La diversité du cinéma est infinie. Les genres se mélangent, les budgets varient drastiquement et les règles sont constamment réécrites. Il est parfois des métrages tout simples, authentiques et légers, qui laissent leur empreinte dans le cœur du spectateur. Ivresse entre amis est de ceux-là. Il n’est ni une révolte, encore moins une révolution, juste une caillasse dans l’étang pelliculée du 7^ème Art – un bonbon tendre et corrosif sur les détours de la vie et la complexité des relations humaines.

Luke et Kate sont collègues de travail dans une brasserie de Chicago, et passent leur temps à flirter et boire. Ils semblent faits l’un pour l’autre, mais sont tous deux en couple chacun de leur côté. La bière risque de changer leur relation…

Qu’il est agréable d’avoir affaire à un cinéma simple et décomplexé qui met en scène une histoire de tous les jours. Les cœurs s’interrogent, se détrompent sans malice au fil des passions et des sentiments fanés. La réalisation et l’accompagnement sonore sont en retrait, et il faut chercher les fulgurances du côté des acteurs et surtout des dialogues – tous improvisés. La grande force du film.

En effet, le métrage de Joe Swanberg ne repose sur aucun scénario ni dialogue, les acteurs dépendants uniquement des quelques indications données par le réalisateur, ainsi qu’un mémo de deux pages présentant l’intrigue générale. Une entreprise folle à une époque où chaque ligne de texte est rédigée minutieusement, au cinéma comme à la télévision, ne laissant en général aucune place à l’improvisation. On peut sans difficulté parler ici de véritables performances d’acteurs. Le rendu est naturel, d’une fluidité exemplaire, et propose de beaux moments entre hardiesse du quotidien et poésie des mots. Ajoutons à cela que de nombreuses scènes de beuverie  ne sont pas « simulées » – et vous obtenez l’un des projets les plus intéressants et indiscipliné de ces dernières années.

Les comédiens sont formidables et incarnent à la perfection des personnages qui, au vu du procédé de tournage, leur sont proches. Olivia Wilde, tout en naturelle, est resplendissante et illumine chaque plan où elle apparait. On pourra reprocher au film son ventre mou en milieu de récit, et des dialogues qui justement parfois trainent un peu. Pour le reste, tout fonctionne à merveille, et l’histoire nous transporte entre espoirs amoureux, déceptions et mélancolie, à la rencontre de beaux personnages qui prennent la vie comme elle vient.

EN BREF : Double date et amitiés sincères dans une joliette histoire. Les cœurs se détrompent sans malice au rythme de beaux moments improvisés.