Ange déchu du cinéma mondial, nous avons appris hier soir la mort du cinéaste génial Michael Cimino ce 02 juillet 2016 à l'âge de 77 ans.
Né en 1939 à New-York, le jeune Michael est un excellent élève à l'école, que certain considérait même comme un prodige. Malgré tout il entre assez vite en conflit avec ses parents à cause de ses fréquentations et des bagarres qui en découlaient. Néanmoins il finit diplômé en section peinture à l'Université de Yale, tout en étant engagé volontaire dans l'armée de réserve pendant ses études.
A la fin de ses études il devient réalisateur de spots télévisés pour une agence de publicité, période pendant laquelle il rencontre Joann Carrelli directrice commerciale qui devient son épouse.
On lui propose d'écrire pour le cinéma et signe donc son premier scénario pour le film "Silent Running" (1972) de Douglas Trumbull avant de travailler pour le scénario du second volet de l'Inspecteur Harry, "Magnum Force" (1973) de Ted Post où il rencontre Clint Eastwood.
L'acteur-producteur Clint Eastwood ayant particulièrement apprécié le travail de Cimino c'est tout naturellement qu'il se retrouve pour le premier long métrage en tant que réalisateur de Cimino. Ce sera "Le Canardeur" (1974) où Eastwood a pour partenaires George Kennedy, Geoffrey Lewis et le jeune qui monte Jeff Bridges.
Cet excellent polar est une réussite et lui ouvre les portes de Hollywood. Les producteurs Michael Deeley et Barry Spikings embauche Michael Cimino pour adapter un livre dont ils ont acheté les droits mais qu'il faut remanié. Cimino choisi de co-écrire avec Deric Washburn avec qui il avait déjà co-signé "Silent Running". Le résultat sera l'épique et extraodinaire chef d'oeuvre "Voyage au bout de l'enfer" (1978) avec Robert De Niro, Christopher Walken, Meryl Streep, John Cazale (dont c'est le dernier film) et John Savage.
"Voyage au bout de l'enfer", soit une fresque de plus de 3 heures sur ce qui est lepremier film a traité de la Guerre du Viêt-nam. Un film gigantesque à tous les niveaux qui débute avec un scandale (soit-disant raciste...) et au final un succès mondiale autant critique que commercial avec pas moins de 5 Oscars dont le Meilleur réalisateur pour Cimino.
Michael Cimino est au sommet et obtient alors de la part du studio mythique United Artists le contrôle total sur son porchain projet.
Le réalisateur se lance dans un autre film gigantesque, un western épique, "La Porte du Paradis" (1980 - ci-dessous et ci-dessus pendant le tournage), une épopée qui s'inspire des faités réels connus sous le nom de "guerre du comté de Johnson". Cimino signe là un tournage parmi les plus mythiques du 7ème Art malgré une polémqiue ultérieure sur des actes de cruautés envers des animaux lors du tournage pour accentuer le réalisme. Après une première séance de présentation avec un durée de 03h40 le film fut remonté pour une sortie internationale avec une durée officielle de 02h29. Avec un budget de 44 millions de dollars le film se doit d'être un succès mais le film gagne une réputation désastreuse lors de sa séance de présentation d'où le fait que Cimino doit remonter son film pour une durée plus "acceptable".
Mais le film, malgré un casting impressionnant (de Christopher Walken à Isabelle Huppert en passant par John Hurt et Jeff Bridges) reste sur un box-office désastreux, après un nouveau montage et une seconde ressortie le film est un échec catastrophique, à tel point que le studio United Artits fait faillite ! L'échec de ce western sonne le glas d'un genre qui survivait dans les années 70, les années 80 sera une décennie qui offrira pratiquement pas de westerns.
Un tel échec est un retentissement dans le cinéma, pour beaucoup Michael Cimino est le fossoyeur du cinéma d'auteur américain, Cimino se renferme sur lui-même pour plusieurs années avant de tenter un retour.
Il revient avec une adaptation du roman éponyme de Robert Daley, "L'Année du Dragon" (1985 - ci-dessus et ci-dessous) avec Mickey Rourke (qui avait un petit rôle dans "La Porte du Paradis") et prodit par le nabab Dino De Laurentiis, un thriller sombre et violent sur fond de mafia chinoise à New-York. Nouvelle polémique puisqu'on reproche une représentation négative de la communauté chinoise. L'accueil aux Etats-Unis est mitigé mais il est beaucoup plus apprécié en Europe avec notamment une nomination au César du Meilleur film étranger. Quoi qu'il en soit ce polar noir est de toute façon un nouveau chef d'oeuvre du réalisateur maudit. "L'Année du Dragon" peut être vu comme une allégorie de sa carrière de cinéaste, esseulé et banni par ses pairs depuis son échec précédent...
Il tourne ensuite un film tout aussi ambitieux mais avec des moyens moindres. Une nouvelle adaptation de roman, cette fois de l'écrivain Mario Puzo qui est connu pour être également l'auteur de "Le Parrain" (1969)... "Le Sicilien" (1987 - ci-dessous) relate l'histoire vraie du hors-la-loi sicilien Salvatore Giuliano, sorte de Robin des Bois interprété par Christophe Lambert tout juste sorti de ses succès "Greystoke" (1985) et "Highlander" (1986). Le film reste assez confidentiel, encore aujourd'hui reste-t-il son film le moins connu de la filmographie du réalisateur.
Il tourne ensuite "La Maison des Otages" (1990 - ci-dessous), remake du très bon film éponyme (1955) de Wylliam Wyller où Mickey Rourke remplace Humphrey Bogart. Ces deux films sont avant tout des adaptations du roman de Jospeh Hayes qui sera scénariste de ses deux films, Cimino ne signant cette fois pas le scénario de son propre film. Résultat un bon polar mais sans le génie qui semble avoir quelque peu disparu.
En 1991 Michael Cimino est président du Festival international du film fantastique de Avoriaz.
L'envie ne semble plus faire partie de Cimino, il réalise son dernier film avec "The Sunchaser" (1996 - ci-desous) un récit initiatique où un jeune métis indien kidnappe un canecrologue pour tenter de guérir en retournant sur la terre de ses ancêtres. Le film, bien que présenté au gestival de Cannes, passe inaperçu et fait de ce film un énième échec.
Comme à son habitude le réalisateur se fait discret et on en tend plus parlé de lui pour plusieurs années.
Il revient de façon inattendu en plubiant son premier roman "Big Jane" (2001) et obtient le prix littéraire Lucien Barrière lors du Festival du cinéma américain de Deauville.
En 2007 il réalise un des sgements de "Chacun son cinéma" à l'occasion du 60ème anniversaire du Festival de Cannes. Mais Michael Cimino semble définitivement usé, la vindicte de ses pairs depuis de nombreuses années maintenant et toujours déçu par ses rencontres avec les producteurs l'ont miné jusqu'à la toucher physiquement.
Il refait parlé de lui en dirigeant une nouvelle version Director's cut restaurée et remasterisée de 03h36 minutes de son chef d'oeuvre "La Porte du Paradis" présentée à la Mostra de Venise (ci-dessus). Le temps ayant fait son effet son film est aujourd'hui unanimement salué et a acquis une réputation extraordinairement inverse à l'époque de sa sortie. L'accueil est cette fois un succès... Ici (ci-dessous) présentation lors du Festival Lumière 2012 où Comino retrouve son actrice Isabelle Huppert...
Michel Cimino a pourtant toujours un rêve, il travaillait depuis des années à l'adaptation de "La Condition Humaine" de André Malraux... Un rêve (le sien et donc, celui de tout cinéphile !) qui ne verra malheuresuement pas le jour...
Michael Cimino est mort ce samedi 02 juillet 2016 à l'âge de 77 ans, retrouvé inanimé dans sa maison de Los Angeles et dont les causes sont inconnues.
Michael Cimino, ange déchu du cinéma, monstre sacré et génie maudit du Septième Art aura tout de même signé 3 chefs d'oeuvres sublimes pour seulement 7 longs métrages... Le cinéma perd un peu de son âme... R.I.P....