La saison des femmes

Par Dukefleed
Bollywood en mode féministe
Dans l’Inde rural, ce film nous propose de suivre 4 histoires de femmes aux prises avec le machisme de la société indienne. Avant toute analyse filmique, ce film est utile car, même si parfois maladroit, il défend avec force la cause des femmes dans un pays où elles sont reléguées au rang de sous être humain. Autour de ces quatre histoires de femmes, la réalisatrice aborde le large éventail de la condition féminine. Une prostituée, une veuve, une femme battue, une jeune mariée de force ; stéréotypé comme casting, un peu démonstratif, mais terriblement incarné. Leena Yadav, pour son 3ème long métrage, ne s’encombre pas de subtilité, mais elle évite bien les pièges du pathos et offre des beaux moments de solidarité féminine. Cependant le carcan éducatif est bien ancré, de fait cette solidarité entre femmes n’est pas très naturelle, le conditionnement à la supériorité masculine les empêche à s’entraider autant qu’elle le devrait… l’éducation opère comme une castration sociale, l’infériorité de la femme est tellement intériorisée par elles-mêmes. La réalisation est dynamique, le découpage alerte ; l’histoire nous tient en haleine.Ensuite, le côté bollywood avec son cortège de renforts musicaux et de costumes colorés donne un ton « feel good movie » loin du propos du film. Voir des accents pacotille. Le scénario aussi n’est pas exempt de rebondissements improbables et de dialogues plats. De fait, la scène la plus poignante du film ne met en scène aucune des 4 héroïnes. Il s’agit de la scène de la jeune mariée ayant fuit sa belles famille qui abusait d’elle et que sa mère renvoie auprès d’eux par peur pour le déshonneur familial et un hypothétique remboursement de dot. Dans cette scène tout est dit sur la traite d’êtres humains dont les femmes sont elles mêmes complices. Ce type de scène fortes sont trop peu nombreuses. Et pour finir, le « happy end » offre une touche positive pachydermique. Il fallait finir sur une touche d’espoir mais pourquoi malgré tout, toutes les sauver. Comparé à « Mustang », ce dernier était beaucoup plus profond et abouti.Beau film féministe malgré des lourdeurs manifestes.
Sorti en 2016
Ma note: 12/20