Genre : horreur, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1988
Durée : 1h25
Synopsis : Un monstre étrange venu d'ailleurs, informe et gelatineux, dévore tout ce qui vit, en particulier les êtres humains, dont il se régale. Mais avant qu'il n'ait complétement digéré une ville dont il s'est régalé, Meg Penny et Brian Flagg, découvrent que le Blob fuit la neige carbonique, tels les vampires les crucifix.
La critique :
Producteur, réalisateur et scénariste américain, Chuck Russell débute sa carrière derrière la caméra vers la fin des années 1970. Vers le milieu des années 1980, la firme New Line Cinema lui confie la réalisation de Freddy 3 : Les Griffes de la Nuit, soit le dernier bon chapitre de la série. Grand amoureux du fantastique, de l'horreur et du cinéma bis, Chuck Russell réalise The Mask en 1994, son plus gros succès au cinéma. Depuis, c'est le silence ou presque.
Certes, en 1996, il signe L'Effaceur avec un Arnold Schwarzenegger à la fois goguenard et vindicatif. Mais le long-métrage ne remporte pas le succès escompté. Un échec commercial et artistique hélas confirmé quatre ans plus tard, avec Le Roi Scorpion.
Les deux films assoient définitivement la réputation (celle d'un tâcheron) de Chuck Russell. Pourtant, en 1988, le cinéaste s'attelle à la réalisation d'un remake. Son nom ? Le Blob, soit le meilleur film du réalisateur à ce jour. Le long-métrage original, Danger Planétaire, réalisé par Irvin S. Yeaworth en 1958, reste un petit nanar horrifique et science-fictionnel.
Toutefois, le métrage s'inscrit dans le sillage de toutes ces productions faméliques et de SF fustigeant les effets délétères de la Guerre Froide. Danger Planétaire inspire plusieurs parodies et succédanés, notamment Attention, au Blob ! (Larry Hagman, 1972) et L'Attaque de la Moussaka Géante (Panos H. Koutras, 1999). The Blob premier du nom inspire également un remake homonyme.
En outre, un nouveau remake devait être réalisé par Rob Zombie en 2010, mais le projet est finalement abandonné pour être à nouveau relancé en 2016, sous la houlette de Simon West. Bref, on n'a pas fini de parler du blob ! A ce jour, le film de 1988 reste la version la plus éloquente. La distribution du long-métrage réunit Kevin Dillon, Shawnee Smith, Donovan Leitch Jr., Jeffrey DeMunn, Paul McCrane, Candy Clark, Art LaFleur et Bill Moseley.
Ce remake de 1988 est également produit par un certain Frank Darabont, le futur "papa" (si j'ose dire...) de La Ligne Verte, Les Evadés, The Mist et de la série télévisée The Walking Dead. Attention, SPOILERS ! Une météorite percute la Terre. Une masse informe s'en extrait et grandit en ingérant un à un les habitants d'une ville des États-Unis.
Le Blob se glisse partout pour traquer ses proies et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Dans cette ambiance d'enfer, Meg Penny et Brian Flagg, tentent de survivre, alors qu'une mystérieuse équipe gouvernementale met la ville en quarantaine. Certes, à priori, le scénario est plutôt classique et laconique. Pourtant, on tient là un "must" de la série B. Avec les années, Le Blob a gagné ses jalons de film culte.
En l'état, le long-métrage est souvent encensé dans la culture américaine. En France, le film reste assez méconnu et plutôt confidentiel. Ce n'est pas forcément le film d'horreur que l'on citerait en premier et/ou parmi les grandes références du genre épouvante. Cependant, Le Blob s'inscrit dans la dialectique d'Alien : le huitième passager (Ridley Scott, 1979) et de The Thing (John Carpenter, 1982).
Lui aussi mélange science-fiction et horreur et propose une confrontation entre des héros humains et un monstre à l'appétit pantagruélique. A l'instar de The Thing, la créature de The Blob n'a pas de forme prédéterminée. Il s'agit d'une masque visqueuse qui dévore tout sur son passage. Les militaires tiennent leur nouvelle arme de destruction massive. Par sa forme et ses sinuosités rosâtres, le blob ressemble à une sorte de déchet radioactif provenant du néant et du vide, soit une menace ineffable qui vient semer le chaos, la terreur et la désolation dans une petite communauté américaine.
En ce sens, Le Blob n'est pas sans évoquer toutes les productions de science-fiction des années 1950, notamment Tarantula ! (Jack Arnold, 1955).
A la seule différence que c'est une météorite qui vient préfigurer la destruction et la paupérisation de la société. En outre, on tient également une série B condescendante et égrillarde qui se permet toutes les outrecuidances. On retiendra notamment la séquence de carnage et de déglution dans un cinéma de la ville. Hommes, femmes, vieillards et enfants... Le blob ne fait pas de distinction.
Narquois, Chuck Russell n'hésite pas à massacrer de jeunes éphèbes et même des gosses de 10 ans, condamnés à fondre dans la structure polymorphique de la créature. Le blob n'est pas un monstre d'origine extraterrestre. Il est une création de l'homme, une sorte d'abomination scientifique. Finalement, il reflète l'aspect le plus noir et le plus démoniaque de l'âme humaine. Ce n'est pas un hasard si le froid, plus précisément la neige carbonique, demeure son seul point faible.
A ce titre, la neige symbolise la pureté. Comme une évidence, la fin du film annonce une éventuelle suite, avec un blob susceptible d'être réveillé par une figure ecclésiastique. Bref, on tient là un vrai bon film d'horreur et une série B d'excellente facture. Dommage que Chuck Russell n'ait pas davantage approfondi certaines thématiques religieuses et eschatologiques, pourtant passionnantes...
Note : 15/20