Akira

Akira
Tetsuo, un adolescent ayant vécu une enfance difficile, est la victime d'expériences visant à développer les capacités psychiques qui dorment en chacun de nous. Ainsi doté d'une puissance que lui meme ne peut imaginer, Tetsuo décide de partir en guerre contre le monde qui l'a opprimé. Dès lors, Il se retrouve au cœur d'une légende populaire qui annonce le retour prochain d'Akira, un enfant aux pouvoirs extra-ordinaires censé délivrer Tokyo du chaos...

Akira – 8 Mai 1991 – Réalisé par Katsuhiro Otomo


Dans la culture que je me suis forgé au fil des années, les mangas et l'animation japonaise ont une part prépondérante. Que cela soit lors des innombrables matinées passés devant le club Dorothée, avec « Saint Seiya » et « Dragon Ball Z », ou encore avec des contenus plus adultes comme « Ghost in The Shell », « Gunnm » et « Neon Genesis Evangelion », ce fut toujours un réel plaisir de me plonger dans des univers si riche, si travaillés et remplis d'une part de l'histoire nippone. Mais à cela, il me manquait un film, une pièce charnière, l'immense « Akira », le chef d'oeuvre de Katsuhiro Otomo. Et je ne dirai qu'une chose, c'est que sa réputation n'était pas usurpée, mais aussi que le temps n'a aucune prise sur lui.

Akira
En 1988 la ville de Tokyo est dévastée par une explosion nucléaire. Un acte aussi violent qu'impromptu qui signe le début de la troisième guerre mondiale. Un conflit qui changera à jamais la face du monde et ou les cités des hommes en porteront à jamais les stigmates, comme la ville de Néo-Tokyo en 2019. Depuis l'explosion en 88, la ville à eu le temps de se reconstruire, mais elle n'est plus que le pale miroir de la grande mégalopole qu'elle fut. Les inégalités sont légion, la violence est le quotidien de millions de gens et la jeunesse est sacrifiée au profit d'un ordre établit peu fiable. Certains se rassemblent dans des bandes de motards pour qui le frisson d'une virée ou d'un échauffourée avec une bande rivale est le seul exutoire à une existence sans but. C'est le quotidien de Kaneda et de sa bande, dans laquelle on trouve aussi son meilleur ami Tetsuo Shima. Lors d'une poursuite avec une bande rivale, Tetsuo est victime d'un accident quand il évite un enfant sur une voie rapide. Surpris par l'accident, Kaneda se porte à son secours, mais ils sont vite entourés par l'armée qui arrive et qui emporte avec eux Tetsuo et l'étrange enfant qu'il a évité. Tout ça dans le but de l'utiliser dans un programme qui forme des enfants à avoir des pouvoirs psychiques, mais Tetsuo n'est pas comme tous les autres et il va très vite devenir incontrôlable ….
Ma réaction en 1 gif après le film.
Akira
Je me doutais avant de le voir que « Akira » serait bon, mais pas au point d'avoir la mâchoire décollée à la fin. Une chose qui ne m'était plus arrivée depuis mon adolescence et la découverte de « Evangelion » de l'illustre Hideaki Anno. Un tel résultat tient pour moi en deux choses qui sont à mon sens fondamentales. D'une le contrôle créatif du film d'animation est revenu intégralement à Katsuhiro Otomo et de deux, ils se sont donnés les moyens d'en faire une adaptation de qualité et pour ça les grands noms de l'industrie du divertissement japonais se sont réunis au sein de « The Akira Committee ». Et ce n'est qu'un moindre mal, quand il s'agit de porter à l'écran près de 2000 pages d'un mangas aussi riche …
Akira
La difficulté première du film, est qu'il a fallu écrire un scénario suffisamment dense pour ne rien oublier, tout en prenant en compte que Katsuhiro Otomo n'avait pas encore fini son manga. Et très honnêtement pour avoir commencé la lecture du manga après ma vision du film, cela ne se voit pas beaucoup, car le film va à l'essentiel et même si il coupe ou simplifie certaine choses, on a une histoire claire, a différents niveaux de lecture et dont le pessimisme ambiant n'a pas pris une ride. Akira est un récit dystopique post guerre nucléaire ou deux univers s'affrontent, celui des adultes et celui des jeunes. Certes c'est une opposition classique dans ce genre de récit, mais une opposition nécessaire pour amener ce qui suit, car en plus d’être en phase avec la société japonaise, elle est une métaphore des deux bombes nucléaires qui furent jetées sur le japon en 1945 (Hiroshima et Nagasaki) et des nombreux dangers que cela a pu engendrer. 

[ATTENTION VOUS RENTREZ DANS UNE ZONE DANGEREUSE DE SPOILER]
Au début du film, on parle d'une explosion nucléaire et d'une troisième guerre mondiale, mais ce que l'on comprend au final, c'est que l'explosion initiale, n'était que l’œuvre d'un jeune enfant qui s'appelait « Akira » ! Ce garçon était le réceptacle d'un pouvoir sans aucune mesure auquel l'homme n'a pu avoir accès, mais malgré ça ils ont toujours gardé cet espoir de le maîtriser un jour et c'est là que Tetsuo Shima rentre en jeu ! Car « Akira » n'est pas un cas isolé, d'autres enfants ont subit des expériences et eux aussi ont développé de puissants pouvoirs psychiques, mais avant Tetsuo, il ne restait plus que quelques cobayes que l'armée gardait précieusement. Et quand ils se sont aperçus que Tetsuo possédait presque un pouvoir aussi grand que celui d'Akira, la tentation de s'en servir fut grande ! Hélas ce sera cela qui précipitera la perte une nouvelle fois de Néo-Tokyo, car le schéma de l'explosion initiale fut une fois de plus reproduit. C'est ainsi que Katsuhiro Otomo nous parle du traumatisme de la seconde guerre mondiale, du danger de l'arme nucléaire (Akira), de l'incapacité de l'homme à retenir les leçons du passé (Tetsuo) et à se projeter vers l'avenir (La cryogénisation de Akira).
[END OF SPOILER]
Un avenir que Otomo voit sombre et sans issue. la fin aussi violente que poétique, laisse l'homme face à son destin et à ses responsabilités … A cela on peut ajouter la description d'un appareil politique chaotique, qui n'écoute pas le peuple et qui réprime violemment toute contestation, ou encore la montée des extrémistes de tout bord. Tout ce fond politique est au service de l'histoire et même si c'est forcément plus simple que l’œuvre de Otomo, elle nourrit aussi bien le propos, que les personnages et tout le contexte social-économique.
Si la qualité de la narration pour moi est vraiment bonne, l'animation du film est un plaisir pour les yeux et bordel cela n'a pas pris une ride ! Des le début on retrouve le trait et le design de l'auteur, c'est fluide et pleins de détails, grâce notamment à un nombre de celluloid élevé (près de 160000). Le film se permet aussi de rompre avec les pratiques de l'époque, courante pour économiser sur le budget. Par exemple, on ne trouve pas les visages statique si communs dans l'amination, ou quand un personnage parle son visage ne bouge plus. Et ce sont des petits détails comme celui ci qui font tout le sel de cette adaptation. On apprécie ainsi toute la force de ce métrage, tout le dynamisme qui s'en dégage, que cela soit lors des dialogues entre Kaneda et Tetsuo ou lors des innombrables sorties à moto qui profitent quant à elles de l'immensité d'un Neo-Tokyo cyberpunk qui n'a rien à envier au Los Angeles de « Blade Runner ». De plus le film possède une bande originale fabuleuse signée Tsutomu Ōhashi qui à la première note, vous rentre dans la tête pour ne jamais en ressortir …
Akira fait partie des monuments de la culture japonaise et de la pop-culture contemporaine, ou quelque soit le support, l'oeuvre de Katsuhiro Otomo ne perd jamais en puissance. Un coup de maitre comme on en fait peu !

Akira

Akira par Tyler Stout

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