[analyse] l’affiche du bon gros géant

Par Djack17 @Djack_la_flemme

Si la bande-annonce d'un film peut être comparée à tâtonner l'ambiance d'un magasin une fois à l'intérieur, son affiche en serait sans conteste la vitrine. Soit l'élément extérieur primordial, celui qui nous fera dire " tiens, pas l'air si mal cette boutique de chaussettes ! ". Car si la plupart des gens ne jette qu'un coup d'œil furtif à ces posters, le travail de titan réalisé derrière n'a qu'une seule ambition : nous impliquer. Ils doivent raconter une histoire. C'est pourquoi nous allons tenter d'en analyser quelques uns, et principalement les tous premiers que les studios veulent bien dévoiler. Ceux qui, d'emblée, t'annonce la couleur !

Pour la première dans cette nouvelle rubrique, c'est Le Bon Gros Géant (The BFG en vo) de Steven Spielberg qui sera sous les projos. Une affiche qui repose sur la photo, et un peu sur la typo (oui oui passage obligé !). En ça, quatre éléments graphiques ressortent : un décor, deux personnages et un titre.

LE DÉCOR

Construit sur quatre niveaux, il plante tout de suite... le décor. Oui bon, l'ambiance ! De quoi nous mettre dans un état d'esprit positif. Déjà, avec ce magnifique soleil situé à droite, qui vient crée une aura lumineuse sur l'un des personnages (ou comment faire comprendre au spectateur qui est le protagoniste principal !). Ensuite grâce à ces couleurs naturelles (entre ciel et terre). Une atmosphère paisible et rassurante, renforcée par des tons très chaleureux. Bref dès ce premier élément, on nous met à l'aise, comme un gosse qu'on installe confortablement avant de lui raconter un conte (et pas les premiers contes de l'époque bien gore et violent hein !)

LES PERSONNAGES

Dans un premier temps : la jeune fille, qu'on va appeler Sophie... Ah bah ça tombe bien c'est son prénom ! C'est celle qui va vivre l'aventure mais aussi découvrir un nouveau monde. Tout comme le spectateur. Du coup on voit Sophie sourire et pas inquiète du tout. Un peu étrange non ? La gamine est devant un personnage quatre fois plus grand qu'elle, et pourtant elle sourit ! Encore un élément pour rassurer le spectateur et lui montrer que ce géant - qu'on ne voit qu'à moitié - n'est pas dangereux. Concernant la tenue, la jeune fille est en chemise de nuit. Vous pensez que c'est pas important ? Au contraire, on est sur un film fantastique, et dans notre monde réel, où est-ce qu'on vit des choses fantastiques ? Dans nos rêves ! Et c'est ce qu'illustre cette tenue : l'imagination, le rêve, un monde inexistant. Sophie se trouve à droite mais son regard corps se dirige à l'opposé. On nous incite alors à focaliser notre attention sur l'autre personnage.

On se tourne donc sur lui, le Bon Gros Géant, dont le visage est absent. On se retrouve donc avec un travail de suggestion que tout affiche essaie ou devrait faire. On laisse jouer l'imaginaire du spectateur. Avec le sourire de Sophie on sait que c'est un gentil, maintenant on est curieux d'en savoir plus, non ? Pour en revenir à cet aspect rassurant abordé plus tôt, on peut parler de la tenue du Bon Gros Géant : un pantalon trop court, des sandales... Il ne se souci pas de son apparence. Une certaine innocence se reflète, un aspect enfantin.

Concentrons-nous maintenant sur la structure qui reste en cohérence avec ce que dégage les personnages. On peut voir une orthogonalité. En effet, à l'aspect, les deux personnages sont debout, la fille est pied nu (on repose un élément pour évoquer l'insouciance, et montre qu'elle n'est pas inquiète) sur un pied du BGG. Pour continuer sur la notion d'élévation, on peut voir le regard de la jeune fille, dirigé vers le haut. L'horizontalité est illustré par les lignes du décor (la terre, les nuages, le ciel) et l'opposition gauche-droite des personnages. Opposition qui dénote aucune confrontation. La fille est en mouvement (les mains, la robe), prête à s'envoler alors que le BGG est droit (statique, immobile, solide). Sinon on peut voir qu'un rapport de taille est tout de suite induit pour qu'on s'imagine l'aspect incroyable de ce BGG.

LE POINT TYPO

Bah ouais on va pas passer à côté ! On retrouve une garalde (type Garamond, mais si vous connaissez !) mais modifié. Le tout en capital avec comme couleur un dégradé qui reprend les couleurs du décor. La typo est modifié pour être irrégulière (en terme de contour ou de taille), naturelle, brute. Des notions qu'on peut rapprocher du BGG aussi finalement

POUR LES FLEMMARDS : On l'a dit plus haut, une affiche doit suggérer, par conséquent impliquer le spectateur. Un film commence dès son affiche, elle se doit donc de raconter quelque chose. Bah c'est le cas ici, et ça marche très bien. Un belle exemple de travail d'affiche. Il manque peut-être une pâte graphique marqué mais on va pas trop se plaindre au vu du reste de la production d'affiche.

Bande-annonce du Bon Gros Géant :