Être sûr de son idee

Par William Potillion @scenarmag

L’inspiration ou du moins une idée ne prévient pas. Il est tout à fait compréhensible de s’emparer de cette idée et de jeter sur le papier les grandes lignes d’une histoire ou bien se lancer dans un premier draft.
Cette précipitation est souvent synonyme d’échec. Pourquoi ? Généralement parce que l’idée est fondamentalement incapable de supporter une forme scénaristique. Soit parce qu’à la moitié du parcours, vous aurez asséché votre muse, soit si vous êtes allé jusqu’au bout de votre projet, personne ne sera intéressé à le lire.
Parce qu’elle ne sera tout simplement pas assez intéressante pour capter l’attention de quiconque.

Développez d’abord votre idée

Ne vous précipitez pas. Jugez de la qualité de votre idée avant de perdre votre temps à écrire des dizaines de pages qui ne vous mèneront à rien.

Il est préférable de commencer par établir un synopsis. Non pas pour développer votre idée mais pour vous en servir comme un objet d’évaluation de celle-ci.
De plus, le synopsis vous permet de garder une certaine distance avec votre projet.

Il y a 6 composants à identifier à partir d’une idée :

  • Un protagoniste
  • Un objectif pour celui-ci
  • Un antagoniste
  • Des enjeux
  • Un genre
  • Une accroche

Le thème ne figure pas parmi ces composants essentiels d’une bonne histoire mais il n’en est pas moins important. D’ailleurs, votre protagoniste et son objectif pourrait dériver du thème.
Lire à ce propos :
PREMIERE ETAPE : LE THEME

Mais lorsqu’il s’agit d’établir la valeur d’une idée, connaître son thème n’est pas si impératif d’autant qu’il peut être assez confus dans l’esprit de l’auteur au début du processus d’écriture.

Le cœur de son idée

Avant d’identifier les composants (et il y a de quoi lire à leur propos à travers les pages de Scenar Mag), il est primordial de connaître le cœur de votre idée.

Que vous ayez en tête des situations inhabituelles, les traits confus d’un personnage, une image ou des lignes de dialogue, l’une de ces graines d’idée qui ne demandent qu’à germer contient toutes les autres.

L’une d’entre elles vous semble importante. Elle prend le dessus sur les autres. Elle implique généralement trois choses :

Des circonstances intrigantes.
Votre idée se met en place dans des situations. Dans Speed, par exemple, c’est l’idée d’une bombe dans un bus. Si cette bombe se déclenche au-dessous d’une certaine vitesse, les situations possibles sont vraiment excitantes.

Un personnage qui serait un protagoniste en puissance.
L’idée soit suggérer la possibilité d’un personnage apte à mener l’intrigue et à posséder un objectif.

Un thème en puissance.
Même s’il est confus, l’idée devrait suggérer un thème. Il n’y a aucune nécessité d’évidence à ce que le thème soit immédiatement établi. Cependant, il est en l’idée comme une semence qui ne demande qu’à se développer.

Se débarrasser de l’acquis

Vous avez noté que ces trois conditions pour tester la validité d’une idée sont toutes en puissance dans celle-ci.
Votre idée, cependant, est pollué par d’autres idées que vous avez acquises lors de vos expériences de lecture : films, romans…

Des portes qui claquent dans une maison désertée est une métaphore qui peut signifier différentes choses selon le contexte. Nous ne cherchons pas à dire que vous ne devriez pas utiliser une telle image si votre histoire ou vos intentions l’exigent, bien au contraire.

Ce que nous affirmons est que vous ne devriez pas vous fonder sur des portes qui claquent pour justifier votre idée. On ne bâtit pas une histoire sur une chose commune qui connote trop de ramifications.

Donc cette image ne devrait pas être au cœur de votre idée même si elle vous permettra au cours du processus d’écriture une fluidité bien agréable.

Un potentiel aux multiples possibilités

Les trois éléments dramatiques Situation/Personnage/Thème ouvrent des possibilités de développement nombreuses. Ainsi, leur présence (même encore incertaine) au début de processus de création ne signifie pas qu’ils doivent rester identiques au moment de leur conception.

Vous allez devoir explorer ces possibilités pendant que vous écrirez votre synopsis. Et c’est là tout l’intérêt du synopsis. Il est facilement modifiable et ces révisions ne sont pas une perte de temps.

Vous avez eu, par exemple, une idée de personnage. Il est tout à fait possible que cette idée se modifie. Si vous tentez de faire entrer votre idée initiale dans une intrigue qui n’en veut manifestement pas, vous aboutirez à des incohérences.

Inclure les idées spontanées dans le synopsis

Au cours du processus d’écriture, vous avez probablement inclus dans le synopsis toutes ces idées qui vous étaient venues à l’esprit parce que vos expériences de lecture vous les avaient  suggérées.

Faites la distinction ici entre les archétypes tels que les a définis Carl Gustav Jung et vos souvenirs de lecture qui vous ont marqué.
Tous deux sont des réminiscences mais pour Jung, les archétypes sont ancrées au plus profond de nous. Ils se sont implantés en nous par héritage intemporel et multiculturel.
Vos souvenirs sont des expériences que vous avez vécues.

Le synopsis vous permet de prendre un peu de distance avec votre histoire. Ainsi, vous serez plus à l’aise pour identifier les problèmes mais aussi pour inclure toutes ces images qui vous hantent et cela, de manière efficace.
C’est-à-dire que dorénavant, votre créativité consiste à résoudre des problèmes.

Et votre créativité passe par des séances de brainstorming pour découvrir de nouvelles idées ou pour tordre convenablement celles que vous avez déjà. Vous pourriez même découvrir que certaines de vos idées déjà en place n’appartiennent tout simplement pas à votre histoire actuelle.