Alors … De quel film est issu ce screen ?
La réponse ci-dessous …
Rashômon (1950) / réalisé par Akira Kurosawa / Avec Toshirô Mifune, Masayuki Mori et Machiko Kyô
Si Rashômon est le premier film japonais à connaître le succès en occident, il le doit autant à son réalisateur de renommé internationale, Akira Kurosawa qu’au travail de génie de son directeur de la photographie, Kazuo Miyagawa. Miyagawa, cameraman de la Daiei Motion Picture Company devient très vite le chef opérateur des plus grands du cinéma japonais classique, travaillant entre autres avec Kurosawa, Ozu, Mizoguchi, Ichikawa.. Il est le précurseur de nouvelles techniques esthétiques qui ont contribué à l ‘âge d’or du cinéma japonais entre 1950 et 1960. Le style de Miyagawa se caractérise par une composition équilibrée et technique de l’image et l’usage de la caméra discrète. Miyagawa a été particulièrement impressionné par l’éclairage à haut contraste utilisé dans les films expressionnistes allemands. Il est le précurseur de bleach bypass ( le traitement sans blanchiment qui supprime l’étape de blanchiment durant le développement d’un positif couleur ), qu’il utilise dans Ototo, de Kon Ichikawa en 1960. Il s’inspire pour cela du rendu en Technicolor du film Moby Dick. Cela donne l’impression d’une image en noir et blanc par dessus une image en couleur. Il utilise ses capacités en chimie pour tester des éclairages sur la pellicule. Ainsi, il est en mesure de déterminer l’exposition optimale malgré les conditions physiques variées de tournages. Il travaille sans posemètre jusqu’à Rashômon. Miyagawa contribue au style dynamique de la caméra de Kurosawa. Il est à l’origine du travail innovant et spectaculaire sur la lumière dans ce film. Utilisant la lumière du soleil réfléchie directement sur un miroir, il capture en plein jour d’été les émotions flambée des personnages de Rashômon. On se souvient d’un plan dans la forêt sombre ou la lumière du soleil illumine le visage du bûcheron. Le chef opérateur a en fait utilisé un miroir pour refléter la propre lumière du soleil à défaut d’un projecteur et rendre ainsi plus réaliste l’éclairage. Miyagawa est également à l’origine du scintillement de la lumière du soleil derrière les arbres, devenu légendaire ainsi que le plan sur le soleil lui même, où il est le premier à oser ce genre de chose.
Enchaînant les divers témoignages du meurtre selon les témoins, le réalisateur propose ici une forme d’interrogation sur la véracité du récit où il met en doute les valeurs éthiques et morale de l’humanité au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en prenant comme carte de fond l’ère Edo et la guerre civile qui avait alors ravagé Kyoto . Ce film illustre parfaitement la réflexion permanente de Kurosawa sur son propre cinéma et la place éthique qui lui confère. Elle témoigne de son modernisme et de son innovation technique et esthétique.
Synopsis:
Kyoto, au XIe siècle. Sous le portique d’un vieux temple en ruines, Rashômon, trois hommes s’abritent de la pluie. Les guerres et les famines font rage. Pourtant un jeune moine et un vieux bûcheron sont plus terrifiés encore par le procès auquel ils viennent d’assister. Ils sont si troublés qu’ils vont obliger le troisième voyageur à écouter le récit de ce procès : celui d’un célèbre bandit accusé d’avoir violé une jeune femme et tué son mari, un samouraï.
Le drame a eu lieu dans la forêt à l’orée de laquelle est situé le portique de Rashômon. L’histoire est simple : Qui a tué le mari ? Le bandit Tajomaru, la femme, un bûcheron qui passait ou le mari lui-même qui se serait suicidé ? Autant d’hypothèses vraisemblables. Mais les dépositions des témoins devant le tribunal apportent à chaque fois une version différente du drame, et la vérité ne percera qu’après de nouvelles révélations surprenantes…