Le personnage dans le court-metrage

Par William Potillion @scenarmag

Les questions clef à résoudre lorsqu’on souhaite écrire un court-métrage sont de définir à propos de qui est votre histoire et pourquoi avoir choisi un tel personnage.

En somme, ce n’est pas très différent lorsqu’on aborde un script de 90 ou 120 pages.
Si l’auteur se laisse embarquer dans les contraintes de durée qu’impose un court-métrage, il pensera moins développer ses personnages.

Le personnage est fondamental

Tout comme un long métrage, le court-métrage dépend principalement du personnage central.

C’est une évidence que la durée d’une histoire influence grandement les relations entre les personnages.
Et un court-métrage ne pourra pas s’étendre sur cette dimension.

Cependant, le lecteur devra sentir que le personnage principal possède une complexité adaptée à l’histoire racontée.
Même si nous ne comprenons pas toutes les dimensions, Il est nécessaire que nous appréhendions ce qui caractérise le plus puissamment le personnage.

S’il encourt un péril, par exemple, il faut que nous comprenions son désir de vivre. Nous pouvons établir un lien empathique avec le personnage dans le contexte de son objectif. Dans notre exemple, la survie est l’objectif du personnage principal.
Nous pouvons comprendre et accepter cet enjeu et craindre pour la vie du personnage tout comme le personnage lui-même.
L’empathie se fonde sur sa motivation.

Donc, le court-métrage ne se développera pas sur de complexes relations mais sur la complexité inhérente à un personnage.

Flat ou Rounded

Une autre évidence du court-métrage est que le personnage principal doit être rapidement introduit.

Selon Edward Morgan Forster, on peut distinguer deux types de personnage.

  1. Les personnages flat
    sont des personnages qui sont bâtis autour d’une simple idée ou qualité. Ceci a l’avantage de permettre au lecteur de les identifier immédiatement.
  2. Les personnages rounded
    sont des personnages bien plus complexes. Contrairement aux personnages flat, les personnages rounded sont imprévisibles dans leurs actions. Ils sont en mesure de surprendre le lecteur.

L’écriture d’un court-métrage est facilité par un personnage flat. Mais, pour ne pas sombrer dans le stéréotype, il appartient à l’auteur de le complexifier un tant soit peu pour lui conserver un élément de surprise.

Gardez aussi à l’esprit que les personnages d’une histoire sont essentiellement définis par ce qu’ils font. Nous sommes ce que nous faisons.

Que sommes-nous ?

Aristote a suggéré  que l’action définit le personnage. Cependant, dans La construction du personnage, Constantin Stanislavski met en avant que l’intériorité d’un personnage est masquée par les circonstances extérieures qui entourent sa vie.

Il suggère que l’énergie d’un personnage est un produit de la tension entre ce que le personnage veut faire et ce qu’il sent qu’il devrait faire dans une situation donnée.

Ainsi, la tension dynamique créée par ce frottement permet à un personnage d’externaliser ces sentiments les plus complexes. La psychologie du personnage se manifeste dans ses comportements. Autrement dit, ce qu’il pense et ressent devient de l’action physique.

En donnant la prédominance de la vie intérieure comme source vraie du personnage, vous obtenez naturellement un personnage complexe et partant, intéressant à suivre.
La relation entre le ressenti du personnage et ses actions extérieures est certainement la relation la plus utile pour un auteur.
D’autant plus que ce sont ses actions extérieures qui définiront le personnage dans l’esprit du lecteur.