3H10 Pour Yuma - 2007 (A l'Ouest, rien de nouveau)

Par Olivier Walmacq

Genre : western 
Année : 2007
Durée : 2h02

Synopsis : Revenu blessé de la guerrede Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit de Evans. Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral. Contre une prime qui peut sauver son ranch, Dan Evans s'engage dans l'escorte qui doit accompagner le dangereux criminel. Il est bientôt rejoint par son fils Will, fasciné par l'aura du tueur. Tandis que son gang organise son évasion, Wade engage sur le chemin de Contention un bras de fer psychologique avec ses gardiens, usant à la fois de la peur qu'il leur inspire et de la séduction qu'il exerce sur eux

La critique :

Elève de Milos Forman, James Mangold démarre sa carrière cinématographique dès 1995 avec Heavy. En 1997, il confirme les espoirs placés en lui avec Copland, qui permet à Sylvester Stallone de varier sa palette d'acteur au cinéma. Puis, en 2005, James Mangold connaît enfin la consécration avec Walk The Line, un biopic consacré à Johnny Cash. Désormais, le cinéaste est abonné aux adaptations de super-héros au cinéma avec Wolverine : le combat de l'immortel (2013).
Un troisième chapitre, Wolverine 3, est déjà en cours de réalisation. C'est durant le tournage d'Identity
 (2003) que James Mangold a l'idée de signer un remake de 3h10 pour Yuma. A l'origine, le long-métrage original est réalisé par Delmer Daves en 1957.

Le film est aussi l'adaptation d'une nouvelle d'Elmore Leonard. A propos de ce western, Delmer Daves se montre particulièrement enthousiaste : "Je tiens 3h10 pour Yuma pour mon meilleur western : j’ai essayé de créer un nouveau style dans la manière de raconter une histoire et j’y suis parvenu, du moins je le pense »lors d’un entretien de 1960 avec Bertrand Tavernier.
Impression corroborée par les critiques et la presse cinéma. Désormais, la version de 1957 appartient aux classiques du noble Septième Art. Certes, James Mangold reprend la trame scénaristique de son auguste prédécesseur, mais il tient à accentuer les relations entre les divers protagonistes de l'histoire. La tâche s'annonce néanmoins difficile. Reste à savoir si 3h10 pour Yuma version 2007 est condamné ou non à s'inscrire parmi les remakes obsolètes.

La distribution du film réunit Russell Crowe, Christian Bale, Ben Foster, Logan Lerman, Peter Fonda, Dallas Roberts, Allan Tudyk et Vinessa Shaw. A l'origine, c'est Tom Cruise qui devait interpréter le rôle de Ben Wade, mais l'acteur abandonne rapidement le projet. Il est alors remplacé par Russell Crowe. Même remarque pour Eric Bana das le rôle du fermier Dan Evans. Au dernier moment, l'acteur se désiste au profit de Christian Bale. Attention, SPOILERS ! 
Revenu blessé de la guerre de Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit de Evans.

Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral. Contre une prime qui peut sauver son ranch, Dan Evans s'engage dans l'escorte qui doit accompagner le dangereux criminel. Il est bientôt rejoint par son fils Will, fasciné par l'aura du tueur.
Tandis que son gang organise son évasion, Wade engage sur le chemin de Contention un bras de fer psychologique avec ses gardiens, usant à la fois de la peur qu'il leur inspire et de la séduction qu'il exerce sur eux... Certes, les grands amoureux du western original de 1957 pourront se demander quel est l'intérêt de ce remake de 2007, qui reprend les grandes lignes de son modèle. Ou à l'Ouest, rien de nouveau...

Telle pourrait être le constat ou plutôt la diatribe à l'égard de cette version modernisée. Narquois, James Mangold opacifie son sujet et réalise une copie néanmoins intéressante, notamment dans les relations qui se nouent (ou se dénouent) entre les différents protagonistes. 3H10 pour Yuma version James Mangold, c'est aussi cette étrange admiration pour Ben Wade, une sorte de Jesse James mutin et plus rapide que l'éclair pour dégainer son révolver.
Le fils aîné de Dan Evans voue une véritable fascination pour ce criminel des grandes routes. Au grand dam de son père, en partie estropié depuis la Guerre de Sécession. Dès lors, le film élabore une étrange dichotomie entre les deux protagonistes. Alors que Dan Evans est un modeste fermier qui tente péniblement de survivre et de nourrir sa famille, Ben Wade apparaît comme ce nouvel héros de l'Ouest, à la fois recherché et redouté par les shérifs locaux.

En quête de rédemption, Dan Evans a juré de conduire le bandit au dernier train menant vers Yuma. Dès lors, le long-métrage se transmute en périple initiatique. Contre toute attente, Ben Wade devient un personnage secondaire qui s'humanise au contact de son étrange ravisseur. Les rôles s'inversent. Dan Evans est appelé à se transformer en une légende éclopée de l'Ouest, à la fois sous les regards admiratifs de son fils, de Ben Wade et de sa bande.
Le modeste fermier triomphe des plus grands criminels de l'Ouest... James Mangold se languit de cette hyperbole qu'il exploite à merveille. Certes, à priori, le schéma narratif de ce remake brille parfois par son ingénuité. Mutin, James Mangold réalise un western contemplatif, ponctué par de nombreuses séquences d'action, solidement troussées par ailleurs. Néanmoins, le cinéaste ne parvient pas (ou rarement) à transcender son sujet. Si 3h10 pour Yuma est le digne épigone de son modèle, il ne risque cependant pas de marquer les esprits. Mais ne soyons pas trop sévères, on tient là un remake de qualité, celui qui relancera peut-être l'intérêt du grand public pour le western, un genre hélas en désuétude...

Note : 14/20

 Alice In Oliver