L’art de creer du conflit

Que vous vous concentriez sur vos personnages ou sur l’action, quelle que soit votre technique d’écriture, vous aurez besoin du conflit comme souffle vital de votre histoire.
Si vos personnages, même s’ils sont très bien dessinés, se querellent pour des choses inconséquentes, votre lecteur décrochera vite.
Le conflit n’est pas seulement une matière que vous pouvez travailler ou modeler au petit bonheur la chance. C’est la substance de l’intrigue, ce qu’il y a de plus essentiel dans un projet d’écriture de fiction.

Il est préférable de planifier les événements de son histoire et les conflits surtout relationnels avant le processus d’écriture. Vous risquez sinon de démultiplier le nombre de réécritures au-delà du nécessaire.
Cette étape de planification peut se réduire au synopsis.
Nous vous conseillons de lire nos articles sur la traduction de l’ouvrage de Melanie Anne Phillips :
ECRIVEZ VOTRE ROMAN ETAPE PAR ETAPE
dont les conseils vous seront utiles à unifier tous les éléments dramatiques dont vous allez avoir besoin pour votre projet (scénario y compris).

Les deux conflits

Il existe un conflit externe : l’objectif que s’est fixé le personnage principal et il existe aussi un conflit interne (d’ailleurs, bien plus passionnant à suivre pour le lecteur).
Ce conflit intime est un problème personnel que doit surmonter le personnage principal. C’est une faiblesse dans son caractère qui l’empêche d’être vraiment lui-même, conforme à sa véritable nature. Il en est en quelque sorte malheureux même s’il n’a  pas conscience au début de l’histoire de cette faille dans sa personnalité.

L’auteur a deux possibilités pour résoudre ces conflits. Soit le personnage principal parvient à s’accorder, à trouver une harmonie qui lui faisait défaut ce qui lui permet d’affronter son ultime combat, son ultime dilemme avec un bon espoir d’en sortir vainqueur même si ce n’est pas gagné d’avance.
Soit c’est au cours du climax (cette confrontation ultime) qu’il prend conscience de certaines choses sur lui-même et qu’ainsi, il devient meilleur.

Autrement dit, un conflit crédible (quelque chose qui compte pour le personnage) avec un personnage bien fouillé donne l’envie au lecteur de continuer à tourner les pages.

Tout cela ne sera évidemment pas facile mais si vous ordonnez votre travail et si vous avez suffisamment confiance en vous pour accepter que votre projet ne plaira pas à tout le monde, vous devriez pouvoir aller jusqu’au bout de celui-ci.

C’est quoi une histoire ?

Une histoire, ce sont des personnages dont nous nous préoccupons qui sont pris dans des événements qui vont les mettre au défi. Il existe de nombreuses possibilités d’intrigues (bien plus souvent revisitées qu’originales après 2000 ans de fictions) mais le nombre de personnages possibles (y compris ceux tirés des archétypes) et les possibilités conflictuelles que vous pourriez orchestrer entre eux sont innombrables.

Cependant, vous, l’auteur, êtes responsable de votre projet. Vous seul pouvez rendre votre histoire unique et personnel et lui apporter une vie d’une façon toute singulière. Remémorez-vous souvent pourquoi vous êtes si excité à propos de cette histoire. Livrez-vous à du brainstorming, testez de nouvelles idées et de nouvelles possibilités.

Pour vous aider dans votre brainstorming  concernant les situations conflictuelles qui doivent intégrer votre projet, voici une liste de quelques questions qui pourraient vous guider et vous aider à décider des motivations et des réactions les plus utiles pour un impact émotionnel efficace.

Brainstorming

Quel est l’enjeu et pourquoi est-il important pour votre personnage principal ?

A lire :
. BUTS, ENJEUX & URGENCE
. MEME LES PLUS PETITS ENJEUX SONT DE GRANDS ENJEUX
. QUEL EST L’ENJEU ?

L’objectif du personnage principal est-il clair et distinct ?

A lire :
. STORY GOAL (COMPARAISON HAUGE/DRAMATICA)
. LE STORY GOAL
. ECRIVEZ VOTRE ROMAN ETAPE PAR ETAPE

Est-ce que la scène ou la séquence d’ouverture engage le lecteur sinon émotionnellement du moins excite-t-elle sa curiosité ?

A lire :
. MICHAEL HAUGE & L’OPENING IMAGE
. L’IMPORTANCE DE L’OPENING IMAGE
. DE LA BONNE INTRODUCTION DE VOS PERSONNAGES

Comment cette situation initiale pourrait-elle empirer ?

Plus précisément que deviendrait le personnage principal s’il ne se fixait pas un objectif ? S’il refusait l’appel à l’aventure ?

Le problème majeur de votre personnage pourrait-il être facilement résolu s’il parvenait à en parler avec son entourage ?

Si la réponse est oui, le conflit que vous envisagez semblera trop simple. Il faut des complications.
A lire :
. AJOUTER DU CONFLIT DANS UNE SCENE
. CONFLIT ENCORE ET TOUJOURS
. LE CONFLIT EST VOTRE PERSONNAGE

WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 3
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 4

Les situations décrites ne sont-elles pas trop prévisibles ?

A lire :
. SCENE : COMPLIQUER LA VIE DES PERSONNAGES
. LA RELATION ENTRE LES PERSONNAGES ET L’INTRIGUE

Y a t-il un compte à rebours pour résoudre certaines situations ?

A lire :
. L’INDISPENSABLE TENSION
. RONALD B. TOBIAS ET LA TENSION DRAMATIQUE
. LE SUSPENSE
. ELEMENTS DRAMATIQUES A METTRE EN PLACE

Est-ce que les personnages réagissent conformément à leur passé ou à leurs motivations ?

C’est davantage une question d’idiosyncrasie que de faille dans la personnalité du personnage. Vous pourriez aussi vous référer aux archétypes afin de définir non seulement la fonction de chaque personnage mais aussi pour les identifier distinctement.

Est-ce que certaines scènes parviennent à montrer le conflit interne du personnage principal (voire d’autres) ?

Le conflit externe ou interne décrit le combat entre deux forces opposées (un combat symbolique est une définition certainement la plus appropriée).
Sa fonction consiste à faire avancer l’intrigue, à révéler la personnalité des personnages (principalement celle du protagoniste) et permet en filigrane de faire mention du thème.
Le conflit interne illustre le combat que le personnage se livre lui-même. Ce peut être un problème d’identité, de désirs contradictoires ou un problème moral qui assaille le personnage.
Simba (Le Roi Lion), par exemple,  lutte contre sa culpabilité face à la mort de son père. Questionner ses propres croyances (en Dieu ou autres) est aussi une forme de conflit interne.
A lire :
. FAILLE & CONFLIT INTERNE
. CONFLIT INTERNE
. DAVID TROTTIER : LES 10 CLEFS D’UN PERSONNAGE (1)
. DAVID TROTTIER : LES 10 CLEFS D’UN PERSONNAGE (2)
. VOTRE PERSONNAGE ET SA CARACTERISATION

Qu’est-ce qui empêche mon personnage d’abandonner ?

Il existe deux nœuds dramatiques dans la structure d’une histoire où le personnage principal a de bonnes raisons d’abandonner sa quête :

  • Le point de non retour
  • La crise

Le point de non retour est ce moment précis de l’histoire (habituellement à la fin de l’acte Un) où le personnage principal prend une décision ou agit. Cette action va rendre le cours des événements irrévocables.
Elle altère définitivement la situation initiale.
Dans Le Parrain, Michael Corleone est un héros de guerre qui refuse sincèrement de participer aux activités mafieuses de sa famille. Un état d’esprit qui nous est confirmé lorsqu’il dit à Kay que le business de sa famille ne l’intéresse pas.
Mais après la tentative d’assassinat contre son père, Michael tue le mafieux et le capitaine de la police qui protégeait ce dernier. Cette décision cruciale oriente définitivement l’intrigue de l’histoire. Ce point de non retour clair et distinct confirme auprès du lecteur que non seulement Michael est capable de commettre des meurtres mais qu’il fera tout ce qui est nécessaire pour atteindre son but.

Dans la seconde partie de l’acte Deux, le personnage principal est au plus bas. Il connait une crise. Tout semble perdu pour lui et il n’a jamais été aussi loin de réussir son objectif.
A ce moment, il doit trouver en lui les ressources nécessaires pour continuer. Vous devez mettre en place la scène qui va lui permettre de prendre conscience qu’il peut et doit reprendre le dessus.
Il est important de toujours rechercher les causes des événements.
A lire :
. STRUCTURE : UNE OSSATURE NECESSAIRE
. UN EXEMPLE DE STRUCTURE
. STRUCTURE SELON SYD FIELD

TROUVER UNE STRUCTURE : EXEMPLE PRATIQUE – PART 1
TROUVER UNE STRUCTURE : EXEMPLE PRATIQUE – PART 2
TROUVER UNE STRUCTURE : EXEMPLE PRATIQUE – PART 3

Quels sont les événements qui vont radicalement changer la personnalité du personnage ?

Le héros évolue au cours de l’histoire. Il rencontre des obstacles, subit des épreuves, tire des leçons de ses échecs et de ses victoires. Tout cela forme son arc dramatique qui illustre la courbe de cette évolution psychologique.
Le personnage est appelé à changer. Que vous considéreriez que ce soit dans sa nature ou pas, mais progressivement, à cause de certains événements (que vous définissez en répondant à cette question), le personnage principal verra les choses sous un angle totalement différent.
L’arc dramatique est comme un ordonnancement de changements psychologiques orienté vers la révélation du personnage, vers une prise de conscience de sa véritable nature, de sa véritable place dans le monde. En d’autres mots, il s’agit d’une recherche organisé du bonheur qui ne se trouve donc pas sous les sabots d’un cheval.
A lire :
L’ARC DRAMATIQUE – PART 1
L’ARC DRAMATIQUE – PART 2
L’ARC DRAMATIQUE – PART 3

 Le conflit s’accompagne-t-il de tension dramatique ?

A lire :
. L’INDISPENSABLE TENSION
. RONALD B. TOBIAS ET LA TENSION DRAMATIQUE
. LA TENSION PRINCIPALE
. RETOUR DE TENSION
. LA TENSION MAINTIENT LES ELEMENTS DE VOTRE SCRIPT
. LE GRAND HUIT DE LA TENSION

Est-ce que le conflit pousse le personnage à l’action ?

En d’autres mots, votre personnage principal ne subit pas. Il est stimulé à agir.

Questions à envisager :

Est-ce que l’ensemble des personnages offre des personnalités suffisamment variées qui réagissent les unes aux autres ?

Et qu’apprend votre personnage principal sur lui-même au cours de son aventure ?