Genre : épouvante, horreur, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 1979
Durée : 1h31
Synopsis : La nuit d'Halloween 1963. Le jeune Michael Myers se précipite dans la chambre de sa soeur aînée et la poignarde sauvagement. Après son geste, Michael se mure dans le silence et est interné dans un asile psychiatrique. Quinze ans plus tard, il s'échappe de l'hôpital et retourne sur les lieux de son crime. Il s'en prend alors aux adolescents de la ville.
La critique :
Un cinéaste et surtout un cinéaste du passé... Voilà une expression qui caractérise parfaitement le travail et la filmographie de John Carpenter. Dès sa jeunesse, le réalisateur se passionne pour les vieux classiques de la science-fiction et de l'épouvante, notamment Planète Interdite (Fred M. Wilcox, 1956), La Nuit des Morts-Vivants (George Romero, 1968) et La Chose d'un autre monde (Howard Hawks et Christian Nyby, 1951). Dès son second long-métrage, Assaut (1976), John Carpenter est déjà repéré et prisé par les producteurs hollywoodiens. Le jeune cinéaste est alors convié à écrire, produire et réaliser un nouveau film d'horreur. Son nom ? Halloween, la nuit des Masques, sorti en 1979.
Parallèlement, cinq ans auparavant, un slasher, Black Christmas, réalisé par un certain Bob Clark, traumatise John Carpenter.
Méconnu en France, ce slasher a connu un petit succès d'estime aux Etats-Unis. Le film part d'un postulat basique et laconique, soit l'histoire d'un mystérieux criminel qui s'en prend à de jeunes étudiantes claustrées dans une résidence le soir de Noël. John Carpenter s'approprie le scénario de Black Christmas, à la seule différence que les inimitiés se déroulent le soir d'Halloween.
Une fête forte en symboles, à la fois synonyme de sarcasmes, de frousse, de confiseries et de films d'horreur avec des croquemitaines démoniaques. Mais le tueur insaisissable ne serait qu'une légende inventée et ratiocinée pour faire peur aux jeunes bambins un peu trop téméraires. A l'origine, Halloween : la nuit des masques est une production indépendante, néanmoins pourvue d'un budget plutôt honorable (325 000 dollars tout de même, soit le triple du budget du film Assaut !).
Au moment de sa sortie, Halloween premier du nom devient un véritable phénomène et rapporte plus de 47 millions de dollars. Les producteurs jubilent. Les critiques sont presque unanimement panégyriques. Certaines parlent du plus gros choc horrifique depuis L'Exorciste (William Friedkin, 1973), néanmoins dans tout un autre registre. En outre, la presse élude sciemment toute référence à Black Christmas. Par son montage et sa mise en scène, Halloween n'est pas sans rappeler Psychose (Alfred Hitchcock, 1960), avec ce tueur indicible qui semble surgir des ténèbres.
Une comparaison assez fuligineuse. En l'état, les deux films empruntent des voies très différentes. La distribution d'Halloween, la nuit des masques réunit Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Tony Moran, Nancy Loomis, P.J. Soles et Charles Cyphers.
Pour le rôle de Laurie Strode, Jamie Lee Curtis n'est pas la priorité de John Carpenter. Le cinéaste souhaite engager Anne Lockhart, mais l'actrice est déjà sur le tournage d'un autre film. John Carpenter remarque Jamie Lee Curtis lors d'un épisode de la série Operation Petticoat. Même remarque concernant le rôle du Docteur Sam Loomis. Dans un premier temps, Christopher Lee est approché par le réalisateur. Hélas, l'acteur n'est guère convaincu par le scénario du film.
C'est finalement Donald Pleasence qui est l'heureux élu ! Attention, SPOILERS ! La nuit d'Halloween 1963. Le jeune Michael Myers se précipite dans la chambre de sa soeur aînée et la poignarde sauvagement. Après son geste, Michael se mure dans le silence et est interné dans un asile psychiatrique.
Quinze ans plus tard, il s'échappe de l'hôpital et retourne sur les lieux de son crime. Il s'en prend alors aux adolescents de la ville. Le massacre ne fait que commencer... Autant le dire tout de suite. On tient là la grande référence du slasher horrifique. Certes, les amateurs du genre pointeront (avec raison) les accointances avec Black Christmas, soit le tout premier slasher des années 1970.
Pourtant, John Carpenter s'approprie le mythe du croquemitaine et invente une nouvelle figure machiavélique. Ce n'est pas un hasard si l'introduction du film se déroule au début des années 1960. Un jeune gosse assassine sauvagement sa soeur et son petit ami. L'enfant est ensuite interné dans un hôpital psychiatrique. Quinze ans plus tard, le bambin devenu adulte s'évade et sème à nouveau la terreur dans la ville (je renvoie au synopsis).
C'est d'ailleurs la prédiction funeste du Docteur Loomis : "Le mal est en liberté". Le médecin ajoute alors péremptoire : "Il n'a rien d'un homme". En compagnie du shérif de la ville, il découvre béat la dépouille d'un chien, en partie dévorée par Michael Myers. Dans un premier temps, John Carpenter baptise son film The Baby-Sitter Murders pour finalement le copermuter en Halloween : la nuit des masques.
Ainsi, la tension monte crescendo. D'où peut-être les atermoiements de la police, peu convaincue par les longues homélies du Docteur Loomis à propos de son ancien patient. Durant la première partie du film, Michael Myers se montre plutôt timoré. Il ne s'en prend pas directement aux adolescents. Il espionne quelques jeunes éphèbes dans une voiture volée. Puis, il apparaît furtivement à la fenêtre de la chambre de Laurie Strode.
En outre, John Carpenter confère à son croquemitaine une aura à la fois énigmatique, fantasmatique et comminatoire. Le mal ne frappe que durant le soir d'Halloween, soit pendant une fête populaire. Volontairement, John Carpenter cache le visage de son mystérieux assassin derrière un masque d'albâtre. Le portrait psychopathologique de Michael Myers suscite lui aussi de nombreuses interrogations.
Le psychiatre décrit un personnage froid, lapidaire, totalement déshumanisé et limite catatonique, capable de fixer un mur sans sourciller pendant des heures, des jours, des semaines, des mois, voire des années ; avant de se lever subitement pour s'en prendre sauvagement à une infirmière.
Bref, encore une fois, il est le "mal" incarné. De surcroît, John Carpenter se focalise sur une jeunesse déjà appâtée par le sexe et le consumérisme. Conséquence : ils seront tous (ou presque) assassinés par un Michael Myers opiniâtre et vindicatif. A l'époque, Halloween écope d'une interdiction aux moins de 16 ans. Une interdiction revue à la baisse aujourd'hui (donc interdit aux moins de 12 ans).
Par la suite, John Carpenter cédera son croquemitaine à de nouveaux tâcherons qui fourvoieront le mythe de Michael Myers au nom du lucre et de l'appât du gain. Il faudra attendre l'arrivée inopinée de Rob Zombie et de son remake homonyme pour que la figure maléfique ressuscite enfin d'outre-tombe.
Note : 17/20
Alice In Oliver