Juste à tous les niveaux, Morris from America est une œuvre inventive et pleine de sensibilité.
Le Champs Elysées Film Festival a eu l’occasion pour cette 5ème édition de nous présenter une sélection de très bonne qualité et Morris from America en fait partie. Le plus intéressant dans ce film est le fait que Chad Hartigan s’est lancé plusieurs défis au cours de sa création qu’il a relevé haut la main. En ayant peu de connaissances de la culture afro-américaine, rap et également allemande (Chad Hartigan avait choisi l’Allemagne comme lieu de tournage car c’était le dernier endroit où il avait voyagé), il a réussi avec brio à raconter le parcours de Morris (Markees Christmas), un jeune afro-américain qui, en plus de s’intégrer dans un nouveau pays et une nouvelle culture, souhaite devenir un rappeur (gangsta rappeur, plus précisément) comme le très connu Jay-Z.
L’identité première de Morris from America se définit par sa musique (originale) qui est majoritairement intra-diégétique au film. Lorsque le rap est introduit dans l’histoire, c’est systématiquement lorsque les personnages, Morris notamment, l’écoutent. Ainsi, tout comme Morris, on devient absorbé et on se laisse emporter. Cependant, ce n’est pas uniquement la musique qui constitue la force du métrage. La mise en scène ainsi que l’écriture des personnages est également excellente. Chad Hartigan utilise de nombreux plans serrés pour se centrer sur les émotions des personnages et sait très bien jouer entre différents plans (arrière-plan, premier plan, etc.) du cadre. En effet, à plusieurs occasions dans le film, Katrin (Lina Keller) se retrouve dans le flou pour arriver de plus en plus nette au fur et à mesure qu’elle avance vers le premier plan de l’image. Généralement, ces plans très marquants illustrent à quel point Morris est hypnotisé par Katrin.
En parlant de personnages, on peut voir à quel point Hartigan a réussi à les dépeindre au plus proche de leurs problématiques : Morris en tant que préadolescent qui expérimente ses premières amours et qui désire devenir rappeur, Katrin qui souhaite plus de liberté et qui s’oppose constamment à sa mère, le père de Morris (Craig Robinson) qui cherche à communiquer et comprendre mieux les changements opérés chez son fils ou encore son enseignante d’allemand, Inka (Carla Juri) qui souhaite trouver un juste milieu entre la place d’enseignante et de confidente. Chacun de ces personnages sont ainsi attachants à leur manière et sont développés à leur juste valeur.
La grande qualité de Morris from America est donc la sincérité des intentions de Chad Hartigan. En effet, la grande majorité des scènes que vit Morris sont issues de l’enfance du cinéaste. Pour l’anecdote, le tout premier rap écrit par Morris dans le film est le premier rap que Hartigan avait écrit dans sa jeunesse. Morris from America est ainsi un projet personnel et réussi qui sera à voir dès sa sortie.
Réalisé par Chad Hartigan avec Maarkees Christmas, Craig Robinson, Carla Juri…