Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2009
Durée : 1h32
Synopsis : Une nuit, deux jeunes américaines en voyage à travers l’Europe, tombent en panne en plein milieu d’une forêt. Par chance, elles découvrent une maison dans laquelle vit un ancien chirurgien allemand, le docteur Heiter. Ravies d’y trouver refuge, elles sont alors loin d’imaginer qu’elles vont devenir les cobayes d’une expérience chirurgicale inédite : le médecin entend en effet créer un mille-pattes humain en les reliant entre elles par un seul et même tube digestif.
La critique :
Biberonné depuis sa tendre enfance par les films d'horreur, c'est pourtant à la télévision que Tom Six débute sa carrière de réalisateur. Né aux Pays-Bas, il participe à la conception de l'émission de téléréalité Big Brother, bientôt décliné en Loft Story dans nos contrées hexagonales. Parallèlement, Tom Six tente de se faire connaître via plusieurs longs-métrages méconnus, notamment Gay (2004), Honeyz (2007) et I Love Dries (2008). Le cinéaste voue une véritable fascination au célèbre film scandale de Pier Paolo Pasolini, Salo ou les 120 Journées de Sodome (1975).
Tom Six est le produit de sa génération hédoniste et mercantile. Lui aussi cherche à provoquer l'électrochoc et les anathèmes via un film scandale, celui qui le conduira vers la gloire et la notoriété.
C'est suite à un pari stupide qu'il réalise The Human Centipede - First Sequence en 2009. Certes, le long-métrage ne bénéfécie pas d'une sortie dans les salles obscures. En outre, Tom Six doit se contenter d'une petite sortie discrète en dvd. Qu'à cela ne tienne, très vite, The Human Centipede suscite la polémique et les quolibets. Aux côtés de A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010) et de Philosophy of a Knife (Andrey Iskanov, 2008), The Human Centipede est considéré, par les amateurs du cinéma trash, comme l'un des films les plus gores et les plus scandaleux de la dernière décennie.
Réputation confirmée deux ans plus tard avec la sortie d'un second volet, intitulé The Human Centipede 2 : Full Sequence, qui se voit carrément banni au Royaume-Uni.
Conscient du potentiel de sa première pellicule trash, Tom Six ne dévoile pas l'intégralité de son scénario aux producteurs. C'est donc ébaubis que ces derniers assistent à l'irruption d'une chenille humaine, fruit de l'imagination (débordante...) du réalisateur. Le cinéaste hollandais vient d'inventer un nouveau concept. A l'époque, Tom Six l'ignore encore. Mais The Human Centipede va devenir un véritable phénomène sur la Toile. Les fans du cinéma extrême jubilent.
Le film divise les critiques. Si le film est plutôt louangé par les amateurs du genre, à l'inverse la presse le tance, l'admoneste et le fustige. Pourtant, sur la forme, The Human Centipede n'est qu'une énième variation du thème de Frankenstein. A la seule différence que la créature n'est plus un agrégat de tissus humains, mais le plus long tube digestif du monde !
Une idée de génie ? The Human Centipede est-il réellement le film scandaleux gourmandé par les critiques ? Réponse dans les lignes à venir. La distribution du film réunit Dieter Laser, Ashley C. Williams, Ashlynn Yennie et Akihiro Kitamura. Attention, SPOILERS ! Une nuit, deux jeunes américaines en voyage à travers l’Europe, tombent en panne en plein milieu d’une forêt.
Par chance, elles découvrent une maison dans laquelle vit un ancien chirurgien allemand, le docteur Heiter. Ravies d’y trouver refuge, elles sont alors loin d’imaginer qu’elles vont devenir les cobayes d’une expérience chirurgicale inédite : le médecin entend en effet créer un mille-pattes humain en les reliant entre elles par un seul et même tube digestif. Indubitablement, Tom Six tient un concept à la fois original et complètement dégénéré. Tout du moins, sur le papier...
Surtout, le scénario de The Human Centipede a le mérite de repousser les limites de l'imagination la plus fertile. Contre toute attente, Tom Six ne s'aventure pas sur le terrain de la psychasténie mentale et élude toute exploration de la psyché de ses trois principaux cobayes. Ce qui est plutôt décevant et atténue considérablement l'intérêt et le potentiel du film.
En revanche, le réalisateur se concentre davantage sur la relation qui se noue entre le chirurgien "nazillard" et ces trois jeunes éphèbes transmutés (malgré eux) en chenille humaine. Dès lors, The Human Centipede suit un cheminement assez conventionnel. Faute de budget, Tom Six contourne volontairement son sujet. La chenille intrépide devient alors l'animal de compagnie du Docteur Heiter. Mais cette abomination scientifique a aussi ses écueils et ses corollaires.
Abondamment nourri par son nouveau maître despotique et autocratique, "l'animal" souffre de diverses pestilences. Un humour grivois et licencieux qui vient lui aussi euphémiser l'uppercut promis par le film. Faute d'idées, Tom Six se confit dans les flatulences et les pets. Ce n'est pas un hasard si ce premier chapitre a inspiré un épisode de la série animée South Park. Certes, les purulences et les longues digestions méphitiques de la chenille pourront sans doute choquer les esprits les plus sensibles.
Hélas, force est de constater que Tom Six n'exploite jamais (ou trop rarement) son sujet. Finalement, The Human Centipede ressemble à toutes ces productions horrifiques modernes, avec son lot de grivoiseries et d'éviscérations pour mieux farder l'inanité de son concept. Certes, le film de Tom Six n'est pas un navet non plus. On relève tout de même plusieurs séquences solidement troussées.
Paradoxalement, ce sont les scènes les plus basiques qui parviennent à susciter ces sentiments d'effroi et de terreur. C'est par exemple le cas lorsqu'une partie de la chenille se délite, s'alanguit et dépérit, peinant à monter seulement quelques marches d'un escalier. Bref, tout n'est pas si mauvais dans le film de Tom Six. Mais il s'agit clairement là d'un long-métrage surestimé, victime du buzz et des digressions de son réalisateur.
Note : 10/20