Viva

Par Cinealain

Date de sortie 6 juillet 2016


Réalisé par Paddy Breathnach


Avec Héctor Medina, Jorge Perugorria, Luis Alberto Garcia,

Luis Manuel Alvarez, Renata Maikel Machin Blanco, Mark O'Halloran


Genre Drame


Production Irlandaise, Cubaine

Synopsis

Jesus (Héctor Medina Valdés), un jeune Cubain perdu de dix-huit ans, peine à trouver sa véritable identité.

Peu sûr de lui ou de son futur, il travaille dans un club local de drag queens de la Havane géré par Mama (Luis Alberto García).

Jesús rêve de devenir un artiste tout en gagnant sa vie en se prostituant. Chez lui, il se réconforte en écoutant les disques que sa mère et sa grand-mère lui ont laissés (des disques de chansons tristes ou de d’amour, des grands noms de la musique latine) ou en regardant les boxeurs d’à côté s’entrainer.

Alors qu’il a enfin l’opportunité de passer une audition et de se produire sur scène, son père Angel (Jorge Perugorría), ancien boxeur célèbre, libéré d’une sentence de prison de 15 ans pour avoir tué quelqu’un dans une bagarre, réapparait soudain pendant un de ses spectacles et le frappe au visage.

Son père s’installe ensuite dans la maison où habite Jesús depuis la mort de sa mère, et lui interdit de remonter sur scène – s’accaparant ainsi chaque partie de la vie que Jesús avait réussi à se construire.

Paddy Breathnach se distingue par une filmographie très éclectique ; l’Irlandais s’est en effet essayé au drame avec Ailsa, son premier long-métrage réalisé en 1994, à la comédie avec Coup de Peigne en 2001 et au film d’horreur avec Shrooms en 2007. Mais il s’est surtout fait connaître du grand public au Festival de Cannes en 1997 où Irish Crime, polar noir avec Brendan Gleeson, avait été présenté en avant-première, avant de glaner quatre récompenses internationales.

Cadre spatial du film, La Havane est représentée comme un personnage à part entière. Ainsi, lorsqu'il s'est rendu dans la ville, Paddy Breathnach a noté qu'elle est composée de deux parties, la première, belle et rénovée, est surtout réservée aux touristes.

La seconde est davantage authentique. C'est dans cette dernière qu'il a souhaité filmer l'action de son film.

Paddy Breathnach avoue avoir été nerveux avant le tournage parce que l'espagnol n'est pas une langue avec laquelle il se sent à l'aise. "J’ai compris assez vite que si vous avez quelque chose à dire et que vous en avez une idée claire, vous pouvez surmonter les barrières de la langue. En vous expliquant avec votre détermination et votre personnalité, les acteurs comprennent vos intentions et ce que vous voulez faire", explique le metteur en scène.

Le réalisateur voulait dans son film montrer la prostitution telle qu'elle existe à Cuba, à savoir comme une dernière chance de survie. Le cinéaste développe : "Beaucoup de gens sont contraints de faire des choses qu’ils ne feraient pas en temps normal. Des gens, qui d’ordinaire ne se tourneraient pas vers la prostitution, y sont conduits parce que la vie est dure, qu’il est très difficile de subvenir à ses besoins et que c’est parfois la seule solution."

Paddy Breathnach et son scénariste Mark O’Halloran ont cherché à explorer le thème de la transformation et à montrer comment l’usage d’artifices permet de créer une alchimie qui révèle des vérités profondes. Le premier développe :


"Au coeur du film, il y a l’affrontement entre un fils et son père sur la question de son identité et de l’amour filial.

La collection de vinyles de la mère de Jesus, faite de voix romantiques et plaintives, joue presque le rôle d’un individu à part entière qui pousse les personnages masculins à se révéler à eux-mêmes.

Je voulais raconter une histoire où le spectateur trouve la lumière au milieu de l’obscurité et où ce qui au début est perçu comme une faiblesse se révèle être une force."

Le réalisateur a eu envie de réaliser Viva après avoir vu plusieurs spectacles de drag-queens à La Havane. Le metteur en scène confie : "Au beau milieu de nulle part, un drap tendu au fond d’un jardin et une simple lampe suffisaient à créer un théâtre et un monde de rêves. Le pouvoir de la transformation et de la création était guidé par le désir d’exprimer son identité d’une voix brute, imperturbable. C’était enivrant. J’ai souhaité amener ce ton romantique, plein de vie, dans un univers cinématographique naturaliste. Lorsque j’ai découvert la grande richesse des acteurs cubains, cela m’a permis de pousser ce mélange d’émotions exubérantes, d’authenticité, d’esthétique et de naturalisme encore plus loin."

Le film a été tourné pour un budget réduit en 22 jours d'après Paddy Breathnach. L'équipe a donc opté pour réaliser le film dans la foule sans prévenir les gens se trouvant sur les lieux. "Nous n’avons pas essayé d’empêcher les gens de marcher ou de traverser la rue. Les passagers des bus sont de vrais passagers qui ne savaient pas que nous allions filmer", se rappelle le réalisateur.

Les chansons ne sont pas sous-titrées. Il s'agit d'une volonté de Paddy Breathnach qui pense que si le spectateur se concentre sur la lecture des paroles, il perd la force de ce qui est donné sur scène.

Sources : www.allocine.fr

Mon opinion

Le réalisateur irlandais filme les quartiers défavorisés de La Havane, et la vie quotidienne de ses habitants avec une belle élégance. L'opposition avec les endroits plus avenants réservés aux étrangers, dans de très brefs passages, n'en seront que plus violents.

"Beaucoup de gens sont contraints de faire des choses qu’ils ne feraient pas en temps normal. Des gens, qui d’ordinaire ne se tourneraient pas vers la prostitution, y sont conduits parce que la vie est dure, qu’il est très difficile de subvenir à ses besoins et que c’est parfois la seule solution." A déclaré le réalisateur.

Dans un triste cabaret pour transformistes, les querelles et les rivalités sont nombreuses. Au milieu de d'un océan de tristesse et d'une grande solitude, les vieilles chansons d'amour résonnent comme autant de cris de détresse. L'attention et l'entraide n'en sont pas mois absentes. Le principal protagoniste y trouvera une famille.

La grande réussite du film repose essentiellement sur l'excellente interprétation du jeune Héctor Medina dans le rôle de Jesús, qui se battra pour atteindre son but, devenir Viva. Il est à la fois d'un naturel déconcertant, d'une innocence touchante, d'une profonde sensibilité et d'une indiscutable volonté. D'un incroyable charisme, aussi. Son seul regard bouleverse.