisateur restera cependant à jamais Pretty Peaches, une comédie porno qui surpasse bien des comédies dites classiques. Malheureusement touché par la grâce, ce film connut un succès retentissant à sa sortie. La réalisation survoltée d'Alex de Renzy est bien sûr pour beaucoup, mais jamais cette oeuvre déjantée n'aurait acquis une telle réputation sans l'apport essentiel de sa principale protagoniste, Desiree Cousteau. Véritable bombe atomique, cette sculpturale actrice au look de Betty Boop et aux formes ultra généreuses, signe ici la performance ultime de sa carrière.
Une carrière incroyablement longue puisqu'elle apparaîtra dans plus de 90 films, s'adonnant aux "joies" du porno douze ans durant (1974 - 1986), ce qui est tout à fait exceptionnel dans ce milieu très particulier. Pour vous donner une idée comparative, l'icône française du genre, Brigitte Lahaie, prit sa retraite à l'âge de 25 ans, au bout seulement de trois saisons de bons et loyaux services. Desiree Cousteau (aucun rapport avec le célèbre commandant au bonnet rouge !), elle, ne termina ses parties de jambes en l'air qu'à la quarantaine bien sonnée.

Il faut dire que l'actrice native de Savannah en Georgie, possédait de très sérieux arguments pour devenir une superstar de la catégorie ; nul besoin de vous donner des détails, hum... un 95F, peut-être ? Dans Pretty Peaches, elle interprète une ravissante idiote dont tout le monde se joue et profite à loisir. Ainsi, la jolie jeune femme passera son temps à se faire culbuter sans jamais rien comprendre à ce qui lui arrive. Le film se présente sous la forme d'un road movie sexuel endiablé, bercé par des musiques country et entraînantes. Et dans ce tourbillon des sens, l'innocente Peaches se trouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Lorsque Candide rencontre Shérif Fais-Moi Peur version hardcore, en quelque sorte. Cette performance vaudra à Miss Cousteau le "AFAA Awar Best Actress 1978", une récompense apparentée à l'Oscar du genre pornographique, c'est dire...

Attention, SPOILERS ! Peaches, une ravissante jeune femme un peu fofolle de 22 ans, se rend en voiture au remariage de son père. Sur la route dans une station service, elle fait la connaissance de deux individus qui la draguent ouvertement. Obligée de partir précipitamment de la cérémonie, elle est victime d'un accident de voiture et se retrouve projetée hors de son véhicule. Alors qu'elle gît inconsciente, les deux lascars qui l'avaient accostée un peu plus tôt, profitent de la situation et abusent d'elle.
Comble de malchance pour la jeune femme, elle devient amnésique suite au choc. Ravis de cette aubaine inespérée d'avoir sous la main une créature superbe et nunuche à la fois, les deux hommes lui proposent de l'amener à San Francisco sous le prétexte fallacieux de lui faire retrouver la mémoire. En réalité, les compères comptent bien se faire de l'argent sur le dos de l'infortunée Peaches. C'est le début d'un périple à travers le pays où la jeune femme va traverser des aventures échevelées, toujours victime de la lubricité des individus qu'elle va croiser.

D'un groupe de lesbiennes en rut à de prétendus médecins pervers et libidineux, tous vont profiter outrageusement de sa grande naïveté. Finalement, c'est en se retrouvant mêlée, toujours malgré elle, à une partouze géante que la jeune femme retrouvera son père et sa belle mère, fervents adeptes de ces pratiques débauchées, en même temps que la mémoire... Dire que certaines critiques aigries trouvent cette comédie surestimée ! Ce sont les mêmes sans doute, qui ont adoubé les escroqueries, beaucoup plus récentes, American Pie ou Projet X. Personnellement, je considère Pretty Peaches comme un sommet de la comédie hard américaine, largement supérieur à son concurrent (néanmoins sympathique) Debbie Does Dallas, également réalisé en cette même année 1978.
Le genre pornographique est si particulier qu'il est bien difficile d'y rajouter quoi que ce soit. Raison de plus pour apprécier la performance d'Alex de Renzy qui réussit ici, à associer admirablement le X et la comédie. En plus de Desiree Cousteau, le réalisateur a pu s'appuyer sur des valeurs sûres du genre telles que John Leslie ou Joey Silvera.

Le point fort de Pretty Peaches reste indéniablement son énergie communicative, ses multiples situations extravagantes et ses dialogues hilarants : "Peaches, pour l'amour du ciel, ôte tes fesses de ma bouche !". A l'époque de la sortie du film, deux scènes en particulier, devinrent immédiatement cultes : un incroyable lavement à l'aide d'un tuyau d'arrosage relié à une bouillotte (le Water Power de Shaun Costello était encore dans tous les esprits) qui voit Desiree Cousteau expulser une quantité phénoménale d'eau, ayant pour conséquence de faire tomber son "bourreau" à la renverse.
La seconde est la séquence de l'orgie finale, à la sensualité restée fameuse puisque tous les protagonistes y participaient le corps entièrement huilé et où le personnage de Peaches, toujours aussi nymphomane, se retrouve en train de faire malencontreusement une fellation à son propre père... Ce qui lui permettra de retrouver la mémoire ! En 1987, Alex de Renzy se hasardera à réaliser Pretty Peaches 2, un deuxième épisode faiblard, bâclé et sans aucune mesure avec l'original.

Mais là, pas de Desiree Cousteau au générique. Car loin d'être aussi avenante que son personnage d'adorable idiote, la pulpeuse actrice avait une réputation de véritable peste sur les tournages. Caprices de diva, embrouilles avec ses partenaires, Miss Cousteau n'avait pas un caractère facile. Du coup, elle coupa les ponts avec le milieu du X et se fâcha avec le réalisateur qui avait contribué à sa renommée. Elle raccrocha donc strings et talons aiguilles. Mais la belle n'avait pas tous ses atouts uniquement dans son soutien gorge car après cette carrière mémorable, elle entama, à plus de 40 ans, des études de psychologie et réussit brillamment ses examens. Aux dernières nouvelles (c'est à dire selon Wikipedia), elle pratiquerait encore du côté de Miami Beach. Après la carrière politique de la Cicciolina et celle, radiophonique, de Brigitte Lahaie, voici un autre exemple étonnant de reconversion.
Comme quoi, le porno peut vraiment mener à tout. Près de quarante ans après sa sortie, Pretty Peaches demeure un superbe témoignage de la grande époque, hélas révolue depuis longtemps, de la comédie X américaine. C'est frais, c'est drôle, c'est terriblement sexy. Bref, ce n'est que du bonheur !

Note : 17.5/20

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