- Sortie : 13 novembre 2013
- Titre original : -
- Réalisateurs : Roman Polanski
- Scénaristes : Roman Polanski, David Ives
- Acteurs : Emmanuelle Seigner, Matthieu Amalric
- Compositeur : Alexandre Desplat
- Genre : Huis-clos laborieux
- Pays : France/Pologne
- Durée : 1h50
Cette Vénus en fourrure, elle a plusieurs formes. C'est d'abord un roman érotique de Leopold Von Sacher-Masoch datant de 1870. C'est ensuite une pièce de David Ives, inspirée du roman et créée en 2010. C'est enfin un film de Roman Polanski, inspiré de la pièce et sorti en 2013.
Thomas, un auteur de théâtre (joué par Mathieu Amalric) cherche une actrice pour sa dernière pièce. Aucune de celles qu'il a auditionnées jusque-là ne l'a convaincu. Un soir de pluie, arrive au théâtre, échevelée et très en retard, Vanda ( Emmanuelle Seigner), femme dont l'audace n'a d'égal que le franc-parler. Malgré son retard, Thomas accepte de la " caster ". La blonde écervelée se métamorphose alors sous ses yeux en comédienne extraordinaire. Au long de l'audition, fascination et répulsion se mêlent au sein des échanges entre le metteur en scène et l'actrice. Jusqu'au moment où tout dérape et où Thomas perd complètement le contrôle de la situation...
Parlons d'abord des points positifs du film. Il y en a deux. La virtuosité technique de Polanski et le talent d' Amalric. Le premier filme aussi bien que le second joue et réciproquement. Ils ont un génie certain, l'un dans la mise en scène inventive et innovante, l'autre dans le jeu intense et habité. Polanski (ce n'est certes plus à prouver) est doué : sa lumière, ses prises du vue et ses trouvailles scéniques le démontrent. Quant à Amalric, il a ce regard fou et cet air de " Je ne suis pas tout seul dans ma tête ! " qui l'installent dans la lignée des Ronet, des Léaud et des Dewaere ...
Voilà. Et là, on a fait le tour des qualités de ce long-métrage.
Venons-en aux défauts, nettement plus nombreux. Le premier - le plus grave ! - est le choix d' Emmanuelle Seigner pour le personnage de Vanda. Cette Vanda est une femme mystérieuse, protéiforme, irritante et subjuguante en même temps. Or Seigner a déjà 15 ans de trop pour le rôle. Ensuite, disons-le carrément, elle est nulle à chier. Elle gâche tout. Elle joue sa partition sans finesse, sans intelligence, sans grâce. C'est à la limite du supportable.
Il fallait pour ce rôle une vraie comédienne, au jeu précis et polymorphe, à la plastique irréprochable, au charme ravageur pouvant devenir vénéneux. Une Florence Thomassin par exemple. Ou une Isabelle Huppert... Le jeu hautement foireux de mademoiselle Seigner fait qu'on " sort " très vite du truc. Le pire, c'est que tout du long, on a conscience du bon film que cela aurait (peut-être) pu être avec une actrice un peu mieux en maîtrise de son art.
Par ailleurs, le scénario (qui lui non plus n'est pas passionnant et s'essouffle vite) déploie une escalade de scènes censées faire monter la tension crescendo en mêlant séduction, affrontement, manipulation et érotisme. Sauf que ça ne marche pas du tout et que c'est juste grotesque. Les dialogues sont ampoulés et l'histoire nébuleuse. Le tout ressemble à un pétard qui s'est pris la mousson dans la mèche. Seule une curiosité malsaine permet de tenir jusqu'à la fin de cette bouse (non sans gémissements de désolation poussés à intervalles réguliers).
À grands coups de répliques chiantes, le récit nous bringuebale jusqu'à une scène grand-guignolesque à souhait où la Seigner affuble Mathieu de hauts talons vernis noirs, puis l'attache à un élément du décor, et disparaît ensuite, grimaçante et à moitié nue, dans une fumée onirique. Là, on se dit qu'on va finir par décéder devant tant de crétinerie. Heureusement, le générique surgissant sur ces entrefaites met fin à notre calvaire...
Bande-annonce de La Vénus à la Fourrure :