Le tout à l’émotion ou l’émotion de tout
1895: naissance du cinéma. Le football était né 10 ans auparavant selon des règles établies issues plus ou moins de Canterbury, ce qui n’empêchent pas nos enfants de les déformer dans les cours de récréation. Y a t-il encore des cours de récréations, sous la prolifération virulente des connexions en greffons aux mains de nos enfants? (Je vieille-baderne, vous permettez…)
Nos deux opposés sont très populaires -aujourd’hui on se méfie du mot- et on sait qu’en temps de crise, le cinéma est souvent un refuge, une fenêtre, voir plus.
Les stades aussi se remplissent -et pourtant c’est bien plus cher que le cinéma!- ou des inconnus communient au spectacle des exploits sur deux jambes de joueurs considérés parfois comme des demi-dieux (Pelé, Maradona, Messi, Zidane…) qu’ils adulent et encouragent, vociférant, pleurant, crisant-cardiaque parfois.
Au sortir que leur reste t-il ? Évoquer, accoudés au comptoir, le but magnifique, la décision injuste… Cela semble maigre.
En sortant de n’importe quelle salle obscure, où là aussi nous sommes entourés de parfaits inconnus, quelque chose nous tient encore, quelque fantôme qui nous accompagne quand nous regagnons silencieux, nos demeures.
Le cinéma est une fiction merveilleuse, intime, qui parle à chacun, uniquement à chacun et à tous ensemble.
Le public du football est bruyant, les supporters chantent (Ah! le merveilleux « You’ll never walk alone » d’Anfield Road à Liverpool) protestent, voire insultent.
Rien de cela au cinéma, ah si! parfois le bruit des éclats de rires ou encore, devant tant de bonheur reçu: des applaudissements au générique de fin (On connait la chanson).
Alors il y a aussi le foot à la télé (cela est toujours du foot) -mais là on ne communie pas- comme il y a aussi le cinéma à la télé (et ce n’est plus tout à fait du cinéma). La télé est une ogresse (dont Hanouna est le piteux carabin) qui réduit les émotions.
Le foot (et d’autres sports) à l’instar du cinéma parvient à nous transporter, touchant nos émotions les plus profondes. Une histoire d’amour ou un but, peuvent nous faire nous liquéfier de plaisir.
Le cinéma recèle bien plus de l’intime, en ce sens il est plus précieux et inégalable. Sauf peut-être par la Chanson, celle qu’on fredonne, qui revient comme un doux boomerang et qui me rappelle mon père (« Ces gens-là » de Brel)
Le foot est plus commun, plus partagé, plus éphémère peut-être…
Alors sur mon canapé, sirotant un whisky écossais, je regarderai quelque 1/4 de finale, emballé ou attristé car trop souvent l’enjeu tue le jeu.
Mais ceci est un blog cinéma, cinéma dans lequel je suis tombé tout jeune, dès lors mes biberons furent alimentés au lait des Ciné-clubs de C.J. Philippe et de P.Brion (donc merci télé 70′) avant de grandir et de prendre le chemin des salles obscures que je continue toujours de suivre, alors que ne vais plus au stade.
Le cinéma est pour moi, vainqueur aux points, sans mettre le foot K.O. tant celui-ci peut être beau et vibrant.
Avec le cinéma c’est l’intime qui l’emporte et il est indispensable d’être connecté à notre intime.