Réalisé par : David Yates
Avec : Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson
Sortie le : 29 juin 2016
Durée : 1h50
Distributeur : Warner Bros. France
3D : Oui – Non
Synopsis :
Une relecture du mythe Tarzan.
Après avoir grandi dans la jungle africaine, Tarzan a renoué avec ses origines aristocratiques, répondant désormais au nom de John Clayton, Lord Greystoke. Il mène une vie paisible auprès de son épouse Jane jusqu’au jour où il est convié au Congo en tant qu’émissaire du Commerce. Mais il est loin de se douter du piège qui l’attend. Car le redoutable belge Leon Rom est bien décidé à l’utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité…
1.5/5
Mais qui veut donc la peau de Tarzan ? Deux ans après un film d’animation passé inaperçu (et pour cause, ce n’était vraiment pas terrible), une nouvelle version du mythe créé par Edgar Rice Burroughs débarque à nouveau sur grand écran, et en live-action : Christophe Lambert n’a qu’à bien se tenir, lui qui était à la tête de Greystoke, la légende de Tarzan en 1984 ! Cette fois, c’est le suédois Alexander Skarsgård qui se retrouve dans le rôle de John Clayton troisième du nom, devant la caméra de David Yates, à l’œuvre sur Harry Potter 5 à 7 (aucun jeu de mots salace) et sur Les Animaux fantastiques, en salles en novembre prochain. On se demande bien pourquoi le film a mis tant de temps à sortir, pratiquement deux ans après son tournage… Plot twist : c’est pas terrible non plus.
Il n’y a qu’à voir la manière dont ce Tarzan joue à faire l’équilibriste, face à un passé qui semble pourtant d’ores et déjà acquis (qui ne connaît pas l’histoire de cet homme de la jungle désormais ?) et mis à distance par de simples références de la part de personnages secondaires (« Moi Tarzan, toi Jane ! » venant de Samuel L. Jackson). On nous ressassera pourtant encore une fois l’éternelle histoire de John Clayton, enfant naufragé en Afrique élevé par des gorilles suite à la mort de ses parents. Pas question pour autant de trop se focaliser sur eux ou sur les gorilles (au cœur du Disney dont vous vous souvenez très probablement) mais plutôt sur la naissance de la relation entre Tarzan et Jane, plutôt cocasse (pour ne pas dire un peu gênante). Ces flashbacks légitiment également un point clé de l’intrigue, à l’origine de la lutte du machiavélique Leon Rom (Christoph Waltz), mais présentent finalement un intérêt assez faible puisque tout est d’ores et déjà dit par les personnages.
Du coup, on fait du remplissage – même sur un film de presque deux heures ! Le scénario de ce Tarzan est en effet bien mince (un méchant bonhomme voulant faire main basse sur le Congo et ses diamants), mais ce n’est pas tout : il est aussi archi-prévisible (mention spéciale au chapelet de Waltz dont on ne doute pas un instant du rôle qu’il tiendra… ahem), invraisemblable, ultra-cliché et accumule les personnages secondaires dont, finalement, on se fiche un peu. Que Tarzan soit un beau gosse aux abdos scintillants sous la lumière du jour et la sueur, passe encore, mais qu’il soit si génial qu’il puisse parer les balles, devenir champion d’apnée et savoir se téléporter, on y croit moyennement.
On a d’autant moins envie d’y croire lorsque l’on aperçoit Christoph Waltz et Samuel L. Jackson, qu’on croirait tous deux en période post-Django Unchained (pour un tournage plus d’un an après la sortie du film, ça fait quand même beaucoup) à strictement jouer de la même manière, ou faisant parfois songer malgré eux à leurs rôles passés. Waltz incarne un despote décalé, toujours avec une certaine gaucherie ou des intonations de voix similaires, tandis que Samuel L. Jackson en est réduit à un simple rôle de « sidekick » venant balancer quelques petites vannes un peu foireuses. Autant dire que la tête qu’il tire lorsque Tarzan s’apprête à attaquer un gorille résume plutôt bien notre avis sur le film ! Du couple Alexander Skarsgård / Margot Robbie, nous préférons sans nul doute cette dernière, tout simplement car elle n’est pas une « demoiselle en détresse », comme elle le dit elle-même. Audacieuse et féroce, Jane a également droit à ses petits moments de gloire, et encore heureux. Seule femme dans cet amoncellement de testostérone et de muscles, elle mène Waltz à la baguette. Quid des femmes congolaises, n’ont-elles pas non plus envie de se battre ? Nope, il ne faut que envoyer les jeunes hommes bien fichus au combat. Évidemment.
Puisqu’on parle de combats, attaquons donc le vif du sujet : c’est mal filmé. Vraiment mal filmé. Le film de David Yates use des ralentis à foison, d’effets de fumée grandiloquents (mais moches) et perd grandement en réalisme à cause de sa violence édulcorée. Pas d’effusions de sang pour rester dans le tout public, alors les combats perdent en splendeur : les coups portés entre Tarzan et Mbonga (Djimon Hounsou) peinent à convaincre, ainsi que la force surhumaine de l’homme de la jungle face aux soldats présents dans un train, où fils et truquages se devinent à des kilomètres. Et c’est bien là le problème majeur de ce Tarzan, puisque l’ensemble visuel du film est à la ramasse. Fonds verts à gogo (et dégueulasses bien comme il faut), animaux complètement en CGI (parce que c’était bien évidemment trop dangereux de faire joujou avec des gorilles et des lions, évidemment, mais encore faut-il que l’ensemble soit crédible), ce qui signifie quelques petits problèmes de cohérence vis-à-vis du tournage (les comédiens qui ne regardent pas forcément là où il le faudrait), une lumière artificielle complètement à la rue… Il n’y a pas grand chose pour sauver l’esthétique de ce Tarzan, excepté sa musique, composée par Rupert Gregson-Williams – oui, le frère d’Harry.
Ultra-cliché et prévisible, ce Tarzan à la sauce 2016 n’apporte rien de nouveau, si ce ne sont de calamiteux fonds verts. À vite oublier, excepté Margot Robbie.