L’œil de Pulp #2

Alors … De quel film est issu ce screen ?

La réponse ci-dessous …

vatefairebis

Les Harmonies Werckmeister (2001) / realisé par Bélà Tarr / Avec Peter Fritz, Lars Rudolph, Hanna Schygulla et Ferenc Kallai

Le pays est en proie au désordre, des gangs errent dans la capitale. Valushka, un postier, s’extasie sur le miracle de la création et se bat contre l’obscurantisme. Dans un café, il tente d’entraîner les clients ivres dans ses visions cosmologiques, puis, à travers la ville, chez Monsieur Eszter, un vieil homme occupé à accorder un piano pour retrouver l’harmonie du clavecin qui a été brisée par l’invention Werckmeister. Un mystérieux cirque est installé sur la grande place où la foule muette se rassemble. Valushka court sous un ciel de plomb, le vent souffle, on est en novembre et c’est déjà l’hiver, le brouillard se répand, plus épais que jamais, la lumière est glacée, brutale, irréelle, les rues couvertes de détritus, les immeubles délabrés, des vitrines ont été brisées ; plus de médecins, plus d’écoles, l’heure du Jugement dernier serait-elle arrivée ?

C’est à la fin des années 70 que prend naissance la vague Bélà Tarr, cinéaste hongrois tourmenté par ses doutes politiques et pour qui la foule n’est pas ce peuple qui réclame justice mais cette masse manipule et menaçante. Bélà Tarr s’oppose à l’euphorie patriotique d’Eisenstein, et filme ce qui a échoué dans le soviétisme. Son cinéma se construit à l’inverse du rythme soutenu des films du cinéaste russe, avec des longues coulées de temps avec de longs plans séquences.

Cette image est extraite de la séquence d’un saccage dont on ne comprend pas bien le sens : une longue marche du début, la foule qui avance méthodiquement. On a du mal a saisir le mouvement qui l’anime. Ils ont été hypnotisé par ce prince qui mène le KO. Ici, on y voit des corps apathiques alors que chez Eisenstein ce sont des corps passionnels. Puis, il y a la découverte du corps du vieillard qui interrompt le saccage : corps prophétique, seule enveloppe humaine qui se tient debout face à eux. Il y a une sorte de rédemption qui a lieu. C’est la nudité de ce corps qui est importante. il y a une lumière blanche qui semble émaner de lui. Dans le Cuirassé Potemkin, il y a une procession vers les gens qui vont rendre visite au cadavre, que Bélà Tarr reprend pour filmer sa marche, en écho visuel. Ici, il s’agit d’une relecture critique de l’oeuvre russe. Chez Eisenstein, on avait d’abord une procession de deuil qui va évoluer en révolte. A l’inverse, dans Les Harmonies Werckmeister on passe de la violence à la procession grâce à la figure du vieillard. D’où réside la force de cette image du vieillard pour qu’une telle opération soit possible, interrompre un pan séquence, en transformer l’énergie. Cette image a une force de convocation symbolique qu’on lui accorde. c’est à partir du vieillard qu’on peut justifier le temps étiré du plan séquence.

Synopsis :
Dans une petite ville de la plaine hongroise, arrive un sinistre cirque itinérant qui traîne une baleine dans une remorque. Un jeune homme, János, tente de préserver l’ordre dans la ville de plus en plus perturbée, mais en même temps il perd sa foi dans cet univers non naturel et chaotique que Dieu lui-même semble avoir déserté.

Extrait :
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