Avec : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Frances O’Connor
Sortie le : 29 juin 2016
Durée : 2h13
Distributeur : Warner Bros. France
3D : Oui – Non
Synopsis :
Une nouvelle histoire vraie issue des dossiers d’Ed et Lorraine Warren : l’une de leurs enquêtes les plus traumatisantes.
Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s’agira d’une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…
Film interdit aux moins de 12 ans
4/5
Plus rien n’arrête le dévoué James Wan… Après avoir fait exploser Fast & Furious 7 au box-office mondial avec ses 1.5 milliard de dollars de recettes, le réalisateur revient à ses premières amours : le cinéma d’horreur. Pour Insidious : Chapitre 3, il s’était contenté de passer le relais à son collaborateur et ami Leigh Whannel (qui d’ailleurs en écrira toujours le quatrième opus, prévu pour la fin 2017), mais il ne semble pas prêt à lâcher son autre bébé : Conjuring ! Le second volet sort à peine dans les salles françaises que le troisième est déjà en projet. Entre ça et les spin-off à la pelle (Annabelle 1 et 2, The Nun), une nouvelle franchise se crée… Trois ans après Les Dossiers Warren, Le Cas Enfield nous aura collé une belle frousse !
Le cinéma d’horreur fut bien alimenté avec de nouvelles créations sorties ces dernières semaines, entre le piteux The Door (pourtant produit par Alexandre Aja, mais n’oublions pas que Pyramide n’a pas non plus fait des merveilles) et l’intriguant The Witch, premier film de Robert Eggers. Il fallait alors marquer le coup pour la sortie de Conjuring, et Warner Bros. France a sorti le grand jeu lors de l’avant-première parisienne du film au Grand Rex : un prêtre bénissant la salle, interrompu par des nonnes fantômes décidées à effrayer tout le public, images exclusives du film Lights Out, produit par James Wan et en salle en août prochain. Tous les ingrédients étaient réunis pour créer une bonne ambiance : à ce moment-là, on se demande si tout ceci ne faisait que dissimuler un manque provenant du film, pour lequel plus de quatre bandes annonces ont été publiées. Oui, quatre. Inutile de rappeler que toutes les regarder vous fera certainement passer la surprise de nombreuses scènes (volontairement, je n’en ai regardé qu’une et tout fait pour échapper aux autres !), comme tous les autres trailers de films d’horreur ont tendance à faire… Coucou, The Shallows, Morgane et Don’t Breathe, je pense à vous : ne faites pas la même erreur !
Que nenni. James Wan utilise la même recette qui avait déjà prouvé son efficacité : quand Les dossiers Warren profitait de son introduction pour présenter la poupée Annabelle, Le cas Enfield s’attaque à la tuerie d’Amityville (petite pensée au reboot de Franck Khalfoun, repoussé à 2017) et mobilise toutes les qualités de mise en scène du réalisateur. Sa caméra virevolte toujours aussi librement qu’un esprit, traverse les murs, les fenêtres, les conduits… elle aussi est le mal incarné ! La photographie de Don Burgess développe avec aisance ce sentiment de malaise qui accompagne les Warren lorsqu’ils se confrontent à l’horreur. Elle instaure deux ambiances radicalement opposées, entre la sphère personnelle des Warren et celle des Hodgson, la famille touchée par ces phénomènes paranormaux. La lumière et les couleurs vives font partie de notre duo chasseurs d’esprit qui fait tout pour se mettre à l’abri des démons, tandis que la pluie londonienne, le gris et l’obscurité gangrènent cette petite maison d’Enfield… Ses seules lumières en sont ses enfants : Janet (Madison Wolfe), Margaret (Lauren Esposito), Johnny (Patrick McAuley) et Billy (Benjamin Haigh), dont la joie de vivre parvient toujours à redonner le sourire à Peggy (Frances O’Connor), mère célibataire luttant pour joindre les deux bouts.
Ce que Conjuring 2 a de plus que son aîné, c’est le fait qu’il traite d’une histoire longuement médiatisée et discutée : pour le premier film, seuls les enregistrements des Warren par magnétophones ont convaincus les producteurs et servis de source au développement du film, alors que Le cas Enfield joue encore plus avec la réalité (n’oublions pas que Lorraine Warren était consultante sur le film !). James Wan va même jusqu’à recréer certaines scènes du documentaire capté à l’époque par la BBC et le chercheur Maurice Grosse (d’ailleurs disponible en ligne) : sa minutie est elle que la maison des Hogdson, son architecture, sa décoration, ont été scrupuleusement reproduits par l’équipe du film. Une fois encore, la crédulité est au cœur de l’intrigue : l’histoire des Hodgson n’est-elle qu’un canular ? S’agissait-il d’une ruse de la part d’une famille en difficulté pour s’attirer les grâces de son pays ? Cette petites fille faisait-elle semblant ? Conjuring 2 offre un léger vent de nouveauté sur le genre en faisant de ce sujet un point central de son intrigue.
Si l’alchimie fonctionne, c’est aussi et surtout grâce à son casting : le duo Vera Farmiga/Patrick Wilson est toujours aussi plaisant à retrouver dans la peau d’Ed et Lorraine Warren… James Wan et ses scénaristes nous autorisent quelques incursions au cœur de leur intimité, dans une famille plongée dans le doute sur les conséquences de ces activités. L’occasion de revoir leur fille Judy (Sterling Jerins), mais aussi les démons qui les poursuivent et ce fameux « cabinet des curiosités ». Conjuring 2 joue peut-être un peu trop sur la corde sensible en embellissant cet amour entre Ed et Lorrain : les « Lorred-shippers » seront ravis. Si la complicité entre les acteurs fait plaisir à voir, quelques lignes de dialogue tombent dans les clichés ressassés par d’autres films d’horreur, et dont on s’était pourtant bien passés dans l’opus précédent. Bon, le film joue tout de même brillamment avec l’un d’entre eux… encore heureux !
Les enfants ne sont pas en reste : la performance de Madison Wolfe en tant qu’enfant possédée est assez ahurissante, et tout cela sert avec brio la mise en scène de James Wan. Il prend plaisir à filmer l’horreur sans même la montrer, et fait de l’invisible une source de frissons inépuisable. Cette scène de dialogue entre Patrick Wilson et le démon de l’intrigue, que l’on discerne à peine dans le flou, est l’une des plus réussies ! Si les jumpscares sont de rigueur (et parfois très attendus), le réalisateur a quelques tours dans son sac et parvient tout de même à nous faire sursauter, sans pour autant basculer dans la surenchère. Tout est question d’ambiance, ce que cette équipe est parvenue à conserver sans aucun souci, avec une trame qui fait le job et sans grande surprise.
Conjuring 2 parvient encore à surprendre malgré l’expérience du premier volet : Vera Farmiga et Patrick Wilson incarnent avec brio cette lutte contre le mal.