Genre : fantastique, aventure
Année : 1961
Durée : 1h41
Synopsis : Deux hommes parviennent à s'échapper de prison grâce à deux complices qui organisent une évasion incroyable, à l'aide d'une montgolfière ! Le trajet dans les airs n'est pas de tout repos car une tempête éclate et les quatre compères s'écrasent sur une île déserte du Pacifique. L'un d'eux manque à l'appel et ils remarquent très vite que d'étranges et inquiétants phénomènes se produisent ici.
La critique :
Le nom de Cy Endfield ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, le réalisateur est un artiste émérite, prolifique et aux multiples facettes. Scénariste, metteur en scène (surtout pour le théâtre), écrivain, inventeur et même magicien, Cy Endfield effectue ses premiers pas derrière la caméra à partir de 1942. Ce n'est qu'à partir de 1956 que le cinéaste connaît son premier succès au cinéma avec Les Aventures du Colonel March. Il confirme avec ses long-métrages suivants : Train d'Enfer (1957), Jet Storm (1959) et Le divin marquis de Sade (1969).
Néanmoins, c'est avec L'Île Mystérieuse en 1961 qu'il connaît son plus grand succès dans les salles obscures. Le film est évidemment l'adaptation d'un roman éponyme de Jules Verne.
Ce n'est évidemment pas la première fois que le célèbre cacographe est adapté au cinéma. Par exemple, Les Enfants du Capitaine Grant connaît sa toute première version cinématographique en 1936. Même remarque concernant Vingt Mille Lieues sous les Mers, lui aussi décliné au cinéma. A chaque fois, ces films proposent au spectateur un dépaysement total et surtout un voyage à travers notre vaste monde, tout du moins vers des contrées inexplorées par l'homme.
Evidemment, L'Île Mystérieuse ne fait pas exception. A la seule différence que le film s'inspire du Monde Perdu (Harry O. Hoyt, 1925) et reprend ce mythe d'un lieu, d'un endroit et plus précisément d'une île désertique peuplée par des créatures étranges et préhistoriques. En outre, le scénario original du livre est curieusement évincé par les producteurs.
Normalement, le script de L'Île Mystérieuse devait essentiellement se centrer sur des naufragés échoués sur une île tentant de survivre face aux éléments naturels. Hélas, cette idée de départ n'est pas retenue par les producteurs mercantiles. Cy Endfield et son équipe sont priés de rajouter des monstres et des créatures à l'appétit pantagruélique. Qu'à cela ne tienne, le cinéaste s'adjoint les services de Ray Harryhausen, le célèbre concepteur d'effets spéciaux et le spécialiste de la technique de la stop-motion (image par image). Le technicien a déjà participé à de nombreuses séries B notoires, notamment Monsieur Joe (1949), Le Monstre des temps perdus (1953), Les soucoupes volantes attaquent (1956), A des millions de kilomètres de la Terre (1957) et Le Septième Voyage de Sinbad (1958).
Les effets spéciaux signés par Ray Harryhausen restent l'atout principal de L'Île Mystérieuse, au grand dam de Cy Endfield, qui souhaitait une approche plus fidèle à l'opuscule original. La distribution du film réunit Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom et Percy Herbert. Attention, SPOILERS ! Durant la guerre civile américaine, des soldats s'enfuient à bord d'un ballon d'un fort où ils étaient prisonniers. Suite à de nombreuses péripéties, un soldat sudiste se retrouve avec eux dans la nacelle. Ne sachant comment piloter l'engin, ils partent à la dérive, portés par les vents violents d'une gigantesque tempête. Ils finissent par s'échouer sur une île qui semble déserte.
Bientôt, deux autres naufragés (deux femmes) les rejoignent et, alors que la vie commence à s'organiser, ils font connaissance avec les créatures qui peuplent l'île.
Hélas, ces dernières ne sont guère avenantes et atteignent des proportions démesurées. Malgré de nombreuses modifications et rectifications, on retrouve tout de même l'essence du roman de Jules Verne. Certes, à priori, le scénario de L'Île Mystérieuse est de facture assez conventionnelle. Le schéma narratif est donc le suivant : la fuite de prisonniers dans une montgolfière, leur arrivée inopinée sur une île mystérieuse (c'est le même le titre du film...), l'opération de survie, puis la découverte de monstres aux incroyables rotondités. Faute d'idées réellement novatrices, Cy Endfield mise en avant tout sur la profusion de créatures et d'effets spéciaux.
Probablement décontenancé et désappointé par les choix imposés par les producteurs, le cinéaste confie le film aux soins de Ray Harryhausen.
Certes, les amateurs de séries B, d'aventures fantastiques et de créatures particulièrement fantaisistes devraient apprécier cette version cinématographique de L'Île Mystérieuse. A contrario, les fans du matériel original pesteront et tonneront sur l'aspect (assez impersonnel) du long-métrage. Toutefois, malgré ses défauts, L'Île Mystérieuse n'est pas totalement dénué d'intérêt. On en revient toujours aux effets spéciaux du film. Par exemple, toute la séquence se déroulant dans la tanière des abeilles géantes est une véritable démonstration de technicité et de virtuosité.
Côté interprétation, les acteurs sont plutôt corrects, à défaut d'être réellement transcendants. Heureusement, l'aventure proposée est régulièrement ponctuée par des événements inattendus, notamment l'arrivée de pirates puis par celle du Capitaine Nemo. L'Île Mystérieuse, c'est aussi cette étrange filiation avec Vingt-Mille Lieues sous les Mers. Nous faisons ainsi la connaissance d'un Capitaine Nemo fustigeant notre monde moderne.
Dommage que cette thématique, pourtant passionnante, soit rapidement éludée par Cy Endfield. Bref, on tient là un film d'aventure fantastique tout à fait recommandable, dans la même veine que certaines productions homériques, qui sortiront elles aussi durant les années 1960.
Note : 13/20