Genre : fantastique
Année : 1983
Durée : 1h14
Synopsis : Un extraterrestre difforme et émanant d'étranges pestilences atterrit dans un village en Turquie. Recueilli par un jeune gosse et sa famille, l'alien est néanmoins recherché par la police et les autorités.
La critique :
Certes, avec Transmorphers, Le Seigneur du monde perdu, Snakes on a train ou encore The Terminators, la société Asylum a créé la mode du "mockmuster", soit les nanars impécunieux qui s'inspirent, copient et/ou photocopient les grands films hollywoodiens à succès, donc les blockbusters destinés au grand public. Paradoxalement, Asylum n'a rien inventé.
En vérité, la célèbre firme s'inspire de la formule déjà esquissée par le cinéma turc dans les années 1970 et 1980. En effet, dès 1974, Metin Erksan réalise Seytan - Turkish Exorcist, le remake officieux de L'Exorciste (William Friedkin, 1973). Dès lors, c'est toute une myriade de productions ubuesques et racoleuses qui sortent dans la foulée, notamment Turkish Rambo, Turkish Star Trek, Turkish Mad Max, Turkish Jaws et bien sûr Turkish Star Wars.
Cette dernière production devient la nouvelle égérie du cinéma turc à la sauce "nanarde" ou plutôt kebab. Mieux, avec Plan 9 From Outer Space (Ed Wood, 1959), Turkish Star Wars devient le film le plus nul de toute l'histoire du cinéma. Une gaudriole réalisée avec les moyens du bord mais qui ne tarde pas à s'imposer comme "la" référence incontournable auprès des amateurs de curiosités cinématographiques.
Vient également s'ajouter Turkish E.T. - Badi, réalisé par un certain Zafer Par en 1983, soit un an à peine après la sortie de E.T. L'Extra-Terrestre de Steven Spielberg. Reste à savoir si on peut considérer Badi comme le remake du blockbuster de Steven Spielberg... D'une certaine façon, la réponse est positive même si il s'agit d'un remake officieux, vous vous en doutez bien.
A aucun moment, le film de Zafer Par ne soutient la comparaison avec son illustre modèle. Mais était-il nécessaire de le préciser ? Pourtant, il reprend peu ou prou le même schéma narratif : un gamin rejetté par ses camarades de classe, une vie quotidienne à la maison marquée par les furibonderies d'un paternel acariâtre, puis l'arrivée impromptue d'un extraterrestre difforme (c'est le moins que l'on puisse dire), ses accointances avec le mioche braillard et enfin le retour de l'alien dans sa soucoupe volante en plastique. Certains détails de ce résumé laconique méritent qu'on s'y attarde un peu...
Attention, SPOILERS ! Un extraterrestre difforme et émanant d'étranges pestilences atterrit dans un village en Turquie. Recueilli par un jeune gosse et sa famille, l'alien est néanmoins recherché par la police et les autorités.
Inutile de mentionner les acteurs, à moins que vous connaissiez les noms de Cengiz Sayhan, Tolga Sönmez, Orhan Çagman et Tuncer Sevi ; mais j'en doute ! Revenons quelques instants sur le "scénario" (enfin... scénario...) du film. La première partie de Turkish E.T. se focalise sur la vie d'un jeune bambin de cinq ou six ans. Impossible de vous dire comment ce dernier s'appelle puisque j'ai dû me "fader" le film en version originale, donc en turc et sans sous-titres s'il vous plaît !
Néanmoins, "l'histoire" (vraiment un terme à guillemeter et à minorer) reste largement compréhensible. Le début de Badi nous plonge (encore une fois) dans le quotidien routinier et fastidieux d'une petite communauté turque. Le héros principal du film est régulièrement tancé et gourmandé par ses camarades d'école. A la maison, ce n'est pas beaucoup mieux.
Il doit supporter les aléas d'une famille nombreuse, entre les tintinnabulations de son paternel et les desideratas de ses frères et soeurs. Mais ce quotidien est bientôt bouleversé par l'arrivée inopinée d'un extraterrestre dans sa soucoupe en polystyrène. Poursuivi par les autorités du village (soit trois flics moustachus au total), l'être hétéromorphique trouve refuge tout d'abord dans la poubelle du coin, au grand dam de notre mioche égrillard.
Ce dernier, avec la complicité de ses frères et soeurs, décide de recueillir l'alien chez lui. Dans un premier temps, le gamin se montre assez rétif. Il faut aussi préciser que la complexion étrange (pour être gentil...) de l'extraterrestre ne plaide guère en sa faveur. On pourrait résumer notre petit homme "gris" à une sorte d'énergumène sur deux jambes et doté de deux bras oblongs.
Pour le reste, Badi se montre plutôt courtois, avenant et magnanime même s'il émet des émanations gazeuses et pestilentielles (je vous laisse deviner lesquelles...). Pis, lors d'un rêve prémonitoire, notre héros en culotte courte assiste ébaubi à l'arrivée de Badi dans sa salle de classe. En compagnie du professeur et des camarades d'école, l'extraterrestre polymorphique entame une danse des canards version turque. Autant prévenir nos chers "nanardeurs", il s'agit d'une séquence absolument hallucinante, ineffable et indescriptible. La suite ? Notre jeune héros lutine et s'accointe avec l'alien de service.
Toujours poursuivi par nos trois flics turcs moustachus, Badi est obligé de prendre la poudre d'escampette. Le réalisateur du film, Zafer Par, reprend à sa sauce la fameuse séquence de l'envol de la bicyclette sous un ciel lunaire et étoilé. A la seule différence que la bicyclette a été échangée par une vulgaire charrue. Fous rires garantis ! A l'instar des autres "mockmusters" à la sauce harissa, le film est régulièrement ponctué par des coupures d'image, des chutes de son et une musique inaudible et cacophonique.
Le long-métrage perd également de son intérêt (si j'ose dire...) lors des conversations oiseuses et sibyllines entre les divers protagonistes. La vraie "star" du film, c'est évidemment Badi, avec son lot de pestilences et ses pouvoirs complètement "nazebroques". Bref, si Turkish E.T. n'est pas à la hauteur d'un Turkish Star Wars, il reste néanmoins une véritable curiosité et une sorte d'OVNI (c'est le cas de le dire) cinématographique. Toutefois, cette friandise hors norme s'adresse aux "nanardeurs" avertis.
Côte : Nanar
Alice In Oliver