[CRITIQUE] – Florence Foster Jenkins (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Stephen Frears

Avec : Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, Rebecca Ferguson

Sortie le : 13 juillet 2016

Durée : 1h50

Distributeur : Pathé Distribution

3D : Oui – Non

Synopsis : 

L’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, héritière new-yorkaise et célèbre mondaine, qui n’a jamais renoncé à son rêve de devenir une grand cantatrice d’opéra. Si elle était convaincue d’avoir une très belle voix, tout son entourage la trouvait aussi atroce que risible. Son « mari » et imprésario, St Clair Bayfield, comédien anglais aristocratique, tenait coûte que coûte à ce que sa Florence bien-aimée n’apprenne pas la vérité. Mais lorsque Florence décide de se produire en public à Carnegie Hall en 1944, St Clair comprend qu’il s’apprête à relever le plus grand défi de sa vie…

2.5/5

Florence Foster Jenkins a le malheur de sortir après le Marguerite de Xavier Giannoli, récompensé à de nombreuses reprises lors de la dernière cérémonie des Césars : meilleure actrice pour Catherine Frot, meilleur son, meilleurs costumes et meilleurs décors… Lorsque la bande-annonce du film de Stephen Frears passe en salle, la réaction des gens est souvent unanime : « mais ils ont copié Marguerite ? ». La réponse est simple : non. Tout simplement parce que Marguerite est justement inspiré de la vie de la chanteuse Florence Foster Jenkins, et parce que les deux projets se sont montés à une période similaire. Cerise sur le gâteau : Stephen Frears n’a pas vu Marguerite. Et moi non plus, d’ailleurs (oui oui, je l’avoue). Il ne sera donc pas question de comparer les deux films. Florence Foster Jenkins est-il pour autant un bon biopic ? À vrai dire, il n’est pas certain que ce soit ce genre qui lui corresponde le plus.

Le choix des acteurs a été une évidence pour Stephen Frears, qui ne voyait nulle autre personne que Meryl Streep pour incarner la cantatrice ratée et Hugh Grant dans la peau de son mari volage, M. St. Clair Bayfield. Difficile de ne pas s’attacher à eux, tant le film s’efforce de dépeindre leur difficile relation : le couple a vécu ensemble pour la musique, malgré les difficultés et la maladie de Florence, dont on suit la progression tout au long de l’intrigue. Le personnage de St. Clair est abordé dans toute sa complexité, lui qui mène une double vie : la journée, il s’occupe de sa femme, fait tout pour assurer son bien-être et l’aboutissement de ses projets. Le soir venu, il retourne auprès de sa maîtresse Kathleen, incarnée par Rebecca Ferguson. Au milieu de tout cela vient s’ajouter Cosmé McMoon (Simon Helberg de Big Bang Theory), nouveau pianiste attitré de la cantatrice, qui découvre alors toute la supercherie qui se trame dans la vie de Florence Foster Jenkins…

Derrière ce biopic se cache en vérité une comédie romantique, où tous les traits des personnages sont caricaturés à l’extrême : une fois la voix de Florence (qui est bien celle de Meryl Streep !) révélée, les gags autour de celle-ci se multiplient jusqu’à l’agacement. Lorsque le professeur de chant de Florence tente de la décontracter, ceux-ci miment un ébat sexuel : un peu lourdingue sur les bords, n’est-ce pas ? Ce n’est pas le pire. Le traitement réservé à Cosmé McMoon pousse à l’exaspération : la thématique du maître et son serviteur se transpose ici dans le film, où Cosmé devient le « bouffon » de ses maîtres. Un personnage que l’on aime humilier, dont on force bien trop les traits et les manières. Quelques petites phrases font même allusion à l’homosexualité supposée du pianiste (ayant fait l’état de rumeurs à l’époque) de manière assez déplacée… Et que dire de Rebecca Ferguson, dont le rôle ressemble plus à celui d’une plante verte qu’autre chose ? Même sa sortie « héroïque » ne lui rend pas honneur, tant le scénario la facilite, et tant la mise en scène la ridiculise : un taxi dans une ruelle sombre, un peu de fumée, et le tour est joué. Caricatural, un peu.

On ne pourra pas reprocher à Meryl Streep de ne pas faire le job : l’actrice est toujours impeccable, tout comme Hugh Grant. Si le concert final et les soirées farfelues de St. Clair sont un petit moment de bonheur, le film de Stephen Frears est loin de rendre complètement honneur à la cantatrice. Le réalisateur avait pourtant pour ambition de faire rire le public « avec elle », et non pas qu’il se moque de la chanteuse. Surprise, Meryl Streep est tout de même bien maquillée en toute situation, même lorsqu’il s’agit d’agoniser sur un lit après une crise. Certaines scènes prêtent plus à rire par leur ridicule plutôt que par des gags réussis. En somme, Florence Foster Jenkins jongle entre quelques scènes dramatiques qui font leur effet, et ces autres moments caricaturaux à l’extrême dont on aurait préféré se passer pour un biopic. D’autant plus que le film traîne un peu en longueur…

Florence Foster Jenkins manque à ses ambitions, penchant plus vers la comédie dramatique plutôt qu’un véritable biopic. Meryl Streep et Hugh Grant font tout de même le job !