Aujourd'hui, on sort les walkman en écoutant à fond les Clash et Joy Division, on ressort les posters de The Thing et on ressent les vibes des 80's avec " Stranger Things" , nouvelle série produite par Netflix avec le retour de Winona Ryder et Matthew Modine devant la caméra. Mais est-ce que la fibre nostalgique suscite autant d'enthousiasme ? Victor Van De Kadsye et Stéphane Visse ont leurs avis dessus :
Le pilot commence : Donjons & Dragons, Tolkein, une bande de nerds et un événement mystérieux. Il y a aucun doute, nous sommes dans les années 80. Quand tu ajoutes une icône pop de cette période, Winona Ryder,ainsi que la star de Full Metal Jacket, Matthew Modine, l'impression d'avoir voyager dans le temps est plus que ressentie.
" Stranger Things " nous embarque dans une histoire de huit épisodes où l'enjeu est immédiatement clair : Rendre hommage à toute cette période où une génération de réalisateurs étaient bercés par cette pop-culture forte en heroic-fantasy et en science-fiction. A travers une bande-son qui ravira les plus adultes des spectateurs, en passant de Bowie à Toto en passant par Jefferson Airplane, on suit cette histoire où se mêle complot gouvernemental, recherche d'enfants, extra-terrestres, problèmes familiaux et amourettes adolescentes. Rien de nouveau à l'horizon, tout semble être du déjà-vu, mais la magie opère totalement !
Le cahier des charges pour saluer un hommage à une période chère au coeur des frères Duffer est bel et bien respecté. Oui, on a déjà-vu ça de nombreuses fois mais grâce à une réalisation exemplaire, n'hésitant pas à pointer certains détails et à faire frémir son public, et des protagonistes forts et attachants, la série parvient à devenir véritablement addictif, voulant toujours donner l'envie d'en savoir plus jusqu'à une fin laissant ouvertement possible une deuxième saison.
Si la série ne renouvelle pas le genre, elle a au moins le mérite de nous divertir avec un suspens indéniable et une galerie de personnes simples mais terriblement empathiques. Il y a qu'à voir le retour en grâce de Winona Ryder, une actrice qui n'a rien perdu de son talent et qui émeut dans ce rôle de cette mère forte mais au comportement vite instable.
On termine " Stranger Things " avec tristesse, vu notre attache à cet univers et l'effectif assez court de la saison ( Huit épisodes) mais avec le sentiment d'avoir fait un agréable voyage dans le temps pleine de nostalgie et d'effroi.
Après en avoir entendu parler de partout autour de moi, je me suis dis, 'hmm pourquoi pas', même si je sentais le truc ultra référencé typique de ces dernières années. C'est à dire flatter l'œil du quidam qui se dit 'oh mais je connais ça' alors que souvent, il n'a pas vu le film, mais bon c'est hype.
Ainsi donc, le pilote commence, une esthétique pas particulièrement belle, pas forcément laide non plus, c'est déjà un ancrage dans les 80's, mais pour quoi faire? Mis à part de rendre hommage à Amblin tout ça tout ça, quel est l'intérêt de faire ça? L'histoire se serait passée dans notre présent, l'hommage à Amblin peut exister aussi, les 80's ne sont pas une condition, un dogme absolu, à respecter pour que Saint Spielberg adoube votre création.
Mais ne commençons pas à être de mauvaise foi, commençons vraiment. Après l'exposition de nos clichés nerd.. pardon personnages principaux, nous avons la disparition de Will, et c'est ainsi que notre histoire commence. Je ne vais pas faire un résumé complet, vu l'ennui profond que l'on ressent pendant ces 8 épisodes. Que dire alors? Tout d'abord, cette série est remplie jusqu'au bout des clichés les plus vus de ces dernières années, que ce soit dans les situations comme pour les personnages. Il n'y a aucune originalité qui ressort de cette série, c'est du déjà-vu, permettant ainsi de savoir tout ce qui va se passer sans même s'inquiéter pour les personnages. S'inquiéter est une émotion, or, les émotions ne se font pas des masses. La fin de l'épisode 3, qui devrait être un moment de grande tristesse et de peur, possède une mise en scène sans volonté de créer tout ceci, à la place nous avons une musique bien clichée et ridicule dans le contexte, un peu comme si l'on passait Mad World. Ajoutons à cela un découpage mêlant plusieurs séquences en même temps, ultra rapide, coupant ainsi l'émotion que l'on est censé ressentir.
Et c'est comme ça tout au long de la série, mais ce qui gêne est également les passages où il ne se passe rien entre le 4ème et le 6ème épisode, on sent que les scénaristes ne savent pas où ils vont, donnant une impression de flottement, allant jusqu'à se demander si nous sommes toujours dans une série fantastique. Et les quelques passages fantastiques sont pour la plupart mal éclairé et découpé, empêchant de voir ce qu'il se passe. Mais honnêtement, si cela n'avait été que ça, la série au final aurait probablement été sympathique à regarder. Cependant, un détail détruit tout, et rend cette série stérile et inutile : Les références.
Nous sommes dans une époque où comme je l'ai dis, la référence est partout, et si des réalisateurs comme Edgar Wright ou Quentin Tarantino utilisent des références et les transcendent et se questionnent sur leurs rapport dans la pop culture, ici ce n'est pas le cas. Nous sommes dans de la référence clin d'œil qui ne flatte que l'égo du spectateur. Oui on parle de Spielberg, Star Wars, LOTR et autres Donjons et dragons, et? Mis à part reprendre Carpenter et croire recréer l'ambiance d'un film Amblin, aucune référence n'apporte quelque chose, c'est juste une preuve d'un manque d'originalité. On cherche à faire de la nostalgie de comptoir, voulant faire plaisir, comme une impression de 'c'était mieux avant'. Oui c'était génial, mais pourquoi au lieu de toujours revenir au passé, ne pouvons nous pas rester dans le présent ? Apporter quelque chose dans la pop culture des années 2010 pour inspiré la génération de 2020 ? Avoir des références n'est pas une mauvaise chose, au contraire, il faut s'inspirer du passé, pour apporter quelque chose de neuf au présent. Et ici, il n'y a aucune nouveauté. Oui c'est bien le plan hommage à Stand By Me et la séquence rappelant E.T, mais vos personnages dans tout ça? Ils ne sont pas développés, ils balancent des références, mais où se trouvent les personnalités de ces derniers? Vous rendez juste les personnages antipathiques, vous placez même des passages sexistes, comme la tenue vestimentaire de Onze. Les parents ne servent à rien, les flashbacks ne servent qu'à remplir un vide scénaristique.
Et vos acteurs? Winona joue mal, les enfants ne sont pas bons. La magie d' Amblin passe aussi par la finesse du jeu des acteurs principalement des enfants d'ailleurs !
N'y passons pas trois heures, Stranger Things n'est qu'un gloubiboulga nostalgique dont les références n'apportent rien. Triste constat, pour une histoire qui aurait été merveilleuse encore fut elle qu'elle soit bien écrite.